the hills

Les petits yeux brillants scrutent la surface lisse des marécages verdâtres. Comment peut-on croire qu’il y aurait quoi que ce soit d’animal dans ces lieux tourmentés ? Un léger mouvement non loin de lui alerte les sens de Pandémonium. Son poil se hérisse légèrement lorsqu’il aperçoit un serpent énorme se couler dans l’eau trouble. Un frisson parcourt sa colonne vertébrale, et il décide sagement de s’éloigner un peu de cette apparition terrifiante. Cependant, même s’il a envie de courir pour fuir le reptile, il se force à marcher calmement jusqu’à un peu plus loin : la peur ne doit plus gouverner ses actes. Ses oreilles mobiles s’agitent doucement, à la recherche du moindre bruit qui pourrait l’informer de la présence d’une quelconque proie, car il est ici pour cela. C’est étrange, de se dire qu’il s’agira là du premier animal qu’il rapportera à un garde-manger, qu’il ne mangera pas le fruit de sa chasse immédiatement. Cette perspective le choque un peu, il faut l’avouer.

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Le jeune loup n’était pas venu dans ces marais répugnants par hasard. Quelques loups de sa meute avaient parlé devant lui d’une recrudescence de proies dans les marais, et qu’il était aisé de s’y camoufler pour chasser. Plus simplement, les chasses seraient moins difficiles là-bas qu’en terrain découvert. Et puis, les marais étaient exemptés de toute présence humaine et Pandémonium préférait éviter les Hommes, qu’il savait très dangereux.
Un léger craquement dans les roseaux sur son flanc droit alerte soudain l’attention du jeune loup. A l’instant même où il tourne vivement la tête vers le bruit, quelque chose s’affaisse brusquement dans une cachette invisible. Le corps juvénile de Pandémonium s’affaisse instinctivement vers le sol, et ses petites pattes avancent lentement vers la source de ce son excitant. Ses yeux sont fixés sur l’endroit où il croit avoir aperçu un mouvement. Mais pour attraper l’animal qui se trouve caché là, il faut s’aventurer dans ces roseaux où toute course-poursuite est rendue impossible. Pandémonium s’y aventure tout de même, prenant le risque de s’y retrouver coincé. Un autre mouvement attise sa curiosité, puis encore un autre. Quoi que ce soit, la présence du louveteau le fait paniquer. Et lorsque le prédateur et sa proie se retrouvent nez à nez, le louveteau sourit avec une certaine cruauté. Il s’agit d’une poule d’eau qui se débat entre les roseaux, une aile coincée sous un rondin de bois. Pandémonium, voyant une proie aussi facile, ne réfléchit pas trop et se jette sur elle. Mais dans sa précipitation, il oublie le bec de la poule d’eau qui vient aussitôt se planter dans son museau juvénile. Il lâche un couinement de douleur et doit s’y reprendre à plusieurs fois avant d’attraper enfin l’oiseau réticent entre ses mâchoires.

Chasse:

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Le jeune loup peine durant plusieurs minutes à s’extraire avec sa proie des roseaux serrés qui avaient piégé l’oiseau. Lorsqu’enfin il y parvient, il a perdu de nombreuses plumes et touffes de poils dans la bataille. Mais il contemple avec fierté le gras volatile qui git à ses pattes. Sa première contribution pour les Navniks se trouve ici, sous son nez !
Le louveteau allait entreprendre de ramener cette proie au garde-manger, mais une vision surprenante l’arrête. Il voit galoper devant lui une dizaine de rats qui, n’hésitant pas une seconde, se jettent dans le marais, nageant à la perfection vers une sorte d’ilot boueux. Pandémonium, un peu interloqué par la vision de ces rongeurs aquatiques, met quelques secondes à réagir. Enfin, lorsque ses membres se mettent en action, il galope à toute vitesse vers les rats qui, l’ayant vu, se jettent de plus en plus vite dans l’eau saumâtre. Il n’en reste que deux sur la berge quand Pandémonium les rejoint. Les deux rongeurs se dispersent, l’un saute à l’eau et l’autre galope à toute vitesse le long de la rive, zigzaguant pour fatiguer son poursuivant. Mais Pandémonium ne lâche pas l’affaire et lorsque le petit animal tente de sauter à son tour dans le marais, le louveteau l’intercepte et le saisit entre ses mâchoires. Mais, déstabilisé par cette action brusque, le jeune loup choit dans le marais avec sa prise et en ressort trempé, mais victorieux.

Chasse:

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Le louveteau rejoint la berge, le poil goutant d’eau, les mâchoires serrées autour de sa nouvelle prise. Il prend soin de la cacher entre quelques joncs serrés, à l’abri des regards. Puis, il entreprend de s’ébrouer, s’accordant quelques minutes de pause pour une brève toilette. A présent, il peut se remettre en chasse.
Ses yeux vifs parcourent la zone à première vue désertique. A priori, rien ne semble troubler la tranquillité du lieu et le jeune loup éprouve le besoin de boire un peu. A présent que la pluie est revenue, claire et potable, il n’y a plus de raison de se méfier de la potabilité des marais. Il se penche vers l’eau saumâtre et y lape plusieurs gorgées, goulûment. Brusquement, pris d’un sursaut instinctif, il fait un énorme bond en arrière, évitant ainsi les mâchoires grandes ouvertes et pleines de dents d’un animal féroce et inconnu, qui claquent à quelques centimètres de son museau. Le louveteau recule rapidement, mettant davantage de distance entre lui et cette étrange bestiole. Cette dernière s’avance sur la berge, sortant son corps écailleux de l’eau insalubre. Sa gueule est entr’ouverte, laissant apparaître ses crocs volumineux. Ses yeux sont petits et fourbes, et sont fixés dans ceux du jeune loup qui hésite. Cet étrange reptile n’est pas bien gros, il doit faire tout au plus un mètre cinquante de long, son immense queue comprise. Pandémonium hésite à l’attaquer. Sa cuirasse semble impénétrable, comme une armure protectrice, et sa mâchoire est tellement immense, qu’il n’ose imaginer les dégâts qu’elle pourrait faire sur un loup de son gabarit. Il montre cependant courageusement les crocs, le poil hirsute sur son échine, grognant de l’air le plus menaçant qu’il sache donner. L’animal inconnu semble hésiter, puis il fait claquer ses mâchoires et le jeune loup abandonne toute idée d’attaque. Il recule lentement, puis fait volte-face et s’échappe dans les fourrés où il est certain que cette vilaine bête ne saurait l’attraper.

Chasse:

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Le cœur encore battant et le souffle court, Pandémonium ne s’arrête qu’après avoir traversé la forêt de joncs où il avait trouvé refuge. Il se retrouve à nouveau sur une berge vaseuse, qui empeste l’humidité et il jette un coup d’œil prudent aux eaux sombres, veillant à ne pas s’en approcher de trop près. Son expérience précédente lui a servit de leçon, et il n’a pas du tout envie de tâter aux dents de cet animal aquatique. Mais bien vite, il oublie sa peur et son instinct de prédateur se remet en route, et pour cause : il a aperçu un animal qui semble fouiller le sol, à quelques mètres de là. Intrigué, mais méfiant, le louveteau s’approche silencieusement de son centre d’intérêt. Cette fois, c’est à nouveau une surprise puisque le novice n’a jamais rencontré de pareil animal au cours de sa courte vie. Cela ressemble à un rat énorme, avec des oreilles plus courtes et des griffes plus massives. C’est gros, dodu, et cela ne semble pas courir très vite. Le plus étrange est sans doute sa queue, longue et plate, comme un gros galet très fin, qui reste posée sur le sol. Et le plus impressionnant, ce sont ces deux longues dents carrées qui sortent de sa gueule pour manger… du bois ?! L’apprenti guerrier est un peu interloqué par cette dernière constatation. Quel genre d’animal peut bien survivre en se nourrissant d’arbres ? Il hésite encore quelques secondes à attaquer cet étrange animal qui est un peu plus gros que lui. Est-ce que ses dents étranges peuvent faire mal ? Et cette queue bizarre, peut-il s’en servir pour assommer ses agresseurs ?
Bientôt, des milliers de questions fourmillent dans l’esprit du jeune loup, et il se décide à attaquer. On verra bien, de toute façon il est encore trop jeune pour mourir et, dans le pire des cas, il pourra toujours tenter de se tirer. Il bondit hors de sa cachette, avec un jappement rageur, comme pour se donner confiance. Le rongeur lève la tête et ses yeux s’écarquillent de stupeur en voyant fondre sur lui ce louveteau, tous crocs dehors. Il tente de fuir et fait volte-face, présentant sa croupe au jeune loup qui n’ose pas y mordre, par peur de cette queue étrange et méconnue. Le rongeur ne court pas très vite, mais il se précipite vers l’eau : Pandémonium se fait la réflexion que cet animal est un peu stupide, et qu’il risque de se faire croquer par un de ces lézards géants. Il faut qu’il l’attrape avant qu’il ne tombe à l’eau et ne se noie ou se fasse bouffer ! Il galope donc derrière sa proie et il s’avère que cette dernière – pas très rapide, en effet – se laisse rapidement rattraper. Le jeune loup se jette sur elle et les deux animaux roulent sur le sol, s’arrêtant à quelques mètres à peine du bord de l’eau. Le rongeur se débat à coups de pattes griffues et palmées – palmées ?!! – et pousse des cris de détresse. Tandis qu’ils se battent et que la proie tente de mordre, Pandémonium assène de violents coups de mâchoire pour tenter de trouver un point sensible dans cette amas de graisse. Enfin le rongeur, le temps d’une fraction de seconde, découvre sa gorge sur laquelle le petit Dragon fond comme une sangsue, y plantant ses mâchoires avec ténacité.

Chasse: