Tout est difficile avant d'être simple.

Pour survivre ici, il fallait être chaque jour plus fort, en particulier quand on était une solitaire. Yû devait compter sur elle-seule, sur sa force, son habileté et son endurance. Sans ces trois puissances, elle mourrait plus rapidement que prévu, elle devait donc s'entraîner plusieurs fois par semaine, presque chaque jours qui défilaient, après tout elle n'avait rien d'autre à faire. Elle faisait quoi de ces journées la noiraude ? Elle cherchait à manger, elle explorait, elle errait, elle s'entraînait, elle dormait. Toutes ses journées se ressemblaient et pourtant, elle n'avait pas le temps de trop s'ennuyer. Yû marchait donc sur cette plage.

Laissant derrière elle des traces de pattes bientôt balayées par le puissant vent qui soufflait, une petite brume gâchait légèrement la vision, il fallait redoubler d'efforts pour avancer. Mais elle avait trouvé son entraînement : galoper contre le vent, nager contre le vent. Cela entraînerait certainement sa force et son endurance ? Courir contre ce puissant vent n'était pas une chose aisée, il fallait serrer les crocs et forcer. Oui, elle allait essayer. La petite noire s'élança donc contre le puissant vent, bandant ses muscles, serrant les crocs elle fila contre le vent, courant de toutes ses forces, décidée à réussir à parcourir cette fichue plage.

Bientôt, une dizaine de minutes après ou moins, Yû ralentit, son souffle était devenu chaud, sa gorge commençait à brûler et ses forces l'abandonnaient doucement. La louve tenta de tenir encore un peu, ne serait-ce qu'une ou deux minutes de plus mais elle se laissa tomber dans le sable, à bout de forces. La solitaire se redressa, s'arrêter ainsi après un tel effort n'était pas bon, elle devait reprendre son souffle en marchant, ce qu'elle fit. Elle marcha doucement en direction de la mer, observant cette étendue d'eau salée. Dommage, elle ne pouvait pas s'y rafraîchir mais elle pouvait certainement s'y baigner. Le regard sombre de la louve se dirigea ensuite vers les hauts barbelés. Même dans un si beau paysage, les hommes parvenaient à gâcher.

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Yû était revenue un autre matin s'entraîner sur la plage, elle allait aujourd'hui un peu travailler son habileté, en faisant quoi ? Pourquoi pas en sautant ? Elle avait repérée des barbelés assez haut qui entourait une installation des hommes, encore. Enfin ce n'est pas l'installation des hommes qui la dérangeaient ou l'intéressaient, c'était juste les barbelés. La petite louve noire se dirigea en trottinant vers l'endroit désiré, posant son regard sombre sur les barbelés, elle allait être obligée de bien calculer ses sauts sinon elle se ferait très mal. Et tout le monde sait qu'un loup solitaire, blessé et pendant cette période mortelle était une très mauvaise idée. Mais cela la motiverait à sauter avec plus d'habileté, après tout c'est comme ça, soit tu vis soit tu meurs. La louve accéléra son allure, filant droit sur le barbelé.

Calculant rapidement la distance de saut, à partir d'où elle devait bondir, elle se ramassa sur elle-même puis se leva sur ses pattes arrières, faisant basculer tout son poids et sa force sur ses pattes arrières musclées et habituées à ce genre de choses. La louve noire décolla du sable blanc en en faisant voler derrière elle puis vola littéralement par-dessus le barbelé, retombant ensuite de l'autre côté avec légèreté, sur ses pattes avant puis ses pattes arrières. Parfait, maintenant, elle devait enchaîner ! Faisant un brusque virage sur le côté gauche, la louve solitaire fonça de nouveau sur le barbelé et s'élança, effectuant cela de nombreuses fois, tentant de contrôler sa respiration, se concentrant. Elle sautait, sautait, sautait, ne s'arrêtant plus, lancée dans son entraînement. Mais comme on sait, toute chose à une fin.

Yû retomba pour la énième fois sur ses pattes qui commençaient à trembloter à cause de l'effort intensif, sa respiration avait nettement accélérée et sa gorge brûlait, comme à chaque fin d'entraînement. La louve s'ébroua puis se mise à marcher doucement pour récupérer ses forces, ensuite elle partit vers la mer pour terminer réellement son entraînement. Yû entra dans l'eau salée, sentant le liquide s'infiltrer dans ses poils sombre, la rafraîchir, mais elle ne pouvait pas y boire. Yû avança jusqu'à qu'elle n'ai plus pattes puis elle se décida à nager contre le vent, faisant travailler ses muscles, tête haute pour ne pas boire la tasse, avançant vaillamment contre le vent qui semblait souffler de toutes ses forces, tentant de faire reculer la noiraude qui serrait les crocs, nageant de toutes ses forces.

Finalement, au bout de plusieurs bonnes minutes, Yû repartit vers le sable, crevée, dégoulinante d'eau. La petite noiraude remonta sur le sable puis avança un peu, elle était crevée. Aujourd'hui cela avait été plus intense que les autres fois mais elle se devait de devenir plus forte pour lutter dans cette nature remodelée par l'homme. Yû repartit jusqu'à l'herbe puis s'y coucha après avoir marché un peu pour récupérer son souffle.