Il était tôt mais sans grande surprise tu étais déjà réveillé. En ce doux matin, on pouvait aisément remarquer qu'une enveloppe malsaine t'entourait, sans doute était-ce celle du tricheur, de l'arnaqueur. Après avoir ouvert les yeux avec difficulté, tu te redressas et t'ébrouas. C'est à ce moment là qu'un bruit étrange vint te titiller les oreilles. C'était un grondement puissant et impatient, c'était ton estomac qui manifestait son mécontentement. Tu mourrais de faim et tu perdais du poids à vu d’œil laissant tes côtes dépourvus de couverture. Tu te léchas délicatement les babines lorsque ta pensée se tourna vers ce lapin si gras, si rond, si beau que tu pouvais délecter à ta guise, malheureusement ce lapin n'existait pas, du moins tu ne l'avais perçu que dans le monde imaginaire que t'offrait tes délicates pensées. Seulement, ce n'était sans aucun doute pas ici que tu allais trouver quelque chose à te mettre sous la dent. En effet cet endroit était bien triste, tu pouvais remarquer qu'il y avait, en plein milieu de ces terres, un gros bâtiment semblant assez mal entretenu. Surement les humains avaient-ils désertés, ce fut ton hypothèse. La tête et la queue basse, tu t'avançais vers cet étrange bloc de béton. Tu t'arrêtas bien vite lorsque l'odeur d'un autre mâle te parvint. Frustré, tu grinças des dents et balanças ta queue de gauche à droite, les oreilles droites. Tu plissas les yeux afin de mieux percevoir les alentours, c'est alors que tu le vis. Il n'était pas plus grand que toi mais ses muscles étaient bien plus imposants. Néanmoins sa maigreur tentait d'être cachée par son épaisse fourrure faites d'un harmonieux mélange de gris et de brun, en vain. Tu n'étais pas dupe, la solitude le marquait, la solitude vous marquait. Le loup semblait s'acharner à un entrainement qui lui était sans nul doute important. Tu continuas malgré tout à t'avancer vers l'usine. Vous étiez deux solitaires à présent dénué de solitude, amusant n'était-ce pas.