Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Ton imposante présence était enivrée d'une étreinte malhonnête, miroir de milles et unes trahisons. En vagabonde elle hantait ces sombres lieux. En impitoyable tricheur, tu traînais la finesse de ton corps avec adresse en ces lieux décidément bien morbides. L'air y était étouffant et l'ambiance pesante mais rien ne semblait heurter la légèreté de ton avancé. Ni le bonheur ni la tristesse ne marquait en cette douce matinée tes traits délicats, surement étais-tu dans un jour parfaitement banal, sans surprise, sans émotions particulières. En parfait observateur ton regard vacillait entre ces larges murs qui t’enlaçaient et ces tas de ferrailles qui t'entouraient. Mais était-ce vraiment tes yeux qui exploraient ton entourage ? N'était-ce pas plutôt tes oreilles, qui, bien dressées sur le haut de ton crâne semblaient être maîtresses de tes ressentis. Infatigables elles paraissaient. L'endroit t'était inconnu et tu le trouvais affreusement humide mais qu'importe, tu continuais d'avancer. Où voulais-tu donc te retrouver ? C’est alors que tu t’arrêtais, satisfait par l'écoute d'une étrange odeur.
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Jeu 2 Juil - 16:51
Innocent Train A trillion memories lost in space and time forevermore
With Tricheur
F 34 | A 37 | E 37
Aujourd’hui, en foulant les rues désertes de la Ville en Ruines pour oublier ces horribles crampes d’estomac qui le tourmentaient, le loup sans nom s’était rendu compte qu’il n’avait encore jamais exploré l’endroit qui fut le refuge des Sekmets lors des dernières pluies de sang : la vieille station de métro. La crypte de l’église, celle qui servit un temps de foyer aux Esobeks, il l’avait déjà explorée maintes fois auparavant ; mais bizarrement le métro, du moins cette section particulière, lui était sorti de la tête.
En descendant les marches délabrées qui menaient au sous-terrain, il tentait de s’imaginer les milliers d’humains qui passaient autrefois par là chaque jour ; de l’homme d’affaire qui prenait son train deux fois par jour, au mendiant qui y vivait. Une multitude de restes d’odeurs humaines hantaient ces lieux plus qu’aucun autre, et le Solitaire les inspirait à plein museau, tous ses troubles disparus. Il se faufila en-dessous d’un tourniquant pour rejoindre la rame. S’imprégnant du lieu, il lui semblait entendre les conversations s’entre-mêler et le rugissement du train qui passait en grande vitesse. De vieux tickets abandonnés jonchaient encore le sol, parmi une multitude de déchets.
Il sauta au niveau des rails et suivi le trajet ceux-ci. Plus il avançait, et plus les odeurs humaines disparaissaient pour faire place à des relents des parfums des Sekmets qui étaient passés par là. Indistinguables les uns des autres, ils étaient comme une couche de poussière sur le livre qui racontait l’histoire des lieux, et le loup sans nom n’était qu’un grain parmi les autres.
Tout comme ce loup noir tapis dans l’ombre dont l’odeur faisait l’effet d’un feu d’artifice en ces lieux.
Le Solitaire dressa les oreilles, intrigué. Qu’est-ce qu’un loup ordinaire pouvait bien faire en ces lieux ? Il ne pouvait pas le voir, mais étant sûr d’être assez proche pour être entendu, il lança un appel :
“Un autre amateur de ruines humaines visiterait-il donc ces lieux ?”