Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Enfin, Zwey arriva au petit trot à une intersection. Il s'y arrêta, hésitant un bref instant sur la direction à prendre. Puis il décida que pour ce jour, c'était suffisant : il avait après tout son travail de sentinelle à faire, trouvé pas mal d'eau déjà, et pas du tout le temps d'aller se perdre dans le labyrinthe des refuges humains. Certaines tranchées s'enfonçaient même sous terre, et bien qu'il soit intimement convaincu qu'il serait plus simple de trouver de l'eau là-bas, il ne tenait pas à y retourner de sitôt. Pas avant quelques lunes, voire même quelques printemps. Alors qu'il s'apprêtait à sauter hors de son trou, le loup au pelage fauve aperçut un reflet du coin de l'oeil. Il s'arrêta et s'approcha : dans un creux de la paroi, une petite réserve aquatique s'était formée. Assez pour un loup, s'il jugeait bien. Eh bien, tant mieux. Cela ne légitimait que plus l'arrêt des recherches. Zwey sauta hors de la tranchée et galopa vers son territoire pour ramener les nouvelles à son groupe.