Après ma dernière chasse plutôt fructueuse, je veux continuer les efforts. C'est plus fort que moi. Arrivant à la ville en ruine je vois ces anciennes bâtisses qui, d'après les Anciens, abritaient autrefois des populations entières d'Hommes. On raconte même qu'ils y vivaient en véritable société, et parfois l'une de leur préoccupation première était la protection de la nature. Je ne sais pas si c'est vrai. J'ai du mal à croire que les responsables de… tout ça aient pu un jour se soucier d'autre chose que d'eux-même. Nous, les loups, sommes l'une des seules espèce animale à avoir pu s'adapter à tant de misère. Je suis consciente que nous devions être bien plus prospères, au temps des praires émeraudes et du ciel bleu.

Mon entraînement commença par un long parcours de course, pour tester mon endurance. Celle-ci était médiocre, bien évidemment. Avec la même détermination qu'au départ, je courus le long des charpentes de pierre et de bois; tout d'abord d'une course lente et cadencée. Dans un mouvement instinctif, vieux comme le monde, je courrais. Mes pattes faiblardes frappaient le sol avec une force insoupçonnée, mon coeur battait au rythme de mes pas, fort et plein de vie. Le vent s'infiltrait dans mon pelage et une sensation de plénitude s'emparait de moi. Puis, quand vint le moment de la course rapide, les choses de gâtèrent. Je ne veux pas me l'avouer, mais ma petite taille et mon manque de vigueur du à ma maladie me tire vers le bas. Cependant, je ne veux pas m'avouer vaincue. Certainement pas. C'est pourquoi j'ai forcé le pas pendant plusieurs temps encore, accélérant la cadence progressivement. J'entrepris des zigzagues entre les vieilles masures, laissant de la poussière derrière moi. Mon souffle était laborieux, sifflant. Toujours se dépasser.
Par la suite, après m'être accordé quelques moments de répit, je dénichai une pente qui menait sur le toit d'une des bâtisses, et j'y grimpai. Je me retrouvai en équilibre sur une des poutrelles, le coeur battant. Hésitante, je me risquai à marcher dessus. Passèrent de longues minutes durant lesquelles je tendis la queue pour équilibrer mon corps et coordonner mes mouvements. Une fois que j'eus saisi le truc, je sautai des poutrelle en poutrelle, parfois de façon trop audacieuse car je faillis en manquer une. Ces exercices où se mêlait danger et défi m'exaltaient. Je forçai autant sur mes muscles pour garder l'équilibre que pour courir.
Je voyais déjà le soleil décliner, mais je voulais terminer ma séance d'entraînement. Le calme plat m'apaisait, et j'aurais volontiers cédé à la fatigue. Mais la petite voix dans ma tête s'insurgea et j'en fis de même. Ce n'est pas en cédant à la paresse que me viendrait la force physique. Je me retrouvai à un carrefour de masures, fait de terres brute et entouré de brume. J'imaginai soudain un tas d'ennemi: des chats sauvages, des loups enragés, des chiens de garde, et je m'imaginai en train d'esquiver leurs parades, de déchirer leur chair. Je me retrouvai ainsi à esquiver des gestes dans le vide, à bondir ça et là, à jeter mes pattes en avant. Mon corps fin tournoya sans fin, s'assouplissant, se contorsionnant. Mes muscles se tendirent, amortirent les chocs de mes nombreuses chutes.

Quand le soir tomba, je quittai déjà la la ville, les membres endoloris, en me demandant combien d'entraînement du genre il me faudrait pour devenir une véritable guerrière.

FIN