Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Elle était là, cette louve. Elle avait failli entrer dans le village. Elle avait osé vouloir le faire. Je déteste les loups. Et je ne suis pas de garde. De plus, elle avait une patte cassée... Mes chiens et moi n'auront aucun mal à l'attraper. Ah, quelle stupidité... Les loups n'ont rien dans le crane. Et c'est temps mieux. Je vais pouvoir m'en occuper de cette folle. Un rire m'échappe alors que je la vois, assez loin du village. Elle surveillait. Elle observait Marco. C'est son tour de garde, et il ne l'a pas remarquée. Mais moi si, je l'ai déjà vue traîner dans le coin. Je l'avais laissé lorsque j'étais de garde. J'avais seulement tiré lorsqu'elle osait s'approcher un peu trop près. Elle détallait aussitôt comme un lapin. Du moins, comme un lapin boiteux. Mais elle revenait tous les jours. Mais, je ne sais pas si elle connaissait mes heures de garde, mais elle revenait toujours à ces heures. Mais aujourd'hui, j'ai réussi à obtenir un repos. Je suis libre d'agir à ma guise. Je peux quitter le camp sans rien risquer. Et je vais attraper cette louve, je vous le garanti. Elle n'a rien à faire ici. Absolument rien. Blackflame et Koraki, mes deux rottweilers de quatre ans m'obéissent au doigt et à l’œil. Nous l'aurons cette louve. Je sort du camp, les chiens à mes pieds, me dirigeant d'un pas assuré vers elle. Juste pour l'effrayer. Aussitôt, Black' et 'Raki se mettent à aboyer. La louve s'éloigne, alors que mes chiens se mettent à sa poursuite. Je les rappelle aussitôt, et ils reviennent vers moi. Ils n'ont pas l'air de comprendre. Mais c'est simple, je préfère laisser de l'avance à la louve. Je sais que je l'aurais. Mais je ne veux pas que ce soit trop simple. Je compte jusqu'à dix, puis je lance à mes chiens :
-Attrapez-la, vite !
Les deux rottweilers comprennent aussitôt mon ordre, et ils s'élancèrent dans la forêt en aboyant comme des forcenés. Je les y suivi d'un pas moins rapide. Je les vois suivre la trace à la lettre. Au bout de dix minutes, je les vois arrêtés. Ils m'attendaient en voyant que je commençais à ralentir. Lorsque je les ai rattrapés, ils se sont remis à courir. Et puis, tout c'est passé très vite ensuite. Koraki toujours devant, étant plus rapide que son frère, ne remarqua rien sur le coup. Mais moi, derrière eux, je vis très bien la scène. Blackflame, qui ne connaissait pas vraiment cette partie de la forêt, marcha dans un piège, et je le vis s'envoler dans les arbres. Il couina lorsqu'il se retrouva pendu par la patte arrière. Quelle poisse... 'Raki n'était pas arrivé. Je décidais de le laisser, sachant très bien qu'il nous retrouvera s'il ne voulait pas continuer seul. C'est comme ça avec lui. On ne sait jamais s'il veut nous attendre ou finir le travail seul. Enfin, c'est pas grave. Nous le retrouverons, ou plutôt il nous retrouvera seul. Il sait où se trouve le camp au pire. Et je sais qu'il ne lui arrivera rien. Il est solide ce chien. Je m'approche de l'arbre, où Black' continue de couiner. Je l'attrape dans mes bras, et d'un coup de canif, la corde cède. Il s'écroule dans mes bras, et je le repose doucement. Il s'élance alors dans la forêt, m'attendant devant un buisson. Il n'a rien, temps mieux... Je lui courre après, et rapidement, j'entends des aboiements. Je reconnais immédiatement ceux de Koraki. Ils sont facilement reconnaissables pour moi qui le connait depuis qu'il est jeune. Blackflame et moi nous rapprochions de lui, et lorsque je le vis, penché au dessus d'un trou en aboyant, je compris. La louve lui avait échappé. Je lui avais laissé trop d'avance. J'aurais dû laisser Black' et 'Raki l'attraper lorsqu'ils l'ont voulu. Finalement, ce n'est pas elle, l'idiote, qui a trouvé ce trou, trop petit pour que Koraki ne passe dedans. Il se mit à gratter furieusement la terre, mais je savais très bien qu'il y avait une deuxième sortie. C'était sûr. C'est là que mon portable se mit à sonner. Je décrochais, et la voix de Marco se fit entendre. Il disait que je devais rentrer, que le chef de notre escadron me cherchait. J’appelais mes deux chiens en raccrochant. Et nous rentrâmes, lassés par cette chasse au loup.