Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Il faisait chaud, aujourd'hui. Terriblement chaud. La louve observait les petits tout autour d'elle jouer et courir un peu partout. Qu'il était bon, de pouvoir se reposer un peu. La louve était sans forces. Elle passait ses matinées à chasser. Ses journées à s'occuper des petits. Et ses soirées à s'entraîner avec le Prince de la meute. C'était fatiguant. Mais au final, la louve était terriblement heureuse de pouvoir être aux côtés de Torka. Et chaque soir, lorsqu'elle le laissait. Elle faisait en sorte de pouvoir garder l'odeur du mâle sur Elle. C'était comme s'il était à ses côtés. Malgré son absence.
Quoi qu'il en soit. Il n'y avait pas que la chaleur du monde, qui rendait la journée chaude pour la femelle. Les périodes étaient en cours. Et elle n'y pouvait rien. Son corps était parfois douloureux. Observant les petits autour d'elle, Gallya se demandait parfois ce que cela pouvait bien faire. D'avoir des louveteaux à elle. Rien qu'à elle. Mais elle n'avait aucun mâle à elle. Ce n'était pas réellement si simple.
Se redressant. Elle se glissa à l'entrée de la tanière. Seule, profitant d'une douce brise dans sa fourrure. Du coin de l’œil, la louve remarqua l'approche d'un mâle. Il le connaissait. Elle l'avait vu quelques fois. Mais elle n'avait pas réellement de lien avec lui. Ils avaient déjà dû discuter une ou deux fois. Mais sans plus.
Il ne l'avait jamais gêné. Mais là, pour le coup. Il était collant. Plutôt très collant. Horriblement collant. Il était venu se poser à côté d'elle. Rectification. Plutôt contre Elle ! Lâchant un faible grognement, la louve s'écarta de lui. Le fixant en coin.
- Je ne sais pas ce que tu veux. Mais on ne vient pas se coller aux gens comme ça. De toutes façon, je vais retourner m'occuper des petits.
Tandis qu'elle se redressait pour entrer dans la tanière, le mâle lui bloqua le passage. Mais que voulait-il à la fin ? Elle chercha à le pousser la tête, mais il s'écarta et la repoussa à son tour. La toisant du regard.
- Allons. Pourquoi ne pas laisser ces petits seuls quelques instants ? Tu pourrais t'occuper d'autres personnes que d'eux, non ?
Il s'approchait de Gallya. Se redressant. Comme pour chercher à se montrer plus imposant et plus fier qu'il ne l'était. La Nourrice recula de quelques pas, ses oreilles se plaquant à son crâne. Dévoilant ses crocs en grondant comme une furie.
- Tu fais peur. C'est horrible. Que comptes-tu faire, pauvre petite louve ? Tu n'es qu'une nourrice, après tout.
Oh. C'était vrai. Il avait tout à fait raison. Mais elle n'était pas qu'une simple nourrice. Elle s'entraînait au combat. Elle s'entraînait à chasser. Elle s'entraînait à devenir plus forte ! Et, d'un bond, elle vint bloquer le loup par terre, lui attrapant le cou entre ses crocs, serrant jusqu'à ce qu'il puisse sentir ses crocs contre sa peau.
Il avait l'air surprit. Et c'était ce que la louve cherchait. Dans cette meute, il fallait montrer qu'on est fort. Sinon, le camarade d'à côté t'écrase. Gallya n'était plus une pauvre louve sans défense. Elle était encore chétive, c'est vrai. Mais elle pouvait se défendre, maintenant !
Le relâchant, elle lui donna un coup de croc à la croupe, le laissant repartir plus loin, queue entre les pattes.
-Le prince aura vent de tes actions. Idiot. Maintenant, j'ai des petits à surveiller. Retourne jouer plus loin.
Et sur ses mots. Elle retourna avec les louveteaux.