Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
J'ai prévu mon emploi du temps avec une marge plus serrée que ce que je pensais. Je me suis levé à l'aube en voulant passer la journée à m'entraîner avec des membres de ma meute, mais ce que m'a fait subir Torka a été nettement plus rude que ce à quoi je m'attendais. Je m'suis donc laissé quelques heures de répit avant de me rendre chez Hige, qui avait accepté de m'apprendre quelques techniques à l'occasion. Je n'dirais pas que je suis frais comme un gardon, mais je me sens en forme malgré les premières traces de courbatures qui pointent le bout de leur museau. Je m'ébroue énergiquement devant ma tanière, et je rejoins l'épave de l'avion pour manger un morceau avant de rejoindre mon "mentor du jour". Quoi qu'à y réfléchir, ce n'est peut-être pas une bonne idée de manger entre deux entraînements au corps à corps ... Je soupire, inspire, et finalement j'm'en fous. Tant pis pour les risques, j'ai vraiment trop les crocs. J'avale un lapin entier, seul, et je rejoins enfin la tanière de Hige, à quelque distance de là. Lorsque j'arrive, il est dehors, par chance. Je n'aurais au moins à réveiller deux loups dans la même journée. Je m'approche lentement de lui, faisant tout de même attention à ne pas me retourner l'estomac tout de suite. Je l'observe de loin, avant de vouloir l'interpeller. Je repense aux combats sanglants qui ont eu lieu récemment, et je me demande quelles horreurs nos guerriers ont pus voir. A quelles horreurs Hige a pu devoir faire face ... Je change la tournure de ma pensée en m'approchant un peu plus, et je me racle la gorge pour l'informer de ma présence.
- Hum Hum ... Hige ? tu aurais un moment ? Pour ... Enfin j'veux dire ... J't'aais d'mandé si tu pourrais m'entraîner alors ... Je m'demandais si ... Si tu pouvais ?
Je déteste cette attitude de louveteau timide que j'arbore lorsque je demande un service. En fait, j'ai horreur de demander des services. Mais ces derniers temps je n'ai rencontré aucun ennemi à combattre, et sans me battre je ne progresse pas. Alors autant faire avec les moyens du bord, et demander aux membres de ma meute s'ils peuvent me filer quelques coups de pattes ...
De retour d'une chasse depuis une bonne heure maintenant, ayant profité de la nuit pour pouvoir faire ton boulot de chasseur, tu profites désormais d'un petit moment de répit, planté devant la tanière où se trouve Helya et les trois petits. Tu es aller leur rendre visite, il le faut après tout, même si la guerre est terminé, tu te dois encore de jouer ce rôle de père et de compagnon que tu as accepté, jusqu'à ce qu'elle décide de mettre la vérité au grand jour. Ce moment, tu le redoutes, tu te demandes ce que les autres vont penser, ce qui va arriver ensuite, comment le prendront-ils ? Pour sûr, ta conscience est tranquille, ou presque. Tu n'as pas faillit à ta tâche et, tu as su tenir promesse alors, ce n'est pas maintenant que tu vas rompre cette promesse ! Non, jusqu'au bout tu joueras le jeu et, on verra ce qu'il advient après …
Tous étaient endormis à l'intérieur et, tu les as donc laissé tranquille, assit devant la tanière, le museau levé vers le ciel. Tu profites des premières lueurs de l'aube, des premiers timides rayons de soleil mais, ces rayons ne réchauffent pas, comme souvent … De gros nuages grisâtre ci et là, la journée ne s'annonce pas pluvieuse mais, dans les jours à venir par contre … Tes pensées fut coupé court lorsqu'un mouvement attire ton attention. Tes oreilles dressés se mirent à frémir en se tournant légèrement vers la source de ce bruit et, suite aux gémissements de celui qui venait te rejoindre et dont l'odeur t'es familière, tu tournes la tête.
Isildür se trouve là, planté près de toi, un air timide. Cela fait un moment que tu n'as pas vu ce jeune loup et pour cause, tu as été bien occupé ces dernières lunes. La chasse, la guerre et surtout, ta blessure qui t'a mit à mal un moment avant de pouvoir reprendre tes activités, heureusement qu'elle a cicatrisé avant le début des hostilités, même si tu as dû demander l'aide d'une Hordienne pour cela, ou plutôt, ex-Hordienne désormais …
« Bonjour Isildür. Bien sûr que j'ai un moment à t'accorder. Allons plus loin. »
Tu te redresses et, invite le loup noir à te suivre, tu n'as aucune envie que les deux louveteaux mâles se réveillent et viennent se mettre entre vos pattes, un entraînement, cela leur plairait énormément mais, aujourd'hui, ce n'est pas pour eux. Tu t'enfonces dans la forêt, cherchant un endroit tranquille où tu pourras entraîner le jeune loup, en quoi l'entraînerais-tu ? Cela dépend de sa demande … Lorsque tu fus suffisamment éloigné des tanières, tu t'arrêtes et, fit face au fils de Nilaya, Nilaya … Voilà un moment que tu n'as pas vu la louve, va-t-elle bien ? Tu te renseigneras plus tard.
« Alors, que souhaites-tu savoir ? Que veux-tu travailler surtout ? »
- Bonjour Isildür. Bien sûr que j'ai un moment à t'accorder. Allons plus loin.
Lui aussi, il veut qu'on s'éloigne. Sans un bruit, je le suis d'un pas franc. Par chance, il a du temps aujourd'hui. Je dois probablement m'estimer heureux, parce que j'ai cru comprendre qu'il avait été très occupé pendant un long moment. Je souffle doucement, calmement, concentrant toute mon attention sur les battements de mon corps. Et lorsque nous sommes suffisamment loin aux yeux du loup sombre, je m'immobilise et lui fait face, le détaillent sans gène. Il est toujours aussi massif, comparé à moi. Bien plus encore que Torka, d'ailleurs. J'en aurais presque envie de grogner de frustration, mais je me réjouis bien trop de toute cette progression qu'il va me permettre d'atteindre grâce à sa propre puissance. Il s'arrête alors que nous nous sommes considérablement éloignés de sa tanière, et je m'immobilise lorsqu'il me fait face.
- Alors, que souhaites-tu savoir ? Que veux-tu travailler surtout ?
Savoir ? Non, pas savoir, en effet. Je veux me battre, ou me déchainer dans une quelconque tâche, pourvu qu'elle développe mon corps de jeune adulte encore bien trop juvénile à mon goût. Je veux éveiller mes sens, aiguiser mes réflexes. Je veux devenir bien plus fort que le louvard encore si faible que je suis. Et surtout, je dois l'avouer, ma défaite contre ce foutu louveteau de quatre mois, il y a déjà si longtemps, me reste en travers de la gorge. Je serre les dents en y repensant, mais je ne laisse pas paraître ma frustration et ma déception. Je fixe le loup sombre dans les yeux, et je lui demande ce pourquoi je suis né.
- Je veux devenir meilleur, bien plus redoutable. Ordonnes, et j'exécuterais.
Une réponse bien vague … Soit. Tu te met à tourner autour de lui, réfléchissant un instant. Il veut devenir le meilleur ? Peut-on seulement être le meilleur et n'est-ce pas trop ambitieux, égocentrique ? Lorsqu'on se croit meilleur on finit toujours par tomber rapidement après tout. Il souhaite devenir redoutable ? Il va devoir apprendre bien des choses pour le devenir car, ce n'est pas que par la force qu'on devient redoutable, ce n'est qu'une partie de la chose. Le jeune loup est ambitieux mais, sera-t-il suffisamment patient et à l'écoute pour apprendre et comprendre ? Seul le temps le dira et, tu tenteras de lui inculquer ce que tu peux, à lui ensuite de faire sa part du marché.
« Tu veux devenir redoutable ? Bien, tu vas devoir apprendre et t'entraîner durement. »
Continuant de lui tourner autour, passant derrière lui, tu attrapes d'un seul coup sa patte arrière et la tire pour le faire basculer avant de le relâcher.
« Tu veux être le meilleur ? Ce n'est pas possible. Il ne faut croire qu'on est le meilleur, ça pourrait justement t'aveugler, tu dois toujours te dire que celui qui est en face de toi est meilleur pour pouvoir donner tu ce que tu as pour le battre. Maintenant, première leçon, pour être redoutable, il faut être capable de savoir où va attaquer en premier ton adversaire. »
Sur ces mots, tu tentes de l'attaquer de nouveau, du côté de son flanc gauche cette fois-ci. Réagira-t-il à temps ? De toute manière, tu ne comptes pas le blesser, juste le bousculer pour lui apprendre, lui faire comprendre. Ce n'est pas qu'avec des explications que l'ont devient fort après tout, la pratique est le plus important et, ce n'est pas en prenant des pincettes non plus qu'on apprend. Si tu ne cherches pas à le blesser, tu ne cherches pas pour autant à le ménager, Ô que non ! S'il ne réussit pas à esquiver, il se retrouvera au sol, vulnérable ...
- Tu veux devenir redoutable ? Bien, tu vas devoir apprendre et t'entraîner durement.
Que croit-il ? Que je suis seulement un louveteau naïf et que j'espère retirer toute l'expérience d'une vie en un seul entraînement ? Non, bien sûr que je ne suis pas si stupide. Pourquoi croit-il que je cherche les conflits sans arrêt ? Pourquoi suis-je si insupportable d'après lui, si ce n'est pas pour pouvoir m'entraîner en terrain réel et devenir plus fort ?
- Je suis prêt.
Il me tourne autour, je le suis des yeux. A quoi pense-t-il ? Que compte-t-il me demander ? Comment vais-je devenir le meilleur, d'après ses instructions ? Je veux savoir, je veux en apprendre toujours plus. Peut-être m'enseignera-t-il l'art de la mise à mort ? Ou alors quelques techniques pour faire souffrir un adversaire en épuisant sa propre force, afin de me préserver moi-même de la fatigue ?
Brutalement, je me retrouve au sol avec une douleur vive qui court dans ma patte. Un glapissement de surprise mêlée a la frustration s'échappe d'entre mes babines, et je me redresse dans un réflexe pour lui faire face. Une bagarre ? Rien de mieux ! Mais il me fait face sans chercher à attaquer. Au lieu de ça, voilà que la leçon commence. Je ne dois pas me surestimer. Et je ne dois pas mésestimer mon assaillant. Bien sûr, je sais que Hige est nettement plus fort que moi. De là à penser que je ne pourrais le battre ? Non. Je ne me permets jamais de penser à ça. Je veux laisser passer les combats, sans jamais m'inquiéter de qui sera le vainqueur. Ce qui m'importe, c'est de devenir plus fort. Anticiper, n'est-ce pas ? Je l'observe dans le plus grand silence, je guette les roulements de chacun de ses muscles sous sa peau d'argile. J'attends le moment propice, parce que c'est moi qui attaquerais le prochain.
Du moins c'est ce que je croyais, mais visiblement j'ai encore beaucoup à apprendre. Je me retrouve de nouveau dans la poussière sans avoir eu le temps de réfléchir ou d'ouvrir la gueule. Son poids ajouté au mien est un tel choc qu'il m'en a presque coupé le souffle. Pourtant, je ne suis pas parfaitement inexpérimenté. Mon corps a à peine touché la terre sèche que je suis déjà debout. Ne jamais rester à terre à moins d'être mort. C'est une leçon que j'ai déjà acquise. Je bondis à sa rencontre en grondant, laissant remonter ma colère pour la laisser sortir et la diriger contre lui. Je lui rentre dedans, lance mes crocs pour capturer sa peau entre mes mâchoires, et les entends claquer dans le vide. Manquer ma prise ? Impossible ! Je réessaie, claque à nouveau des mâchoires en remuant ma tête sur ma droite pour essayer de rencontrer son échine, mais ses pattes me percutent de toute force pour me repousser brutalement. Je gronde de surprise et essaie de me rattraper du mieux possible, mais déjà je sens ses crocs se refermer sur ma chair tendre et je geins en me débattant de toutes mes forces.
Il n'a pas réussi à se préparer, à esquiver et, le voilà en train de rouler par terre mais, il n'y resta pas, il se redressa directement, bon réflexe … Cela évitera de lui coûter la vie. Tu le laisses se redresser et, c'est à son tour d'attaquer. L'esquiver est un jeu d'enfant, il attaque à l'aveuglette, il est maladroit dans ses pas, ce n'est en rien un danger, il ne l'est que pour lui même … Assez de ce petit jeu … Tu le pousses de tes puissantes pattes, le déstabilisant facilement, pendant qu'il tente de se reprendre tu en profites et l'attrape par l'échine, sans pour autant le blesser tu exerce une pression suffisamment forte pour le forcer à se retrouver coucher et en un rien de temps, te voilà au-dessus de lui, le surplombant de ta masse de poil sombre et de tes muscles.
« Ce n'est pas en claquant de la mâchoire à l'aveuglette que tu réussiras à attraper ton adversaire. Apprend d'abord à le connaître avant d'essayer de le blesser sévèrement afin de pouvoir trouver une faille dans sa garde. Joue avec lui, oblige le à montrer les ressources qu'il possède et ensuite tu pourras l'attraper. »
Sur ces mots, tu te recules, le laisse se redresser de nouveau. Ton regard impassible posé sur lui, malgré l'entraînement tu es calme, non, ce n'est pas suffisant pour te mettre en transe afin d'effectuer un réel duel, de tout manière, il n'est pas encore prêt, il doit d'abord apprendre et comprendre. Tu te remis à tourner autour de lui, marchant d'un pas tranquille, l'observant. Ce loup semble remplit de colère à ce moment même et, c'est probablement cette colère qui le fait agir aussi maladroitement. Comme lors du combat qui opposé le Prince Torka à l’usurpatrice Skull, le Prince attaqua sous la colère et cela aurait pu lui coûter la vie mais, fort heureusement, ce ne fut pas le cas.
« Ne laisses pas la colère te guider, concentre toi. »
De nouveau tu l'attaques, ou plutôt joue avec lui. A plusieurs reprises, tu le pinces, ci et là, cherchant à le faire bouillonner, cherchant à faire naître cette frustration en lui qui risquerait de le faire attaquer sous un coup de tête, à moins qu'il ne réussisse à se concentrer comme tu lui as demandé. Tu continues de t'amuser avec, le bousculant, l'esquivant sans mal, le faisant chuter au sol et le laissant se redresser. Tu joues à ce petit jeu temps qu'il n'arrivera pas à au moins planter ses crocs une seule fois dans ta masse de poil. Combien de temps cela va-t-il prendre ?