Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Ce jour-là, tu es partie chasser comme à ton habitude mais, ce jour-là, quelque chose dérapa … Tu quittas les terres Sekmet pour aller chasser un peu plus loin, profitant de cette fin de journée, le soleil commençant à décliner peu à peu à l'horizon. La lumière du soleil commençait peu à peu à s'évaporer, engloutit par les ténèbres de la nuit. Un vent frais s'élevant, tu ne fis nullement attention à celui-ci, marchant, prenant ton temps, après tout, tu as toute la nuit devant toi …
Autour de toi, tout était silencieux, un peu trop silencieux même … Tu commences à avoir un mauvais pressentiment et surveille les environs de tes sens. Tu humas l'air en t'arrêtant un instant, captant une infime odeur étrange sans que tu n'arrives à savoir quoi. Baissant les oreilles, tu les redresses en te remettant en route, non, cela ne doit être qu'une impression … Les oiseaux s'étaient tût depuis un moment déjà et, même les rongeurs ne semblaient oser pointer le bout de leur nez, pourquoi ? Tu commences à sentir ton ventre se tordre, ton instinct te disant de faire attention mais, que se passe-t-il ? Tu t'arrêtes une nouvelle fois, vigilent, complètement en alerte, ton oreille droite se mit à frétiller en percevant un bruit. Quelque chose s'approche … Humant de nouveau l'air, l'odeur que tu avais perçu se fit plus présente et, peu à peu, tes babines se retroussent. Quelque chose se trouve autour de toi …
Tu te remet en route, peut-être te laisseront-ils tranquille mais, non, tu peux entendre le craquement des feuilles, le frottement de l'herbe, le tintement métallique caractéristique des Hommes, ils te suivent … Gardant ton calme, tu essayes de réfléchir, si ils restent ainsi à distance de toi et, te suivent, c'est qu'ils trament quelque chose mais, quoi ? Toi le prédateur, te voilà en train de te faire chasser et, étant un adepte de la chasse, tu vois clair dans leur jeu … Même si les Hommes sont un réel mystère pour toi, tu n'es pas idiot au point de ne pas reconnaître un piège là où il se trouve. Si les Hommes ne se sont pas encore montré, c'est pour mieux te surveiller et, t'inciter à avancer, t'éloigner de leur présence. Eux qui t'entourent, il n'y a qu'un seul endroit où ils ne se trouvent pas, là où ils souhaitent te mener, dans leur piège … Non, hors de question que tu te fasses avoir si bêtement, ils se croient probablement malin mais, ils n'ont pas dû penser qu'ils tomberont sur un loup calme et expert en la matière de chasse. Si tu avais pu sourire, tu l'aurais fais.
Suivant toutefois la direction qu'ils semblent vouloir que tu prennes, tu continues de surveiller leur mouvement en avançant avec prudence pour ne pas te faire bêtement avoir puis, tu finis par t'arrêter. Non, tu n'iras pas plus loin, si tu continues, ils t'auront et, ce n'est pas ce que tu veux. Maintenant, il va te falloir trouver une solution pour t'échapper. Face à ton immobilité, les Hommes ont commencés à bouger, le cercle commençant à se rétrécir peu à peu. Tu peux enfin les voir, armé, ils t'observent avec méfiance alors que tu dévoiles tes crocs, ton poil hérissé tel une crête. Tu les observes, un à un, prenant garde. Le mouvement de l'un d'entre eux te fit tourner la tête juste à temps pour esquiver le projectile qu'il t'envoie, celui-ci se plantant dans le sol, qu'est-ce ? Tu n'as nullement envie de le savoir, il te faut t'enfuir et vite …
Cherchant un échappatoire alors que d'autres te visent de leur arme, esquivant à chaque fois, tu te mets à avancer d'un bond vers eux, les forçant à se reculer sous la peur que tu leur envoie. Après tout, en plus d'être un loup noir, tu es imposant et tes yeux pâles presque blanc par le reflet de la lune naissante ne donne en rien quelque chose de rassurant dans ton regard. Tu grognes, les menace, prêt à leur sauter à la gorge si l'un d'entre eux osent s'approcher d'un peu trop près. Toi qui est pourtant pacifiste, tu n'es pas pour autant de ceux qui se laisse faire si facilement, encore moins par l'un de ces bipèdes, non, hors de question qu'ils mettent la main sur toi, ces êtres que tu hais plus que tout, ces êtres qui ont prit la vie de certains de tes frères et sœurs, ceux qui ont probablement massacrer tes parents, non … Il est hors de question qu'ils te touchent !
L'un de leur projectile t’effleure, tu émis un couinement avant de te tourner d'un seul coup, montrant davantage les crocs avant de sauter sur celui qui avait oser te tirer dessus. Les Hommes cèdent à la panique en te voyant bondir, leurs armes se pointant tous sur toi mais, ils ne semblent pas oser tirer, probablement à cause de l'Homme que tu tiens entre tes crocs. Ce dernier hurle, se débat, te donne plusieurs coups pour le faire lâcher, ce que tu fis, te propulsant en prenant appuie sur l'Homme, lui coupant le souffle avant de prendre la fuite. Maintenant hors du cercle, tu cours comme un dératé, les Hommes te poursuivant, essayant de te tirer dessus. Tu t'enfuis, sentant un nouveau projectile t'effleurer, malgré tout, tu continues. Tu cours aussi vite que possible, mettant rapidement de la distance entre toi et ces Hommes. Peu à peu, tu ralentis ta course, regardant derrière toi, chose que tu n'aurais pas dû faire … Au moment où tu regardes de nouveau devant toi, tu sentis quelque chose enserrer ta gorge. Tu te mis à te débattre furieusement alors que tu sens la chose se serrer davantage, qu'est-ce ? Tu te débattis tel un diable avant de pouvoir te libérer enfin, pas tout à fait … Les morceaux de bois pendent de chaque côté de ton cou, comment et pourquoi ? Aucune idée et, pas le temps de chercher à en savoir plus, les Hommes approchent … Tu te remis à courir, malgré ce qui te serre à la gorge et les morceaux de bois tapant dans tes pattes, tu te préoccuperas plus tard de cela, pour le moment, tu dois leur échapper !
Les Hommes perdirent enfin ta trace, tu te caches dans le trou d'un immense arbre à moitié effondré, essoufflé par ta course et tente de retirer ce qui se trouve autour de ton cou. Au moins, tu auras réussi à les fuir mais, pas sans être blessé, même si il ne s'agit que d'éraflure …