J'étais de nouveau de sortie. On me laissait de plus en plus de libertés, et enfin je pouvais partir à l'aventure autant de fois que je voulais. Nous étions dans un territoire neutre, territoire où l'on risquait le moins de choses, bien que tout était relatif. Ainsi je m'enfonçait dans un lieu lugubre. Des sortes de formes étranges pendaient aux arbres, peut-être des fruits? J'étais trop petit pour les analyser, alors je marchais en dessous.

Un petit vent froid me glaçait le sang, et alors que le soleil se couchait, je me disais qu'un jour je devrais bien rentrer à la maison, enfin, ce n'était pas le temps qui me manquait. Je marchais, et une impression me donnait des frissons, l'impression d'être observé. J'accélerais le pas, mais cette présence ne me quittait pas. Alors que je commençé à l'ignorer...

- AIE... Non... NOOOON!

Je voyais deux yeux pénétrer mon regard. Je ne saurais compter combien de crocs encerclaient mon cou, et des larmes me montaient au yeux. Là , en un instant, j'étais en danger de mort, menaçé par ce loup brun. Danger de mort? Bien petit mot, j'ETAIS mort. Pourquoi me laisserait-il envie? Qu'allait il faire, jouer un peu avec moi, me faire souffrir un peu? Entre deux de mes sanglots je pus entendre :

- N'as tu pas entendu dire que c'est un lieu dangereux par ici?

Il parlait. Sa voix était horrifiante, rauque, grave. Elle n'inspiraot en rien confiance. Que devais-je répondre? Il me dominait clairement, un louveteau ne pouvait de toute façon pas rivaliser avec un adulte... Alors je ne pouvais qu'être passif. Reprends toi Ersatz, sèche tes larmes, et réponds lui franchement. Tu n'avais plus qu'à mourrir digne. Ou bien... Peut être qu'en bluffant un peu... Allez, un peu de confiance, souffle et parle!

- Qui t'es? Bien sûr que je suis au courant!

Je tremblais un peu, mais c'était en permanance ça. Mes yeux bleus fixaient les siens, et je continuais, il s'emblait s'ammuser de moi.

- Tue moi, et c'est toute une future meute que tu auras sur l'dos. Et si je te disais que mes parents seront les alphas de celle-là, me croirais-tu? Aucun doute, tu ne pourra rivaliser contre eux...

Mon tempérament enflamé avait prit le dessus. Et il ne correspondait pas du tout à ma carrure. APrès tout, il n'avait qu'à renfermer la gueule pour en finir avec moi.

Mes yeux plissaient en l'attente d'une mort rapide mais douloureuse. Je pouvais sentir sa bave couler avec ardeur sur ma fourrure, et il semblait réfléchir à mes paroles. Avais-je capté son attention? Apparemment, il était tombé dans la gueule du loup, j'avais trouvé un moyen de gagner du temps! Sa gueule se rouvrit, et je priais pour qu'il pose la question que j'attendais :

- Je suis Tybalt. Alors comme ça tu est un futur prince hein? Alors je serais curieux de connaitre le nom de tes parents.

Hahaha, bingo! Lentement, j'éludais ma position, la conversation avait tourné. Peut-être qu'en lui donnant la vérité, il allait vraiment me laisser tranquille?

- Huuuum... Mon père c'est l'Esprit du Dragon, Is'a! Et ma mère la S'imère Oubliée, Atom. Quand à moi, ze suis Ersatz!... Connais-tu ces noms?

Je n'avais pas le choix, je devais lui dire la vérité. D'une part car j'étais toujours en risque de mort, et d'une autre, si il savait qui était une de ces personnes, il risquait gros.

Tybalt, Tybalt... Aussi souvent que je répétais ce nom dans ma tête, rien ne me venait à l'esprit. Pouvais-je lui faire confiance? Après lui avoir annoncé qui étaient mes parents [Oui, un stratagème un peu honteux, je m'avoue], peut-être m'avait-il lâché juste pour s'ammuser de moi? Entre nous, il savait pertinemment qu'il pouvait me tuer sans se faire repérer... Non. La manière délicate avec laquelle il m'avait déposé me disait instinctivement que c'était un bon loup.

Délicat, oui, comme moi j'aurais considéré le fils d'un ami si j'aurais été plus grand. Définitivement, je pouvais lui faire confiance! Le fait qu'ils soient meilleurs amis, lui et mon père m'intriguait, mais maintenant que je le regardais je l'aimais bien. Alors, je le fixais, les yeux brillants. Etait-il aussi fort que Isha, aussi fort que maman pouvait me le raconter?

- Tybalt? Alors mes parents, tu les z'as connus...? Héhéhé...

Ma voix, même lente sonnait un peu de manière ridicule. Je faisais de mon mieux de m'appliquer dans mes paroles mais rien ne changeait, j'avais toujours ce cheveu sur la langue. Couplé à mon physique typé fil de fer, mes spasmes incessants, comment pouvait-il me prendre au sérieux? Je m'assis par terre, en pleine bataille mentale oubliant quelque seconde le loup qu'il y avait en face de moi. J'en avais marre de paraître aussi faible, alors je baissais la tête, fâché envers moi même. Stupide mais caractéristique d'un enfant n'est-ce pas? Alors il continua, et je relevai les yeux.

- Tu lui dira que je suis désolée mais que tu es passer par la forêt aux pendus et que je ne connais que ton frère Adriel. Il comprendra. En effet je suis le mentor d'Adriel.

Je passerais sur cette agression, il n'était pas mauvais au fond. Mais ce qui me fit un choc, ce fut d'apprendre qu'il était le mentor d'Adriel! Pfff, cet abruti cachait toujours des choses! Mais maintenant qu'il le disait, Tybalt m'avait bien l'air d'un loup puissant. J'enviais limite mon frère. Et si...

- Dis, Tybalt... Tu m'as l'air fort. Quand mon frère deviendra un puissant loup, tu accepteras de t'occuper de moi comme tu l'as fait pour lui? Et puis, j'ai vraiment envie d'en savoir plus sur toi!

Ma question était claire et simple. Mes questions même! Il pouvait détourner du chemin, partir et m'abandonner ici en ne me donnant aucun intêret. Ou alors il pouvait reconsidérer la question, et...

Et éventuellement accepter?

Il sembla réflechit longuement à ma question. Ce loup m'intriguait beaucoup, quand il se taisait, une aura horrifiante se formait autour de lui. On voyait qu'il n'était pas blanc au pelage, et l'on devinait qu'il n'était pas sain d'esprit. Sain d'esprit, sain d'esprit... Sans doute, il devait avoir déjà tué pour avoir autant de confiance en soi. Qui se promènerait seul sur un terrain d'humain pareil à lui? Quelle taille mesuraient ses dents, une demie patte quand il est énervé? Je m’imaginais des fantaisies extraordinaires quand soudainement, il brisa le silence en m'annonçant que c'était viable mais encore à réfléchir... Oh, mes yeux se remplirent de joie, et je bondissais subitement trois fois tout en m'exclament :

- Ooooh, ouais! Souette! Hihihi, j'espère que ca arrivera!

Stupidement, mes jambes cédèrent sous le poids de mon corps. Je n'aurais pas du sauter autant, maintenant mes genoux me brûlaient... En une dizaine de seconde je me relevai, et Tybalt continua de parler.

- -Je vais y aller, souhaite tu que je te guide jusqu'à la sortie de la forêt, elle est dangereuse. J'en suis la preuve même et surtout depuis qu'il y as ces foutues humains qui y ont installer un camp.

Oh, maintenant qu'il le disait, la nuit commençait à tomber! Nous pesions longuement le poids de nos mots, cela faisait un moment que l'on s'était rencontré... Effectivement, je ne tenais pas encore à mourir alors je lui dis :

-Huuuum... Ze veux bien que tu me raccompagnes si ça te dérange pas hein! Merci beaucoup!

Ainsi notre voyage pouvait continuer encore un peu.