Chasseur Chassé

« Défi solo »

Une journée de merde de plus dans ce monde dévasté. La guerre est mon quotidien depuis si longtemps maintenant que je ne fais plus attention aux bombes ou aux morts. La guerre est devenu la normalité. Je ne me rappelle même plus de comment était la vie d'avant. Avant que le chaos ne nous emprisonne dans ses griffes. La paix est un mot qui tend à disparaître du vocabulaire. Mais, malgré tout nous faisons ce qu'il faut pour survivre. Tout ce qu'il faut. J'hume longuement le breuvage dans mon verre. Un whisky pur malt l'un des derniers des environs il me semble. Je porte le verre à mes lèvres tout en observant l'intérieur de la cabane. Les outils disposés au mur et le matériel éparpillé dans les moindres coins donnent une impression de négligence complète. Mais cela ne me dérange pas le moins du monde. Ce foutoir est l'illustration parfaite de ma vie. Un bordel permanent. Mais, je me sens bien ici. C'est presque un refuge à mes yeux. C'est le seul lieu ou je me sens bien. La pluie se met à tomber. Je peux l'entendre goutter sur le toit. Je m'approche de la fenêtre et observe les environs. Il n'y a rien à signaler et je retourne m'asseoir à la table au coin de la pièce. Je savoure mon whisky les deux pieds sur la table. Lorsque des cris me tirent de ma torpeur. Ce sont des cris de chien. Mes chiens. Deux bergers allemands dressés pour tuer. J'enfile mon masque avant de me saisir de mon fusil et de sortir de la modeste cabane. Puis, je détache Rex et Euria et passe mon fusil en bandoulière avant de descendre les marches en bois usés par le temps et la pluie. Mes molosses se sont calmés. Néanmoins,je sais parfaitement qu'ils n'auraient jamais aboyé pour rien. Alors, je reste à l’affût alors que j'avance lentement mais surement vers la lisière. Soudain, un mouvement attire mon attention. Une forme noire dans les arbustes. Je m'approche pas à pas en silence totalement concentré. Soudain, Rex et Euria se déchaînent. Il aboient et grondent vers les arbres devant moi. Un loup. Bon sang ! Un loup ici. Je sens un frisson parcourir mon échine alors que la peur s'installe dans mon esprit. Mais, je me ressaisis bien vite. Je ne risque absolument rien. Je suis armé et accompagné de mes fidèles molosses. Je jette un coup d’œil vers le lieu ou j'avais accroché le lapin que je venais de chasser. Mais, le lapin ne pendait plus à la branche de l'arbre. Satané loup. Voleur de pitance, je vais t'apprendre moi. Tu me serviras de paillasson avant que la nuit ne soit tombé. Saleté de bête sauvage ! Je m'empare de mon fusil et vise le loup. C'est difficile car les deux chiens s'excitent de plus en plus et m’empêche de me concentrer. Je lâche finalement les deux laisses. Et m'élance à la suite des deux traqueurs. J'ai du mal à courir à cause de la boue dans laquelle mes bottes s'enfoncent mais je tiens la route. Je ne le laisserais pas s'en tirer. Au bout d'un moment, je m’essouffle et m’arrête puis je vois que le loup noir est pris au piège entre Rex et Euria. Je le mets en joue et vise. Un sourire mauvais étire mes lèvres alors que j'appuie sur la gâchette. Mais, ma balle n'atteins pas le voleur mais Euria qui s'est jeté sur le loup au dernier moment. Non, mais c'est pas vrai. Le loup détale le lapin dans la gueule sans demander son reste alors que Rex est comme tétanisé devant le cadavre de la chienne. Je vais chercher Rex et retourne à la cabane. Me noyer dans l'alcool voilà ce que j'ai de mieux à faire maintenant. Ce foutu canidé doit bien jubiler là ou il est. Mais, qu'il en profite bien car bientôt nous aurons virer ces foutus loups de nos terres.