La lune luisait de tout son éclat cette nuit là. Yroen surgit de la lisière de la forêt pour se retrouver nez à nez avec les grandes plaines de cendres. Autre fois, cette immensité désertique appartenait à la meute des hurleurs de l'Aube. Une meute jadis puissante, anéantie pas la folie humaine. Leur disparition avait été la première attaque portée par les humains à la communauté des loups. La première attaque meurtrière et sanglante... Les prémisses d'une nouvelle ère ... Une ère qu'elle et sa meute affrontaient de leur mieux en ce moment même ...

Yroen jeta un bref regard à droite, puis à gauche, afin de s'assurer de ne courir aucun danger. Cette plaine avait beau être magnifique, elle était également mortellement dangereuse. Aucun arbre, aucune pierre, aucun endroit derrière lequel se cacher ... La prudence était donc essentielle lorsqu'on s'y aventurait. Ne voyant rien de suspect, la louve sorti du couvert des arbres et entra sur la plaine désolée.

L'Alpha connaissait bien cet endroit. Elle s'y rendait régulièrement lorsqu'elle avait besoin de se retrouver un peu seule. Les loups ne s'y aventuraient que rarement, de même pour les humains. Cette terre désolée n'avait rien à leur offrir. Sans parler des tristes souvenirs qu'elle fait resurgir pour chacune des deux espèces.

Alors qu'elle marchait depuis déjà plusieurs heures, humant l'air frais de la nuit et observant les étoiles, la louve atteignit enfin l'endroit quelle recherchait. Au loin, brillait sous la lune un enchevêtrement de tanks éventrés et autre engins de guerres humains. Des "Tanks", oui c'est ainsi que les avait nommés Kiriac le Prince Hurleur de l'Aube. Jusqu'alors, Yroen ignorait tout de ces monstrueuses bêtes de métal, crachant le feu et semant la désolation ... Elle ignorait également tout du prince déchu ... après avoir erré sur ses anciennes terres, le prince avait finit par fuir son passer et ce qu'il restait de son clan. Yroen espérait que là où il était il avait enfin trouvé la paix ...

Perdue dans ses pensées, Yroen ne vit pas la crevasse qui serpentait à ses pattes. Étonnée de sentir soudain le vide sous l'une de ses pattes avant, la louve bascula en avant et glissa au fond de la crevasse. Étourdie pas sa chute, la louve secoua la tête de droite à gauche pour chasser le bourdonnement qui sifflait à ses oreilles, puis se sentant revenue à elle, leva les yeux vers le ciel.

Elle était tombée de presque quatre mètres de haut. Autour d'elle, la crevasse semblait être longue d'une dizaine de mètres et large de seulement deux. Les parois lises et apiques étaient couvertes de cendres, rendant leur escalade pratiquement impossible. Soudain, une douleur cuisante irradia la patte avant de la louve. Yroen connaissait bien cette douleur et pesta intérieurement tout en serrant les crocs ... Cette blessure, elle la devait à la Horde lorsque celle-ci l'avait lâchement attaquée ... Maintenant refermée, la plaie continuait cependant à meurtrir la louve de temps à autres ...

Yroen se releva en boitillant légèrement. Elle se trouvait dans une situation bien délicate ... sa patte meurtrie l'empêchait d'escalader les parois et sur ces terres désolées, qui donc pourrait lui apporter de l'aide ? ... Doucement, Yroen leva la tête et laissa échapper un long hurlement ... qui sait quelqu'un était peut être dans les environs ... Humains, Loups ... qu'importe ... L'important était dans un premier temps de sortir d'ici.


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