Un bruissement dans les buissons, non loin de lui, fit frémir le Pantin. Il s’obligea immédiatement à éviter toute pensée sur ce qui pourrait bien le menacer derrière ce buisson touffu. Il s’en éloigna, l’esprit vide, se persuadant qu’il n’avait rien à craindre. Mais la Peur fut plus forte, car dès qu’il tourna le dos à ce tas de feuilles il fut pris d’une irrépressible envie de fuir, le plus vite possible, le plus loin possible. Et il ne put résister à cette envie. Il s’élança avec force, galopant sur les feuilles mortes, sans se soucier du bruit qu’il pouvait bien faire. Et plus il courait, plus il avait peur. Plus il courait, plus il était persuadé que quelque chose le poursuivait. Il ne se retourna pas une fois, la crainte lui donnait des ailes. Il galopait à toute vitesse sous le couvert des arbres, ignorant l’air qui asséchait sa gorge et faisait crier ses poumons.

Il galopait, galopait toujours plus vite, ses foulées devenant plus raides à chaque nouvel effort, ses muscles le lançant un peu plus à chaque nouveau mouvement, et ses poumons le brûlant un peu plus à chaque nouvelle inspiration. Le loup brun soufflait déjà fort, lorsqu’il aperçut le renard qui s’échappait à une centaine de mètres devant lui, la queue entre les pattes arrière, filant bon train. Son cousin roux avait certainement du croire que le loup le poursuivait, alors qu’il n’en était rien. Mais Palladium, malgré son épuisement, sauta sur l’occasion qui se présentait et redoubla d’efforts. Malgré les tiraillements auxquels il était sujet, et à la souffrance qui ne cessait de grandir en son être, sa foulée gagna de l’amplitude et, centimètre par centimètre, il grignotait du terrain sur cette proie inopinée. Il espérait juste que le renard ne trouverait pas un terrier où se terrer avant qu’il ne l’ai rejoint. Le prédateur s’approchait, s’approchait. Le renard jetait des coups d’œil furtifs vers son poursuivant, et Palladium vit la terreur habiter l’œil fou du canidé. Il le vit tourner la tête légèrement sur sa gauche, et il effectua brusquement un virage dans cette direction.
Déstabilisé, Palladium dérapa sur le tapis forestier, perdant quelques précieuses secondes qu’il avait réussi à gagner sur le renard, qui s’échappait dans une légère montée. Le loup brun grogna contre ses poumons qui criaient grâce : pas maintenant, pas si près du but. Il ne perdit le renard de vue que lorsque ce dernier s’engagea rapidement sous un amas de rochers. Le loup ne perdit pas une seconde et, voyant qu’il était trop grand pour parvenir à passer sous ces énormes roches, il bondit sur elles. Il sautait de rocher en rocher, sur une sorte de digue naturelle qui redescendait en pente douce vers le sol. Il effectua un dernier saut, pour atterrir en souplesse sur les feuilles mortes. Visiblement, il avait entravé les plans du renard qui arriva quelques secondes après lui à la sortie de la digue de pierres. Le petit canidé s’arrêta de justesse pour se retourner et retourner se cacher entre les rochers protecteurs. La mâchoire du Pantin claqua dans le vide, à quelques centimètres de la queue touffue de son cousin.

Le souffle court, pantelant et haletant, le loup brun peina à retrouver ses esprits. Ses membres étaient raides et chauds, et son cœur peinait à retrouver un rythme normal. Il regarda autour de lui : il avait surmonté une sorte de petite colline, et en contrebas il pouvait aperçevoir un autre point d’eau, similaire à celui où le chevreuil l’avait si lamentablement semé. Palladium hésita. Rester ici, et tenter d’attraper ce fichu renard, ou partir tenter sa chance à ce point d’eau qui risquait d’attirer bon nombre d’herbivores ? Le loup brun n’hésita pas longtemps : le renard était peut-être déjà ressorti des cailloux par là où il était entré, et il devait déjà être loin. De plus, le loup avait besoin de récupérer son souffle, et il descendit donc cette légère pente tranquillement.
Lorsqu’il arriva près du point d’eau, il ne perçut la présence d’aucune proie. Il chercha un endroit propice où il pourrait se camoufler et voir sans être vu. Hors de question de réitérer l’échec précédent. Il se posta entre deux rochers, camouflé par un épais rideau de fougères. Il s’allongea sur le ventre, attendant qu’un animal fasse son apparition. Son rythme cardiaque redevenait peu à peu normal, et le soleil picotait ses yeux dans une chaleur agréable. Il sentit son esprit tanguer, et il commença à somnoler sans s’en apercevoir.
Une branche craqua à quelques mètres, le faisant sursauter brutalement. A cet instant, le loup se crispa et risqua un œil hors de sa cachette. A deux mètres de lui à peine, une biche regardait les alentours d’un œil inquiet. Elle avait sans doute flairé la trace de son passage et s’inquiétait de savoir où il pouvait bien se trouver à présent. Mais le loup était invisible, et l’herbivore pencha lentement sa fine encolure vers l’eau trouble. C’était exactement le temps qu’il avait fallu à Palladium pour la contourner et la prendre à revers. Il se jeta sur elle dans un grondement sauvage, tous crocs dehors. La biche esquissa un écart, qui déstabilisa le loup et il parvint à l’attraper à la gorge, l’entraînant dans sa chute, droit dans l’étang. Il se retrouva immédiatement immergé, l’eau entrant dans ses narines, dans ses oreilles et piquant ses yeux qu’il ferma immédiatement. Il bloqua sa respiration, serrant ses mâchoires autour de la gorge de sa proie qui se débattait dans l’eau, balançant ses sabots en tous sens. Le loup tint bon, malgré les à-coups brutaux que donnait la biche en se débattant. Il commençait à manquer d’air, et tenta de retourner la situation à son avantage, profitant d’un sursaut de la biche pour sortir la tête de l’eau et y plonger celle de sa proie en s’appuyant de tout son poids sur son encolure. L’herbivore se débattit plus violemment encore, et un de ses membres heurta Palladium en pleine tête, ce qui le fit chanceler. La biche sortit la tête de l’eau, prenant une inspiration goulue, avant que le loup brun ne la contraigne à replonger. Peu à peu, ses mouvements se firent plus mous, moins vifs, et lorsque des bulles éclatèrent à la surface, Palladium relâcha sa prise.

Haletant, le loup brun traîna sa nouvelle capture hors de l’étang, le poil détrempé. Il hissa le corps lourd, dont le poids était augmenté par l’eau que la biche avait ingéré, sur la berge. Il lâcha enfin prise, la mâchoire crispée par l’effort continu qu’il venait de fournir, et s’ébroua pour se débarrasser de l’humidité. Il avait bien failli mourir noyé, cette fois-ci. Et, ironie du sort, il mourait de soif. Il se dirigea donc à nouveau vers l’étang, pour y ingérer un peu d’eau.
Ce n’est que lorsqu’il lapait la surface avec une certaine délectation, qu’il remarqua les ombres qui se mouvaient sous la surface, ondulant joyeusement dans l’eau trouble. Des poissons ! Le prédateur jeta un œil au cadavre de la biche pour s’assurer qu’il était toujours là, et se lança dans cette expérience inconnue. Il avança lentement à la surface de l’eau, entrant jusqu’au poitrail, prenant soin de ne pas créer de remous. Les poissons batifolaient autour de lui, comme s’ils ne l’avaient pas remarqué. Etranges animaux, qui ne fuyaient pas devant la menace… Comment faire pour les attraper ? Palladium, à regret, ferma les yeux et, lorsqu’un de ces animaux passa près de lui, plongea la tête toute entière sous la surface, ouvrant la mâchoire pour attraper le poisson. Ses crocs se refermèrent dans l’eau, ce qui lui valu une bonne gorgée d’eau sale. Il sorti la tête, toussant pour recracher cette eau qu’il avait ingurgitée en trop grande quantité, avant de retenter l’expérience. Ses crocs claquaient sous l’eau, mais toujours sans succès. Il bondissait dans l’eau, commençant à s’exciter sur ce jeu qui le frustrait par son échec constant. Le loup finit par abandonner la partie, considérant que ce n’était pas réellement son domaine de prédilection et préférant prendre un peu de repos.

Palladium était rentré au camp Sekmet après cette chasse qui l’avait totalement vidé de son énergie : il avait dormi plusieurs heures, avant de ressortir de sa tanière au crépuscule. Le soleil commençait à disparaître derrière les montagnes lorsqu’il se mit en marche, en silence. Le ciel se teintait peu à peu de rose, et la pluie qui s’était déclarée en milieu d’après-midi avait cessé de malmener le paysage. Dans la forêt, le sol humide faisait des bruits de succion à chaque pas que faisait le loup brun. Pas étonnant qu’aucune proie ne montre le bout de son nez : on devait l’entendre se déplacer à des kilomètres à la ronde… Il décida donc de s’engager sur un sentier, probablement créé par les Hommes. Emprunter des sentiers tels que celui-ci était dangereux, il le savait. Mais le soir approchait, et les Bipèdes s’aventuraient rarement en forêt de nuit. Et puis au moins, il était au sec et ne faisait plus autant de vacarme.

Chasse:

Plus il avançait, plus la pénombre tombait sur la forêt. Le monde entier semblait figé autour de cette bête sauvage qui progressait, et que rien ne semblait perturber. Pour une fois dans son existence torturée, il se sentait ivre de puissance. Il n’avait plus peur du bruissement des arbres, ni du craquement des branches. Il se sentait souverain et maître de cette forêt dont il était l’unique prédateur. Il n’avait plus à craindre ses démons qui semblaient s’être endormis.
Se dressèrent alors devant lui un massif de pierres énormes qui semblaient obstruer le sentier. Il chercha à les contourner à droite, à gauche, mais ne trouva aucune issue. Il entreprit donc d’escalader ce monticule qui devait bien toiser dans les cinq mètres de haut. Le Pantin bondit sur une première pierre, puis sur une seconde. Le jeu semblait enfantin, jusqu’au moment où une de ses pattes postérieures dérapa sur la roche humide. Il perdit l’équilibre et se rattrapa de justesse grâce à ses pattes avant. Se redressant, le cœur battant, il jeta un œil en contrebas. Il se trouvait déjà suffisamment haut pour qu’une chute soit très douloureuse.
Il reprit son ascension, faisant preuve de davantage de prudence. Il sautait, à droite, puis à gauche, profitant de chacune des aspérités qu’offrait la roche pour s’élancer plus haut, toujours plus haut. Il commençait à haleter, se disant qu’il avait mal évalué la hauteur de ce mur. Il fit encore quelques bonds, se rattrapant de justesse au dernier qu’il eût esquissé, se retrouvant – enfin ! – au sommet de ces fichus rochers.

Chasse:

Ses membres étaient sujets à un léger tremblement, tandis qu’il haletait à grand bruit, perché sur ce promontoire qui lui offrait une vue imprenable sur la suite du sentier qui continuait de s’enfoncer dans la forêt. Il s’assit quelques instants sur les roches, attendant de récupérer un souffle et une activité cardiaques normaux. Quelques rares oiseaux gazouillaient encore dans le crépuscule, et rien ne semblait annoncer la présence du prédateur dans cette forêt où tout semblait si calme et si serein. Il scruta le couvert des arbres, et examina chaque buisson, à la recherche d’un animal qui pourrait bien se tapir dans le coin. Chaque parcelle d’ombre formait une cachette idéale, et le loup brun examina chacune d’entre elles avec soin, ses yeux jaunes fouillant l'obscurité avec avidité.

Chasse:

Le Pantin était donc juché sur son promontoire, l’œil avide, lorsque ses prunelles s’arrêtèrent sur le buisson le plus touffu qu’il ai pu trouver. Il scruta ce buisson fourni d’épines, persuadé qu’il venait d’y voir un mouvement qui aurait trahi la présence d’un quelconque animal. A présent, les branches avaient bel et bien bougé, il en était certain. Palladium bondit du promontoire sans attendre son reste, bondissant à nouveau de pierres en pierres. La descente s’annonçait plus aisée que la montée, et il parvint au bas du promontoire en moins d’une minute. Il trottina silencieusement, à foulées souples et cadencées, jusqu’à ce fameux fourré. De légers grognements s’en échappaient, et de la terre volait de par et d’autre du feuillage dense. Palladium crût deviner de quoi il s’agissait : la bataille s’annonçait rude. Qu’importe, il s’élança par-dessus les épines et tomba pile poil sur le dos de sa proie, qu’il avait correctement évaluée : un blaireau.
Ce dernier, surpris, se retourna immédiatement vers son agresseur et, avant que le loup n’ait eu le temps de tenter quoi que ce soit, ses petits crocs pointus s’étaient plantés dans l’épaule du prédateur. Celui-ci laissa échapper un couinement tandis que les dents de sa proie se retiraient de sa chair. Il saisit l’insolente bestiole par l’oreille, tandis qu’elle tentait de s’échapper, mais l’oreille se déchira et du blaireau, ce fut tout ce qui resta entre les dents du loup brun. Le blaireau roula dans la poussière en gémissant et le Pantin se jeta sur lui, tous crocs dehors. La proie n’avait cependant pas perdu ses moyens et elle mordait à tort et à travers, les coups de dents pleuvaient partout sur le loup qui ne savait plus comment se défendre, l’animal semblant insensible à ses attaques. Palladium se dépêtra tant bien que mal de l’étreinte du blaireau, estimant qu’il lui fallait une pause pour trouver une meilleure stratégie. Le blaireau, acculé, lui fit face, haletant. Les deux animaux se regardaient en chien de faïence, semblant attendre que l’un d’eux donne l’offensive.

Chasse:

Les deux animaux étaient donc là, à attendre dans un silence pesant, qu’un des deux attaque l’autre. Le Pantin ne savait pas comment prendre cet animal bien trop agressif : tous ceux qu’il avait attrapés dans les boyaux étaient en bien moins meilleure forme, et ses membres le faisaient souffrir. Soudain, un bruit de galopade se fit entendre non loin d’eux. Le loup brun dressa ses oreilles et se redressa, regardant par-dessus le buisson pour voir de quoi il s’agissait. Profitant de ce court instant d’inattention, le blaireau en profita pour filer à toutes pattes. Le Pantin se rendit compte de sa méprise et jeta un bref coup d’œil à sa proie qui fuyait. En réalité, il n’en avait rien à carrer, puisque ce qu’il avait vu de l’autre côté de son buisson était bien plus intéressant. Cette galopade était produite par un groupe de daims qui fonçaient droit sur lui. Le loup sauta sur l’occasion : il se cacha derrière le buisson, aux aguets. Il attendrait qu’un des herbivores passe à côté de lui, pour lui sauter dessus dès que l’occasion se présenterait.
Une ombre passa au-dessus de lui et il sursauta. Un daim adulte venait de sauter avec une facilité déconcertante par-dessus le buisson, survolant le loup sans même l’apercevoir. Soudain, ce fut une cohue sans nom. Le prédateur se trouvait encerclé d’animaux qui couraient droit devant eux, certains sautant par-dessus lui, d’autres filant à droite ou à gauche de sa cachette. Il commençait à être déstabilisé par leur trop grand nombre, quand il se souvint de se concentrer sur une seule proie. La prochaine, ce serait la bonne. Il ne fut pas long à attendre, puisque déboucha presque immédiatement une femelle qui galopait à toutes jambes. Palladium ne perdit pas une seconde et, d’un bond puissant, il sauta sur le dos de la bête. Cette dernière s’en rendit compte avec quelques secondes de retard, et elle se mit à bondir en tous sens, pour se débarrasser de ce dangereux passager clandestin. Le loup glissait inexorablement vers le sol, ne trouvant pas de prise où se maintenir. Il se débattait, mais glissait toujours sous les soubresauts de la biche ralentie. Lorsqu’il chuta totalement, la chance lui sourit : d’un coup de croc, il attrapa une patte postérieure dans sa mâchoire, qu’il ne lâcha plus malgré les ruades de l’animal. Les autres herbivores étaient déjà loin, et la femelle commençait à s’épuiser dans la gueule du prédateur qui la faucha d’un coup de pattes. Elle s’écroula sur le flanc et, avant qu’elle puisse se relever, il sauta vivement sur elle, enfonçant ses griffes dans sa chair et la clouant au sol sous son poids. Elle se débattit, geignit, donnant des coups de tête et de pattes, mais rien n’y fit. Le Pantin enfonça ses crocs dans sa gorge, sans aucune hésitation.

Chasse:

La femelle daim expirait lentement sous ses crocs, rendant son dernier souffle dans un râle de souffrance. Le loup était patient, il attendait qu’elle meure, ne desserrant pas son étreinte. Lorsqu’enfin, elle ne bougea plus, il relâcha sa prise, pouvant enfin respirer librement à son tour. C’était là une fort belle prise, et le loup s’estimait fier de lui. Soudain, quelque chose le fit rouler sur le sol avec violence, et une douleur fulgurante se glissa dans son flanc gauche. Il se redressa cependant rapidement, avec une grimace de douleur, et tomba nez à nez avec un second daim qui venait à peine de se relever, lui aussi, l’air ahuri. Encore un retardataire qui ne regardait visiblement pas où il allait. Ce daim-là avait l’air bien plus jeune, et Palladium s’élança vers lui avec un grondement rageur. Mais le jeune animal, plutôt que de fuir, arma ses minuscules cornes contre le loup et le chargea avec violence. Le Pantin esquiva sans mal cette charge qui trahissait une grande inexpérience, et mordit l’herbivore à une patte postérieure, le faisant trébucher. Il allait se jeter sur lui, mais le daim était vif, et il se releva, n’offrant au loup que le goût de la poussière. Palladium roula dans la terre, et ne put esquiver une deuxième charge. Le daim le percuta de plein fouet, et le loup brun roula à nouveau sur le sol. Ses côtes le lançaient violemment, et la douleur le faisait haleter. Il se releva avec peine, esquivant de justesse une autre charge de ce fou d’herbivore. La haine entamait sérieusement l’âme du loup, et même s’il savait que la haine le rendrait imprudent, il ne pouvait se contrôler. Il attaqua donc l’animal au corps à corps, tous crocs dehors, dans un grondement sourd et incessant. Il mordait à droite, à gauche, les membres antérieurs, les flancs, et le daim tentait de le faucher à nouveau, sans succès. Le loup haletait, l’effort était trop long. Ses poumons étaient en feu. Enfin, l’occasion se présenta : il put attraper, à défaut de sa gorge, le mufle humide du daim dans sa gueule. Il l’engloba tout entier, bien décidé à l’étouffer lentement, très lentement. L’animal se débattit, lançant ses antérieurs sur le dos et dans les flancs de son agresseur, mais celui-ci tenait bon. Vas-tu donc mourir, saloperie. Ses dents se serrèrent un peu plus, et le daim émit un gémissement. Il ploya les genoux, et tomba avec une lenteur infinie sur le sol. Il faiblissait. A présent, il ne bougeait plus. Il était mort. C’était certain. Le loup relâcha sa prise, respirant une grande goulée d’air à grand bruit. Il s’assit un instant, tentant de recouvrir ses esprits. Le corps inanimé s’agita soudain d’un souffle et, avant que le Pantin n’ait eu le temps de tenter quoi que ce soit, le daim s’était levé d’un bond et fuyait à toutes jambes vers la forêt.

Chasse: