Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Aion, le jeune loup se promenait dans la forêt pour se défouler les pattes qui le démangeait de marcher. Il traversa la forêt à toute vitesse, esquivant les arbres en face de lui, du moins ce qu'il en reste. Le soleil était à son zénith, ce qui voulait dire qu'il était midi. Aion monta sur un rocher, puis sauta sur un autre, puis sur un autre. Il manqua de déraper sur un rocher qui était humide. Il redescendit de peur de se blesser. Il fit quelques pas et sentit une odeur de gibier. Le jeune loup se dirigea vers elle. Elle se dirigeait vers un trou dans le sol, qui semblait peu profond. Mais soudain, il dénicha une odeur différente, une odeur très particulière. Celle d'un loup! Il ne pouvait savoir qui c'était... Alors, les oreilles aux aguets, il avança doucement, attentif au moindre bruit. Il s'arrêta soudainement. Un craquement de branche le surpris. Il se coucha, observant à l'endroit du bruit, quand une boule de poil sortit des buissons...
Maman a dit qu'on doit toujours se méfier des bruits et du monde extérieur. Qu'on ne doit faire confiance qu'aux membres de la meute et encore, seulement à ceux qu'elle nous a présentés et que nous connaissons un minimum. Alors, ici, en plein milieu d'une forêt lugubre, j'avoue éprouver la peur. Mais je surpasse ce sentiment comme je le peux, parce que je refuse de courir à la tanière et de me cacher entre les pattes de maman. J'aurais alors l'air d'un froussard et au fond, c'est exactement ce que je serais. Je ne veux pas être un froussard. Papa ne serait pas fier de moi. Et maintenant que je sais qui il est, maintenant que je peux dire à tous de qui je suis le fils, je refuse catégoriquement d'apporter la honte à ma famille. Du haut de mon premier mois de vie, je veux déjà prouver à tout le monde que je suis le digne fils de mon père, et qu'un jour je marcherais dans ses traces. Je ne connais pas encore l'ampleur de tout ce qui le lie aux Sekmets, et la seule chose que je sais de la Horde, c'est que ses membres sont dangereux. Mais un jour je serais en âge de comprendre, et alors plus rien ne pourra m'arrêter.
J'ai quitté la tanière bien tard, parce que maman nous enseignait des choses, ce matin. Mais là, enfin, elle est partie pour nous ramener à manger. Je me suis précipité dehors, cela fait bien des jours entiers que je n'ai pas senti l'herbe roussie sous mes pattes et je mourrais d'envie d'aller me balader. Mon frère aurait pu me suivre, mais il n'avait pas envie aujourd'hui. Alors je suis seul, seul avec ma peur, et j'essaie maintenant de retrouver le chemin de la tanière. Je suis parti si vite que je n'ai pas eu le temps de mémoriser le trajet, et je suis maintenant complètement perdu dans une forêt sinistre où des cadavres putrides pendent aux arbres. Les ombres sont inquiétantes, les bruits m'angoissent et, petit corps trapu recroquevillé sur lui-même, j'essaie d'avancer discrètement pour ne pas attirer l'attention d'un éventuel prédateur. Un louveteau d'un mois n'a aucune chance de s'en sortir face à un ennemi, surtout en terrain inconnu. Soudain, je sens l'odeur de ma meute. Espérant trouver quelqu'un de confiance, je me mets à courir à toutes pattes et même si je trébuche parfois, je déboule d'un buisson le regard rempli d'espoir. Je découvre un grand mâle adulte que je n'ai jamais vu avant, et je prie pour qu'il ne soit pas dangereux.
Le soleil pointait à peine le bout de son nez. L'air était encore frais et le sol humide. C'était un bon jour pour partir sur les terres. Le loup s'élança à pleine vitesse dans la forêt morte. Il pénétra à l'interrieur de celle-ci et, une odeur nauséabonde le prenait au nez. "Pouah! il faudrait un jour penser à les faire descendre de là, leurs corps pourrissent de jour en jour." se dit le mâle. Il continua sa route, les cadavres suspendus étaient très nombreux et au fur et à mesure que le loup avançait, il avait l'impression que les pendus se décuplaient. Il arriva à côté d'un petit buisson où, Aion décida de s'arrêter pour faire sa toilette matinal. Soudain, une odeur familière le fit sursauter. Elle venait de derrière son dos. Il continua sa toilette mais cette fois-ci, plus rapidement. Il était devenu nerveux et des bruits de pas se firent entendre de plus en plus près de lui. Soudainement, il n'entendit plus un bruit. La chose derrière lui avait arrêté d'avançait. Le loup se dit que celui derrière lui avait du sentir son odeur et l'observait. L'odeur était toujours là. Il se retourna et s’avança prudemment. Soudain, un petit louveteaux sortit des buissons. Aion, se jeta en arrière. Il avait eu peur d'un louveteaux! Un minuscule louveteaux! En reprenant son souffle, il écouta le jeune petit lui demander:
Alors, le loup s'avança sûr de lui et répondit gentillement:
-Oui, je suis Sekmet. Dit-moi, qu'elle âge as-tu exactement? Tu m'as l'air plutôt jeune pour un apprenti! Tu ne devrais pas être avec ta mère et ton père? demanda-t-il curieux.
- Oui, je suis Sekmet. Dis-moi, quel âge as-tu exactement? Tu m'as l'air plutôt jeune pour un apprenti ! Tu ne devrais pas être avec ta mère et ton père ?
Si, bien sûr je le devrais. Mais, à y penser, j'aurais manquer de le rencontrer alors qu'il semble si inoffensif. Il a beau être grand et forcément impressionnant pour le louveteau que je suis, il ne montre pas les crocs ni ne gronde. S'il a été surpris lorsque j'ai déboulé comme une furie de derrière ma cachette, il s'en est bien vite remis et son regard amical n'a rien d'un danger, selon moi. Je m'efforce de ne pas montrer la peur que je ressentais avant de le trouver. J'aimerais qu'il puisse dire à mon père que je suis téméraire et courageux, et que j'ai été très fort lorsqu'il m'a trouvé dans la forêt. Mais dans mon regard perce une lueur d'inquiétude, parce que rien n'est encore écrit dans la pierre et mon Destin pourrait être scellé n'importe quand. En effet, rien ne me garantit que ce mâle saura me défendre si un ennemi arrivait. Rien ne me dit non plus qu'il me tolérerait aussi gentiment s'il apprenait que je suis le fils d'un hordien, alors que ma meute dans son intégralité hait avec véhémence chaque membre de la horde.
- J'ai un mois ... Mais je vais rentrer ! S'il vous plait, ne dites pas à maman que vous m'avez trouvé ... Elle me gronderait ...
Et surtout, s'il vous plait, ne me demandez ni l'identité de maman, ni celle de papa. Alors vous passeriez d'un Sekmet inoffensif à un potentiel danger, et alors je n'aurais d'autre choix que de vous craindre et de me méfier de vous. J'aimerais que vous me protégiez tant que vous le pouvez, que vous appreniez à m'apprécier tant que vous ne pouvez me haïr à l'instar de mon père.