En cette magnifique journée ensoleillée, malgré les brouillards encore épais dus aux nombreux bombardements, je décide de quitter le camp de ma meute pour aller me dégourdir les pattes et les crocs. Rien de mieux pour se faire, que de partir en chasse, n'est-ce pas ? C'est pourquoi je me dirige, tant qu'à faire, sur les terres de la meute rivale histoire de leur piquer quelques proies sous la truffe. Rien de tel pour se calmer les nerfs, que de mettre à vif ceux de nos ennemis jurés, n'est-ce pas ? Alors, le sourire aux babines, je trotte tranquillement sous l'astre brûlant de l'après-midi, pour me rendre en terre parfaitement inconnue. Là-bas, peut-être aurais-je la chance de dégoter un ou deux lièvres que je ramènerais pour gonfler les réserves de ma meute et faire, par la même occasion, diminuer les chances de survies des Esobeks. Je dois avouer que je suis d'une humeur excellente, ces derniers temps. Pas question pour moi de combattre aujourd'hui, j'ai uniquement l'intention de faire couler le sang de mes proies. Pas de bagarre, non monsieur. Demain sera un autre jour, et peut-être aurais-je alors envie de faire chier le monde comme à mon habitude ou bien, pourquoi pas, d'aller sagement m'entraîner avec mon splendide et respectable mentor ? J'ai bien hâte de voir ce qu'il sera capable d'inventer pour maintenir mon esprit concentré sur lui plus de quelques minutes. Mais j'ai hâte aussi, et surtout, de savoir combien de temps il sera capable de m'entraîner avant de devenir dingue et d'abandonner en servant des milliers d'excuses à ma mère.

L'endroit est parfaitement désert. Pas la moindre trace d'une quelconque existence. Nul part. Je pourrais presque croire que les Esobeks ont été décimés par la guerre, mais ce serait trop beau pour être vrai, n'est-il pas ? Mon sourire disparaît à mesure que je m'enfonce sur les terres de mes ennemis jurés. Je cherche leur odeur, la présence de quelque loup, n'importe où autour de moi. Mais rien. Rien que le silence et le vent dans les oreilles, rien que la solitude et l'absence de mes ennemis. Je soupire, et je commencer à chercher des pistes. J'analyse le terrain. Des arbustes morts, des touffes roussies par les pluies et la guerre. Rien de bien admirable. J'en viendrais presque à regretter d'avoir quitté les terres de ma meute. M'enfin ... Allez, soyons fou, trouvons donc quelque chose à se mettre sous la dent.

dé de chasse : 11 - 4 = 7

Je capte l'odeur d'un lapin. Je ne saurais me tromper, ces rongeurs m'ont nourris pendant des mois. Je me suis lassé de leur goût âpre et je donnerais ma vie pour une bonne cuisse de chevreuil, mais seul je n'ai aucune chance de capturer une proie de cette taille. Je n'y gagnerais qu'un handicap à vie au mieux, et la mort au pire. Je laisse ma truffe effleurer le sol pendant de longues minutes, cherchant l'exacte position de mon petit animal. Même si la chair des lièvres me rend maussade à force d'en avoir bouffé, elle reste une nourriture riche malgré tout. Je passe par dessus un tronc tombé là, sillonne les terres en escaladant les rochers et en m'envolant au-dessus des bosquets morts, jusqu'à trouver la piste plus récente de mon lièvre. Je dresse les oreilles, écoute attentivement les sons qui m'entourent et, lorsque je suis persuadé de sa position, je fonce à toute allure en décrivant un très large cercle autour de la bestiole. Déstabilisée par mes manies, elle m'observe avec attention, debout sur ses pattes postérieures. Et lorsque je fonds brutalement sur elle, elle part en courant. Mais c'est ma chance et je ne la louperais pas. Je cours à toutes pattes derrière le lapin, qui zigzague à s'en faire tomber les pattes. Il bondit d'un coté, freine brutalement pendant que je dérape et part en sens inverse. Je peine à le suivre mais, fort de mon expérience, je suis persuadé de pouvoir l'attraper. Encore quelques mètres, quelques secondes de course folle. Mais subitement, il disparaît dans un trou que je n'avais pas repéré plut tôt. Je freine vivement, traîne des pattes sur quelques mètres et me stoppe truffe à truffe avec le terrier. Je lâche un grondement frustré en tapant de la patte sur le sol meuble.

dé de chasse : 4 - 4 = 0

Ma détermination n'est pas touchée par ce premier échec. Je ne rentrerais pas les crocs vides, hors de questions. Je m'obstine, je cherche une autre piste. Mais je ne trouve rien. Je gronde, le mécontentement se lisant aisément dans mes yeux d'émeraude.

dé de chasse : 11 - 4 = 7

Après de longues, d'interminables minutes de recherches vaines, je trouve enfin une nouvelle piste. fraîche. Ce n'est pas un lapin, mais quoi que ce soit, ça fera largement l'affaire. Je suis l'odeur musquée jusqu'à un bosquet malade et fatigué de vivre où, j'en suis certain, l'animal se planque. Je me tapis au sol et j'observe le buisson qui se mouve lentement. Il y a bien quelque chose là-dedans, et j'ai la ferme intention d'en faire mon repas. Mais j'attends encore, la patience étant l'une des vertus que j'ai eu le temps d'apprendre parmi les loups, avant de disparaître de mon univers natal. J'entends de petits glapissements. Une mère qui vient de mettre bas ? Parfait, c'est une partie trop facile. Gagnée d'avance, même ! Mais brutalement, je reçois une morsure au museau avant même d'avoir le temps de bouger un doigt. Je gronde de douleur, me redresse vivement et n'aie le temps que de reculer d'un pas avant que l'animal sorte de sa cachette pour m'attaquer à nouveau. Un regard sombre, les oreilles en arrière, des bandes noires et blanches sur le dos ... Un blaireau ... Mauvais business pour moi ... L'animal grogne et me saute à la gorge. J'effectue un bond de côté pour l'esquiver et gronde, menaçant mon ennemi en lui montrant mes crocs puissants. Il ne se laisse pas impressionner et se rue sur moi. Dans un noeuds de coeurs et de membres, nous tentant l'un et l'autre de mettre notre adversaire en déroute. Inexpérimenté, pas entraîné pour deux sous, je gagne des morsures et des griffures que je ne suis pas prêt d'oublier. Je gronde, me roule dans tous les sens et envoie alternativement mes pattes et mes crocs pour lui rendre ses coups. Mais après de trop nombreuses secondes de lutte acharnée, j'accepte l'inévitable : je n'ai aucune chance. Je claque des mâchoires, le fait reculer, et je pars en courant. Ce n'est que partie remise, bien sûr. Du moins je m'en convaincs pour me donner bonne conscience face à ce cuisant échec.

dé de chasse : 1 - 4 = -3

Bougonnant, boitant après une morsure au tibia, je repars lentement et espère trouver une proie facile un peu plus loin. Je ne perds pas courage, bien sûr, mais je préfère ralentir l'allure pour cette fois et attendre que les blessures cessent de lancer mes membres endoloris ... Encore une fois, je ne trouve pas la moindre trace de gibier.

dé de chasse : 11 - 4 = 7

Agacé par ma propre incompétence, je décide de m'acharner sur un de ces bosquets mourants. Puisque ces trucs verts agonisent, autant qu'ils me servent d'entraînement à défaut de servir à mes ennemis et mes proies. J'attrape une branche de l'un d'eux et je tire de toutes mes forces, grondant sauvagement comme si j'essayais de convaincre un ennemi que ma force surpasse la sienne. Je gronde, je serre de toutes mes forces et je tire en secouant mon corps pour tenter de déstabiliser l'adversaire. Evidemment, il ne remue pas le moins du monde. Mais je continue ainsi jusqu'à ce que mes pattes me fasse mal à force de s'appuyer si abruptement contre le sol, et jusqu'à ce que mes mâchoires commencent à être douloureuses. Et, tout à coup, un autre lapin s'extirpe du buisson pour filer à toute allure. Je lâche immédiatement ma prise. Je n'ai pas eu le temps de me préparer à l'attaque, mais je pars en courant, le poursuivant sur deux ou trois centaines de mètres. Ses virages soudains sont caractéristiques de son espèce et je ne me laisse pas démonter, je suis bien déterminé à chopper cette créature pour me venger de cette chasse qui n'aura été qu'un échec. J'essaie même, alors que le souffle commence à me manquer, d'anticiper les bonds de ma victime. Puisque je viens d'aller à gauche pour le suivre, je repars aussitôt à droite. Une chance sur deux. Pas de bol, il s'arrête l'espace d'un centième de seconde et repart en arrière. Le temps que je reprenne ma course à sa suite, il s'est déjà trop éloigné et la course à été trop longue pour moi. Je m'essouffle, il disparaît dans les fourrés mourants. Foutu lapin !

dé de chasse : 10 - 4 = 6

Alors que je recommence à marcher pour reprendre mon souffle et permettre à mon coeur de ralentir ses battements, une belette passe à toute allure devant moi. Ni une ni deux, je n'attends pas qu'elle file et je pars à sa suite. le soucis avec les belettes, c'est qu'elles sont encore plus vives que les lapins. Si ces derniers passent de gauche à droite sans arrêt pour semer leur assaillant, les belettes ont une tout autre tactique. je grogne lorsqu'elle rampe sous un tronc, et je passe vivement par-dessus avant de m'empaler dessus. Elle me fait faire le même tour de manège à plusieurs reprises, et j'ai même le privilège de manger un buisson roussi lorsqu'elle le contourne sans que j'aie le temps d'en faire de même. Je roule sur le côté, repars aussitôt et tente de la suivre de nouveau. Un autre tronc à sauter, sur lequel mes griffes se plantent pour que je ne glisse pas en bas, et je bondis en avant pour le rejoindre. Elle court vite, trop vite alors que je me remets à peine de ces foutues courses poursuites. Je claque des mâchoires tout près d'elle, mais elle esquive mon attaque mortelle dans un feulement apeuré et repart de plus belle. Je ne lâche pourtant pas prise, bien décidé à ne pas rentrer les crocs vides, et j'escalade un tas de cendres pour tenter de lui couper la route. Mes muscles me brûlent, mes mâchoires sont en feu, et lorsque j’atterris de l'autre côté de cette montagne grise où mes pattes s'enfoncent douloureusement, je gronde de frustration en m'apercevant que la belette n'est même plus dans mon champ de vision. Enragé, je frappe des pattes dans les cendres et, enfin, je rentre au camp. J'aurais ma revanche, soyez-en sûrs. Mais en attendant, je meurs de faim.