Pour rester en vie, il faut se battre.Calypso
Nocturne
Ça et là, s'étalaient des embouchures fumantes et brûlantes. A chaque souffle, de la vapeur jaillissaient de ces trous et faisait trembler la terre craquelée sous ses pattes griffus. Il en avait besoin. Il fallait qu'il se défoule. Ses dernières rencontres, notamment sa défaite contre l'aveugle sekmet lui avait coûté. Était-il trop faible? Était-ce pour ça qu'il n'avait rien pu faire pour sa sœur? Sa disparition l'avait anéantit plus que de raison, et Nocturne ne se sentait pas de pouvoir revivre ça. C'était bien pour ça qu'il n'acceptait de liens avec quiconque. Personne ne devait l'approcher. Il était un danger pour les autres, et pour lui-même.
C'était ces vagues de désespoir maladif qui le traversaient, montant de plusieurs crans sa jauge d'adrénaline et de fureur. Et ces émotions se traduisaient par une agressivité manifeste. Le coeur battant, les pattes tremblants, l'esprit plus sur de rien, l'animal déboussolé s'élança à travers les jets brûlants qui menaçaient à tout instant de l'ébouillanter. Il ne voyait plus rien, ne songeait plus à rien. Il voulait juste passer. C'était une épreuve pour lui-même. Peut-être se sentirait-il mieux après?
Le hordien se sentait s'affaiblir de jour en jour. Il manquait désespéramment de sommeil. Jamais ses nuits n'arrivaient à être complètes. Les cauchemars le hantaient quand toutes les âmes étaient endormis, et à présent, le sombre pelage craignait qu'ils n'empiètent sur sa journée.
Il n'avait plus de ressources, il coulait lentement, sans rien pour le retenir, il s'enfonçait dans une folie meurtrière. C'était ça. De douleur, il devenait de plus en plus sanguinaire. Même en ayant rejoint une meute, Miroir des Silences de son nom de lune, craignait de devoir l'abandonner, pour ne pas risquer de mettre en péril certain camarades.
A présent, il était là, voltigeant au travers des vapeurs bouillantes, courant, griffant le sol de ses mouvements non maîtrisés. Il agissait par instant, il ne se sentait plus exister actuellement. Rien que l'instinct de survit et le besoin de sensations fortes de son esprit de lupin.
Le sol dur se heurta durement à ses pattes endoloris. La douleur sembla le ramener un tant soit peu à la réalité. Il relevait la tête, huma l'air, y décelant une odeur.
Dans un élan de fureur, le brouillard emplissant son cerveau, le hordien se jeta sur la silhouette qui l'observait. Depuis combien de temps d'ailleurs? Il n'en avait aucune idée. Il savait simplement que ses doutes étaient fondés, à l'instant où ses griffes rencontrèrent la douce fourrure blanche qu'il plaqua avec dureté sur le sol craquelé et tremblant.
Ses crocs s'accrochèrent d'un geste vif à la chair de son cou, alors qu'un lourd grognement de fureur montait de ses entrailles. Un mouvement et le corps pâle ne serait plus qu'une masse sanglante, vertèbres et clavicules arrachées.