Je viens de remonter, enfin, c'est pas trop tôt... Depuis le temps que j'ai envie d'y retourner. On étouffe ici, dans ces stupides cavernes... Enfin, mes pas m'ont emmenée ici, un endroit très lugubre et familier. Le cimetière... Je me souviens encore de ma première visite ici. Pas très rassurante d'ailleurs... J'était petite, trois ou quatre mois, tout au plus... Je m'était sauvée pour la première fois, et franchement, je m'en serais bien passée... J'étais fière, j'avais réussi à courir plus longtemps, et pas en rond comme d'habitude... Enfin, j'étais allée tout droit, jusqu'à ce que je m'arrête, essoufflée. Et puis, j'avais continué à marcher. Je suis arrivée ici, et puis... J'étais terrifiée, rien qu'à voir ces tombes, mais un bruit bizarre, entre le couinement et le hurlement, retint mon attention. J'étais curieuse, vu que c'était ma première sortie, et je suis allée voir. Et après, j'ai compris que j'aurais dû éviter. C'était un loup qui venait d'achever un rat, gros comme moi, enfin presque. Et lorsqu'il m'a vue, il a souris, mais pas un sourire rassurant, pas du tout, un sourire menaçant, et satisfait. Comme s'il avait réussi à avoir deux proies pour le prix d'une. Un sourire à vous glacer le sang dans les veines. J'étais morte de peur. Et il l'avait remarqué, il s'approchait lentement de moi. Heureusement pour moi d'ailleurs. Il aurait pu largement avancer rapidement et me tuer encore plus vite. Je dis heureusement aussi car mon père veillait sur moi, et je peux vous dire que c'était rare. Il avait bondi sur l'autre, et une bagarre sanglante s'était engagée. Mon père a gagné, la preuve, c'est que je suis encore en vie. Mais bon, ce cimetière n'étais pas rassurant quand même, et je voulais faire demi-tour, quand un bruit me fis sursauter. C'était quoi ça? Je me tapis dans l'ombre, et les vis. Deux hommes. Armés. Je décidais de fuir, mais d'un regard en arrière, je compris que j'avais commis un erreur en restant ici. Il y avait deux autres hommes derrière moi. Ils souriaient. Ils m'avaient vue. Il dirent quelque chose, mais je ne compris pas bien ce que c'était, mais je savais néanmoins que ce n'était pas de bonne augure. Les deux autres hommes se rapprochaient dangereusement de moi. D'ailleurs, tous se rapprochaient. Je voulais fuir, mais la sortie du cimetière se trouvait devant moi, derrière les hommes. J'était terrifiée, quatre hommes face à une louve, c'était de la triche. Mais les humains aiment la triche, il l'utilisent souvent face à nous. Zut, zut, zut, me dis-je, il fallait que je trouve une solution... Je regardais tour à tour les hommes, qui n'étaient plus qu'à vingt pas de moi. Le plus proche, celui qui avait parlé, me visait de son bâton qui crache des flammes, les autres riaient. Alors, je décidais qu'il était temps que je saisisse ma chance. Je pris mon élan, et fonçais sur le plus proche à ma droite. Avant que celui qui m'observait ne puisse prévenir son ami, j'était déjà sur lui et le renversais. Il hurla de terreur lorsque il toucha le sol. Je savais que les armes des autres hommes étaient pointées sur moi. Mais, ils ne voulaient pas blesser leur ami en me tirant dessus. Je grognais, toujours sur l'homme, et jetais un coup d’œil à sa face de rat. Il s'était évanouit. Temps mieux, sa tête avait heurté une grosse pierre, l’assommant sur le coup. C'est à ce moment que les tirs résonnèrent. Je m'attendait à souffrir, mais je ne ressentais aucune douleur. Pourtant, un cri d'homme touché retentit. J'ouvrais les yeux, et vis l'un des trois hommes agenouillé par terre, se tenant les côtes. Du sang coulait entre ses doigts. Les deux autres levaient les mains au ciel. Comme s'ils se rendaient. Leurs armes, autrefois pointés sur moi, étaient couchées au sol, aussi inoffensives qu'un louveteau nouveau-né. Et c'est là que je vis les hommes. Un groupe d'une dizaine. Armes pointées sur les autres. Alors, terrifiée, je me sauvais.