Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Tu as froid, très froid … Pourquoi ? Comment cela se fait-il ? Rêves-tu ? Tu ouvres lentement les yeux, il fait sombre … Où es-tu ? Tu tentes de relever la tête mais, celle-ci te fait mal, tel une migraine, que se passe-t-il ? Laissant retomber ta tête sur le sol, tu lâches un grognement en dévoilant tes crocs puis, te force à te lever. Secouant la tête, tu ouvres de nouveau les yeux, ton regard pâle observant ce qui t'entoure mais … Ce n'est pas les souterrains ? Tu lèves les yeux au ciel et, fut stupéfait de voir la lune. Que faisait-elle là ? Que fais-tu là ? Pourquoi te trouves-tu à l'extérieur ? Mince … Tu ne te rappels de rien. Tu tentes de te souvenir mais, à chaque fois, ta tête te fait souffrir, bon sang … Tu n'y comprends plus rien mais, tout ceci ne doit être qu'un rêve, sauf que, dans un rêve, on ne peut avoir froid … Tu essayes de te redresser mais, une horrible douleur te lance au niveau du flanc droit, tu tournes a la tête, remarquant alors la plaie qui se trouvait là. Comment est-ce possible ? Que t'est-il arrivé ?
Rapprochant ton museau de cette plaie, tu la flaires et, passe ta langue dessus. Elle n'est pas vieille, récente même … Le goût du sang frais y est encore même si elle ne semble plus saigner. Tu n'y comprends plus rien, cela t'agace, t'énerve, tu n'arrives plus à réfléchir, à te concentrer, la douleur se réveil, te clouant au sol, bordel …
Tu cherches à te redresser une nouvelle fois mais, n'y parviens pas. Tu essayes encore de te souvenir mais, n'y parviens pas. Bordel, que se passe-t-il ?! Tu lâches un grognement tout en essayant de te redresser jusqu'à ce que tu entendes quelque chose. Tu t'arrêtes net, tes oreilles pivotant en quête de ce bruit. Des branches craques, qu'est-ce ? Qui approche ? Tu humes l'air mais, tout commence à s'emmêler dans ton esprit. Est-ce un prédateur qui a sentie l'odeur de ton sang ? Peut-être est-ce des Hommes ? Peut-être est-ce eux qui t'ont mit dans un pareil état ? Si tel était le cas, il te faut partir en vitesse …
Dans un élan de panique, tu réussis à te relever, toi qui pourtant est si calme, te voilà cédant à la panique mais, après tout c'est normal, qui ne paniquerait pas dans ta situation ? Tu ne te souviens de rien, ta tête t'es douloureuse, ton flanc blessé et, quelque chose se rapproche dangereusement de toi … Non, tu ne peux pas rester calme cette foi-ci, pas tant que tu ne seras pas en sûreté … Tu avances péniblement, essayant d'oublier la douleur, de ravaler ta peur. Tu te mis à trottiner, essayant de mettre autant de distance que possible avec ce qui semble te suivre. Tu as mal, vraiment mal, la tête te tourne, as-tu été drogué ? Empoisonné ? Tu ne te souviens de rien, énervant … Tu n'oses jeter le moindre coup d’œil derrière toi, tu n'oses essayer d'identifier ce qui te suit, non, tu n'as pas le temps pour cela, tu dois t'enfuir, retourner sous terre, retrouver les tiens, après tu pourras tenter de comprendre, après seulement …
Tu quittes les forêts mortes, continuant de trottiner puis, quand tu te sentis enfin prêt, te met à courir pour t'éloigner au plus vite, fonçant en direction de l'un de ces terriers qui te mèneraient jusqu'aux souterrains. Qui aurait cru qu'un jour, ces souterrains te manqueraient ? Qui aurait cru que tu te sentirais plus en sécurité là dessous ? Pas toi en tout cas … Enfin, le moment n'était pas aux questions mais, à la survie. Tu finis enfin par rejoindre un terrier suffisamment grand pour te laisser entrer, te menant jusqu'à l'un des tunnels. Tu continuas de courir, toujours sans te retourner et, quand tu fus suffisamment loin, selon toi, tu te retournes, la langue pendante, haletant, tu sentais du liquide s'échapper de ta blessure mais, au moins, tu étais enfin en sécurité … Tu ignores ce qu'il s'est passé à l'extérieur mais, pour sûr, il s'était passé quelque chose … Passant ta langue sur tes babines, tu finis par prendre les tunnels qui te ramèneront jusqu'à la faille, prenant ton temps cette fois-ci car, de toute manière, tu es bien trop épuisé pour pouvoir continuer à courir …