Tu viens de rentrer avec Allen de ton pillage. Tu as ramené un beau mouton. Et pourtant, tu sens que tu n'en as pas fini pour aujourd'hui. Comme si tu t'y attendais, on vient te trouver. Un bouffon de Hordien te craches d'aller chasser. Tu ignores son ordre jusqu'à ce qu'il montre les crocs. Tu fais alors volte-face et tu l'imites. Tu n'as rien à craindre tant qu'il est seul. Il expectore une phrase qui se veut menaçante. Tes yeux prennent alors une lueur de défi et un sourire arrogant s'affiche sur ton visage. Tu invites le loup à faire le premier pas. Malgré tes provocations, le loup ne succombe pas et reste un moment sur ses positions. Il finit par cracher une nouvelle phrase, t'insultant toi et tous ceux de ta meute de vermine, de bon à rien et de tout autre adjectif peu louable. Content d'avoir ainsi tenu tête à ce loup, tu es presque grisé. Néanmoins, lorsque tu le vois revenir avec un compère, tu es obligé de cracher à leur figure que tu comptais tout de même y aller. Seulement, tu ne t'avoues pas vaincu et continue en disant que tu y vas de ton plein gré et que ce que tu rapporteras, si la chance t'en es donné, ira ravitailler le garde-manger des Sekmet et pas celui de la Horde. Les deux imbéciles, heureux de leur coup, s'en vont satisfait, non sans rajouter une remarque sur ton caractère effronté. Tu secoues ta tête, faisant ainsi sortir cet événement. Puis, tu t'affales dans un coin de la faille de grenat. Là, tu profites d'un instant de répit. Tes yeux se ferment.

Tu cours. Après t'être reposé un court instant, tu es parti chasser. Tu es maintenant en pleine forme et tu parcours silencieusement et à tout allure les sinueux sous-terrains dans lesquels vous être pris au piège par les pluies lames de foudre. Tu espères au moins trouver un rat à ajouter au garde-manger, pour ne pas être parti pour rien. Bientôt, tu atteins un lieu que tu connais parfaitement. Un lieu empestant le bipède, mais dans lequel, tu n'hésites pas un instant avant de t'y infiltrer. Le mur de béton et de ferraille, que tu viens de passer, note l'entrée du bunker éventré, comme vous autre les loups l'appelé. Il s'agit là d'une grotte humaine comportant de très nombreuses cavités, ou pièces, toutes possédant une forme propre aux constructions humaines. Des formes très peu naturelles qui te donnaient presque la nausée. Le lieu sent encore le bipède et pourtant, tu oses y rentrer comme si de rien n'était. Tu es certains que le peu de survivants qui doivent y rester ne doivent pas être en très bon état. Qui sait, tu tomberais peut-être sur une dépouille fraîche, cela pourrait orner le tas de gibier un peu plus. Tant que la viande n'avait pas tourné, vous pourriez toujours vous satisfaire de la chair fade des hommes. Tentant de penser à la chasse que tu allais mener. Tu commences une observation olfactive et visuelle des lieux. Tu n'allais pas tarder à savoir si le destin était de ton côté ou de celui d'un autre.

Une odeur de nuisible ne tarde pas à parvenir à ton museau. Tu remontes la piste rapidement, passant d'une pièce à l'autre avec une facilité surprenante et sans aucune crainte de tomber sur d'éventuels hommes. Tu es trop absorbé dans ta chasse pour faire attention à là où tu mets tes pattes. Tu te fiches pas mal de croiser un humain, tant que tu as de quoi manger ce soir. Avec le mouton et là où les proies que tu vas ramener, tu vas pouvoir manger. Il faudra que tu partes demain, à la recherche, d'une flaque d'eau ou de je ne sais quel liquide. La soif commençait à te gagner. Tes sens n'en étaient plus que développé. Tes griffes rentrées au maximum ne frôlaient qu'à peine le sol, laissant un crissement à peine audible flotter à chacun de tes pas. Tes muscles se tendirent lorsque tu aperçus le rat que tu convoitais. Son pelage sombre et crasseux était difficilement discernable dans le bunker qui prenait les mêmes teintes. En revanche, s'il n'était que très peu visible, olfactivement, il était très présent, presque envahissant de part son odeur puissante. Une fois de plus, tu fus étonné de l'odeur que pouvait dégager un si petit animal. Malgré son odeur semi-alléchante, tu ne comptais pas laisser filer une proie pareille. En ces temps de vies sous terres, c'est ce à quoi vous les loups, vous deviez vous en tenir. De petites et maigres proies qu'on ingurgitait en une bouchée. C'était là les principaux animaux que l'on trouvait sous terre. Tu expiras silencieusement. Et tu pris une bouffé d'air sale et poussiéreux du lieu dans lequel tu te trouvais. Pour la première fois depuis ton entrée dans le bunker humain, tu fis attention à ta position et à tes gestes afin de ne pas attirer l'attention de l'animal. Tu t'approchas tel un chat silencieux s'approcherait de l'oiseau qu'il convoite. Une fois assez proche, tu fléchis sur tes membres fins, mais musclés. Tu fixes le rongeur. Il continue de vaquer à son occupation. Tu ignores laquelle, mais tu n'en as que faire. Tu sais ce qu'il deviendra. Un morceau de viande dans quelques instants. Un vulgaire morceau de viande qui serait avalé sans plus de considération. La vie des rats devaient se résumer à cela. Manger, fuir et mourir sous les crocs d'un prédateur. Répondant à un signal sourd, tu relâchas la tension accumulée dans tes membres postérieurs et avec une agilité digne d'un espion, tu retombas sur l'animal. Le sang perla sous le corps du petit animal et un bruit de craquement se fit entendre. La proie molle et morte pendait à présent dans ta gueule.

Résigné à rentrer de suite avec cette bouillie de rat, tu fais demi-tour. De toute façon, tu n'as pas le choix, tu es au bout du bunker. Du moins, au fond de ce que tu penses être le bout du refuge humain. Te voilà maintenant en train de déambuler dans le sens, approximativement, inverse de ton arrivée. Tu es forcé par une odeur de nuisible de dévier de ta route. Ton instinct te pousse vers l'animal. Cette odeur de viande fraîche, tu ne peux pas laisser passer une occasion. Tu te précipites, remontant la piste plus bruyamment que tu aurais dû. Tu as tout juste le temps de voir la boule de poils noirs filer dans la pièce voisine. Tu fonces alors, dérapant sur une roche. Tu t'étales le museau au sol et le temps que tu te relèves, tu remarques que l'animal a déjà pris de la distance. Commence alors une course poursuite plutôt longue à travers la dédale de pièce. Tu fonces sans faire attention au décor, si bien que tu trébuches de nouveau, sans tomber cette fois, sur une nouvelle pierre. Le rat finit par filer par une ouverture dans le mur. Du bout de la patte, tu essayes de le dénicher, croyant peut-être qu'il prendrait peur ou bien même pouvoir l'atteindre et ainsi le faire sortir. Néanmoins, tu te rends compte que la faille est bien plus profonde que tu le pensais et ta patte ne parvint qu'à toucher l'extrémité de la queue du rat qui finit par disparaître complètement. Dépité, tu abandonnes la trouée dans le mur et tu fais demi-tour, le rat brisé toujours dans ta gueule. Une proie sur deux, ce n'est pas si mal. Ce n'est pas suffisant, mais c'est mieux que de revenir les pattes vides. Penaud, tu rentres. Tu parviens à retrouver la piste olfactive que tu as laissé derrière toi en venant. Tu trouves rapidement la sortie du bunker une fois le mur de béton et de fer passé, tu files en courant vers le camp. Tu as tout de même un rat à déposer dessus.

jour 2

L'aube pointe le bout de son fin museau. Le ciel est à présent inondé de rayons pâles et livides d'une couleur jaunâtre presque écœurante. Tout cela, tu es incapable de le voir. Pourquoi ? Étant donné que tu n'oses pas remonter à la surface. Tu n'as pas peur non. Enfin si, peut-être un peu. Tu essayes juste d'être raisonnable et intelligent. À quoi est-ce que cela servirait de tenter une sortie dehors alors que les pluies lames de foudres déversaient leur acide sur le sol, brûlant tout ce qui se trouve sur son passage et rendant les végétaux comme l'eau empoisonnée et acide elle-même. Qui tenterait une aventure aussi folle ? Un être stupide et dépourvu d'intelligence que tu n'étais pas. Tu étais bien décidé à rester ici, dans les souterrains, terrés comme une vulgaire taupe, jusqu'à ce que la surface redevienne un tant soit peu moins dangereuse. Tes paupières se soulèvent lentement et ton rythme cardiaque qui jusque là fonctionnait au ralentit, reprend une allure normale. Tu laisses l'obscurité et le peu de lumière ambiante parvenir à tes pupilles. Une fois habitué à ces ténèbres continuels qu'offre les souterrains, tu te lèves agilement. Doucement, tu commences ton petit rituel, une séance d'étirement, passant d'une position féline à une position un peu plus lupine. Ces matous ont trouvé les bons gestes afin de détendre leurs muscles, alors pourquoi ne pas les imiter ? Pourquoi se priver d'un plaisir tel ? Tu finis ta séance en te redressant de ta hauteur. Tu bailles à t'en décrocher la mâchoire, puis tu quittes l'endroit dans lequel tu t'es endormi. Dans un coin de la blessure, dans la faille de grenat, parmi les tiens. En ce moment, tu préfères dormir dans ton coin, bien que tu ne sois au final pas très loin de tes camarades. La vie souterraine continue ne te réussi pas spécialement. Tu le sens, tu as le gosier sec. Il te faudra trouver une flaque ou quelque chose te permettant de t'abreuver aujourd'hui. À moins que tu ne te contentes du sang d'une proie. Auquel cas, il faudrait que cette dernière soit suffisamment importante pour te réhydrater.

Tu grognes d'ennuis, ne sachant quelle mission te sera assignée aujourd'hui. Qu'est-ce que Skull t'inventera encore ? Est-ce qu'elle montrera simplement le bout de son museau ? Voilà longtemps que tu ne l'as pas croisé de très près. Et voilà longtemps qu'elle ne t'a donné de mission personnelle. De toute façon, elle utilise le plus souvent ses larbins. C'est bien normal ! Elle a peur des crasses et des coups bas des Sekmet ! Et elle a bien raison. Bientôt, les loups de cette meute se rebelleraient. Il fallait simplement retrouver Empress. Pour cela, rien de plus simple, trouver leur prison. Malheureusement, tu ne l'avais personnellement pas trouvé. Et puis, tu te doutais bien que Skull faisait en sorte de ne pas t'envoyer dans la direction de cette dernière, afin que tu ne la trouves pas. Bwarf. Les Sekmet auront raison de son régime impérial et sadique. Tu n'attendis pas plus longtemps dans la faille de grenat. T'apercevant qu'aucun Hordien ne traînait dans les parages, tu pris la décision d'aller chasser. Tu retournais là où t'étais rendu hier. Tu te rendais de nouveau dans le bunker éventré. L'avantage de ce lieu ? Il semblait abrité tout une tribu de nuisible et en plus, ce terrain de chasse n'était pas très éloigné du repaire des Sekmet. Lorsque tu pénétras dans l'antre éventré, une fois le mur métallique passé, tu te mis en chasse. Il fallait que tu trouves à manger. Tu pourrais trouver aussi une flaque d'eau ou un de ces récipients humains ayant la capacité étonnante de retenir l'eau. Tous les sens en éveil, tu progressas dans le bunker, t'y enfonçant profondément à chacun de tes pas.

Alors que tu vadrouillais à travers les différentes pièces symétriques, tu détectes dans l'air une odeur. Une odeur de nuisible. Tu la reconnait à présent très bien. Cette odeur de saleté mêlée à une odeur de proie reconnaissable par sa chair et son mauvais caractère. Tu avais déjà vu des rats plus courageux que des loups, qui en venaient à se redresser contre des éventuels prédateurs qui convoitaient leur peau. Une fois, tu avais vu un félidé, un chat, prendre la fuite, suivi de prêt par un rat montrant les crocs. La scène t'avait arraché un glapissement avant que tu ne supprimes ce rat. Une fois de plus, une bribe de souvenir remonta à ton esprit. Cela faisait longtemps que tu chassais les nuisibles pour survivre. Même si aujourd'hui, tu chassais avant tout pour ta meute, tu chassais également pour faire taire et satisfaire ton estomac qui n'arrêtait pas de demander de la chair fraîche. Grâce à tes capacités olfactives, tu n'eus aucune difficulté à remonter la piste laissée par le rat. Ainsi, tu appris qu'il n'était pas très loin de toi, à en juger par l'odeur qui émanait du pelage de ce dernier. Le museau avait cette faculté étonnante de pouvoir analyser les odeurs et en déduire de part leur intensité leur âge approximatif. En moins de temps qu'il en faut pour le dire, tu te rapprochas considérablement de ta proie, si bien que tu n'eus aucun mal à lui soutirer sa misérable vie. Peu convaincu de retrouver une autre proie, au vu du cri qu'avait poussé l'animal avant de mourir sous tes crocs. Il avait dû bien avertir tout le voisinage de ne pas sortir, qu'un loup rôdait. Tout cela devait avoir été transmis par ce cri de détresse. Ce dernier cri. Ce dernier soupir.

Machinalement, tu te remis en chasse. Est-ce que la chance serait avec toi ? Tu en doutais fortement. Si tu ne trouvais pas de proie, tu espérais au moins trouver quelque chose à boire pour rendre de nouveau humide ta gorge.

Tu continues de te traîner dans cette dédale de pièce. Sans grande surprise, tu ne trouves que des pistes éventrées, guidant pour la plupart à des trouées dans les murs. Lorsque tu passes ta patte à l'intérieur, tu n'arrives jamais à toucher ne serait-ce qu'un poil de ces nuisibles de rats. De rage, tu pestes. Tu n'avais qu'à être plus rapide. Tu le seras la prochaine fois. Tu frapperais telle une ombre, tu achèveras l'animal avant même que celui-ci ne puisse pousser un quelconque râle. Tu aurais raison de ton erreur passée. La rapidité faisait partie de toi, alors pourquoi avoir échoué de la sorte ? Tu pestes contre ta propre idiotie et tu continues. Maintenant, tu dois trouver de l'eau. Trouver une de ces boites d'humain ou alors trouvé une flaque. À force de divaguer dans les pièces, tu finis par trouver une flaque. Néanmoins, cette dernière arbore une couleur noire crasseuse. Pensif, tu agites l'eau de ta patte et tu notes sa consistance visqueuse et étrange. Tu tires une grimace de dégoût en plongeant ta langue dedans. Tu préfères crever de soif plutôt de que de boire une chose pareille. Tu abandonnes vite cette flaque et retourne à la recherche d'une source aqueuse. En déambulant dans une pièce, tu repères un de ces récipients humains contenant de l'eau. Tes yeux s'arrondissent et ta gorge gronde de plaisir à l'idée de sentir de l'eau couler sur son long. Tu t'approches avec précaution, guettant un éventuel humain. Tu finis par décréter que l'endroit est désert et tu parcours le reste de ce qui te sépare de l'objet étrange. Tes crocs cherchent un moyen de l'ouvrir. Néanmoins, tu ne parviens pas à comprendre le processus de cet objet d'hominidé. Encore faut-il avoir des pattes comme les leurs pour utiliser ce truc. Tes crocs s'acharnent sur le plastique jusqu'à ce qu'il se retrouve troué à plusieurs endroits. Le peu de liquide que contenait la bouteille se déverse. Tu t'empresses alors de boire son contenu jusqu'à la dernière goutte. Tu te laisses ensuite sombrer dans un sommeil réparateur et mérité, une patte sur ta proie, l'autre sur la bouteille vide.




Tu te réveilles. Tu ne sais ce qui t'as sortie de ton profond sommeil. Tu te rends simplement compte que tes membres souffrent d'engourdissement. Des fourmis parcourent ces derniers de l'intérieur et cette insupportable sensation commence à gagner tout ton corps. Tu te relèves rapidement, afin d'essayer d'atténuer au maximum cette impression. Tu tentes de t'étendre, croyant peut-être que cela changerait quelque chose à ton cas. Ce n'est pas le cas. Elle est toujours là et tu grognes d'ennuis et d'agacement. Tu te secoues et tu attrapes ton rat de la veille avant de partir en direction de la pièce voisine. Les pièces des hommes sont d'une monotonie désolante. Toujours les mêmes formes, les mêmes proportions, la même droiture, jamais de défauts. À croire qu'ils ont fini par atteindre la perfection en cette matière. Stupide. Le naturel est cent fois plus joli que ce qu'ils peuvent bien faire. Tu laisses tes pattes te faire passer à la prochaine pièce. Sur le sol, une flaque semblable à celle de la veille s'étale. Tu ne tentes même pas d'aller la renifler ou la goûter. Tu as déjà fait les frais de cette chose écoeurante. Rien qu'à repenser à son goût, tu déglutis. Tu continues. Dans la pièce suivante, des objets humains inanimés jonchent sur le sol. Vraiment. Ces humains ne respectent rien. Pas même les lieux dans lesquels ils vivent. Osez nous dire sauvage après cela ? Osez dire être plus intelligent ? Foutaises !

Ton odorat en action continuelle, tu humais l'air depuis que tu t'étais levé. Tu souhaitais trouver encore un petit quelque chose à te mettre sous la dent. C'était peut-être le moment de ramener quelque chose d'autre qu'un petit rat.

Tu prends une grande inspiration, tes sens sont en éveils. Tes yeux cherchent partout un de ces pelages de nuisibles. Ton odorat fouille la moindre parcelle d'air afin d'y dénicher l'odeur d'une proie éventuelle. Malheureusement, au fil des pièces, tu te rends compte que les pistes semblent éventrées. Comme la veille. Est-ce que les habitants de cet endroit avaient décidés de tous fuir un danger ? Est-ce que c'était le cri d'hier qui avait provoqué ce manque de proies ? Ou bien, c'est la pénurie d'eau et de nourriture pour eux aussi. Ou bien, c'est encore un coup du hasard, du destin. Tu ne tomberais peut-être sur aucune proie aujourd'hui. Pourtant, en ayant passé la nuit dehors, il serait préférable de revenir avec autre chose qu'un rat. Tu soupires en passant le seuil d'une nouvelle pièce. La banalité et la répétitivité de ce lieu t'importune et à le don de t'agacer. Dans cette nouvelle pièce, aucune nouveauté. Une banale pièce carré, vide, dont le sol est parcouru de raies tracés dans les pierres par les bombardements. Par-ci, par là, des débris de roches provenant de ses fissures. Tu continuas de fureter à droite à gauche, sans rien trouver de convaincant.

Un peu déçu, tu continues. Tu arrives dans une pièce légèrement plus étroite que la précédente. Agacé de ne rien trouver, tu t'assois. Voilà que depuis ce matin, tu marches à la recherche d'une proie. Ça commence à faire long ! Tu poses ton rat entre tes pattes et tu commences à examiner la pièce du regard, sans bouger d'un poil. Ta tête ne fait que pivoter pour voir les différents endroits. Composée de quatre murs parallèles deux à deux, droits et d'une couleur grisonnante, cette pièce est à vomir. Comme toutes les précédentes que tu as visitées. L'odeur des hominidés est encore très présente, bien qu'éventrée. Ces fumets te répugnent un tel point. Tu voudrais les voir disparaître à jamais, ce qui pourrait se produire si l'on retirait tout ce qui retient une trace du passage des humains en ce lieu, ce lieu lui-même créé par des humains. Un grognement de dégoût sort par ta gorge. Tu aperçois une fois de plus une grande flaque noire huileuse étalée sur le sol. Tu sais désormais à quoi t'attendre et tu ne tenteras nullement d'aller laper la surface de cette abomination. Tu regardes d'un oeil observateur le reste de la pièce. Le sol est couturé de marques plus ou moins linéaires. À croire que cet endroit avait souffert des bombardements tel un être vivant, car il se trouvait couturé de cicatrices comme un animal pouvait en avoir. Pendant un instant, tu lorgnas une trouée dans le mur. Elle semblait habité. Une délicieuse odeur en échappait et à ton avis, elle n'était pas très vieille, pour ne pas dire fraîche. Tel un félin, tu vins te placer aux côtés de la ridicule embouchure et tu te mis à attendre, guettant tour à tour le trou et la pièce morne. Finalement, poussé par je ne sais quoi, un animal fini par en sortir. Sans grande surprise, ce fut un rat. À croire que ce lieu en élevait une tripotée. Tu n'avais trouvé que ces petits animaux répugnants en ce lieu. Néanmoins, une proie de plus n'est pas de refus. Lorsque le rat passe devant toi, sans t'avoir remarqué, tu bouches l'entrée de sa tanière d'une de tes pattes. Un sourire alors à demi-sadique et à demi-amusé s'affiche sur tes lèvres. Tu as envie de jouer un peu avec cet animal. Le tuer, ce n'est qu'une satisfaction moindre. Quand on a le plaisir de jouer, c'est mieux ! Tu pousses un glapissement qui provoque une réaction brutale du rat. Celui-ci tente de faire demi-tour, mais se heurte à ta patte et tu peux lire un affolement certain dans ces gestes brusques et irréfléchis. Un sourire victorieux apparaît sur ton visage. Alors que le rat se lance dans une course effrénée, aidé de ses ridicules pattes, vers l'opposé de la pièce, tu t'élances. Quelques pas, un bond et c'est déjà fini. Tes crocs brisent les os de sa nuque, l'animal meurt sur le coup, sans pousser de cri de détresse. Son dernier râle presque inaudible ne te fais ni chaud ni froid. Tu ne reviendras donc pas qu'avec une seule proie !

jour 4

Tu ne sais pas ce qui t'as empêché de rentrer. Ou plutôt ce qui t'as forcé à rester en ce lieu que tu méprises. Une chose est sûre, la redondance des pièces, la similarité de chacune d'entres-elles, l'indifférence entre les décors. Tous ces éléments t'insupportaient. Tu te baladais avec tes deux proies, deux rats. Deux petits nuisibles attrapés. Quelle maigre chasse tu avais fait. Tu en viens à soupirer devant le peu de nourriture que tu ramènerais. Qu'est-ce qu'on fera de deux pauvres rats ? Un loup, au maximum deux se régaleront d'eux. Et après ? Et le reste de la meute ? Il fallait que tu te bouges les méninges et le derrière pour trouver autre chose. Sinon, tu serais contraint de rentrer avec des deux pauvres rats. Voilà deux nuits que tu passais en ce lieu. Tu mourrais d'envie de partir, mais tu étais resté ici pourtant. Tu rêvais de rentrer, de te voir confier une tout autre mission, mais tu savais par avance qu'en ces temps de survie en souterrains, aucune mission digne de ce nom ne te serait donné. On t'ordonnerait de retourner chasser. Alors, à quoi bon ? À quoi bon rentrer pour retourner chasser ? Tu pouvais encore finir cette journée-ci en ce lieu, tu verrais bien ce que tu serais forcé de faire en rentrant. Tant que cela n'était pas orchestré par la propre initiative de Skull, tu exécuterais. Du moins c'est ce que tu prétendais. Pourtant, tu serais bien contraint d'obéir à l'un et à l'autre des ordres. Sinon, tu gagnerais un coup de crocs ou pire encore, une humiliation en public. Si cette humiliation tentait néanmoins de se faire, tu ne te laisserais pas faire. Tu en étais bien certains. Jamais tu ne te laisserais rabaisser sans piper mot ou sans un geste.

Allongé sur le sol, tu pris ton temps pour te relever. Une fois sur tes quatre fers, tu commenças ton petit rituel et tu t'étiras de tout ton long, imitant tour à tour le chien et le chat. Lorsque tu fus certains d'être bien détendu, tu passas brièvement ta langue sur ton poil et une fois un peu débarbouillé, tu entrepris de retourner chassé. Ne voulant pas abandonné tes deux maigres rats, tu les pris dans ta gueule en prenant soin de ne pas les abîmer plus qu'ils ne l'étaient déjà. Tu partis alors une nouvelle fois en chasse, bien décidé à rajouter au moins une proie à ton petit amas.

Tu déambules dans les pièces. Une nouvelle fois, la monotonie te gagne et te répugne au plus au point. Tu en as plus qu'assez de ces façades humaines. Vivement que tu sortes de là. Encore faudrait-il trouver la sortie. Perdu ? Bien sûr que non. Enfin, peut-être un peu. Pas sûre. C'est à voir. Bon d'accord. Légèrement. Tu sais tout de même d'où tu es arrivée. D'une pièce. Faut dire que toutes les pièces sont semblables. Des pièces carrées, voir rectangulaires. Des murs gris, délabrés, fissurés. Des débris sur le sol, ce même sol étant parcouru de veines. Et puis cette odeur, celle des hommes, inondant tout. Un grognement sorti de ta gorge alors que tu avisais un trou de rat, que tu t'en approchais pour voir si un rat s'y trouvait. La vermine eut tôt fait de te prendre par surprise. Si bien qu'elle te filasse entre les pattes avant que tu n'aies eu le temps de réagir. Fou de rage, tu avais laissé tomber tes deux proies sur le sol et tu t'étais précipité vers l'animal en courant à sa suite. D'un bond agile, tu avais cru pouvoir lui barrer le chemin entre le trou dans le mur et la grande pièce. Néanmoins, ton saut mal contrôlé, ta réception est mauvaise et tu t'étales lourdement sur le sol, l'air penaud. Tu te relèves en grognant de rage et retourne auprès de tes proies. Tu n'étais vraiment pas doué pour la chasse, heureusement que tu ne t'étais pas vu assigner ce rôle. Tu étais si lamentable dans son domaine. Il fallait vraiment que tu prennes des cours ou que tu observes les autres afin de comprendre leur technique. Tu avais fait la tienne, elle n'était seulement pas toujours efficace.

Tu continues de progresser dans les différentes alcôves. Tes pas se font de plus en plus lourd. Tu ne cherches plus à être si discret. Tu sais que tu ne trouveras certainement plus aucune proie, après le brouhaha que tu viens de faire. Et puis, tu n'es plus motivé. Tu n'as plus envie de chercher une proie après l'humiliation venant de la dernière. Moitié songeant, moitié boudant, tu laisses tes pattes te porter. Tu te perds un peu plus. Si bien que tu es contraint de revenir plusieurs fois sur tes pas pour ensuite repartir d'où tu es venu. Épuisé par ces déambulations, tu t'arrêtes un instant, pose tes proies, t'assieds et reprends ton souffle. Tu songes à ton lamentable échec. Encore. Tu exprimes un long soupir, puis essayant de faire sortir cette tragédie de ta tête, tu la secoues. Une fois débarrassé de cette idée et requinqué, tu prends le chemin du retour. Ta meute doit t'attendre. Et puis, en ces temps, deux rats c'est déjà pas si mal. Tu retrouves ton sourire moqueur et arrogant alors que tu passes les pièces les unes après les autres. Comme si tu connaissais à présent le lieu, tu retournes sur tes pas. Tu passes enfin le haut mur érigé de fer et de pierre qui marque l'entrée de ce lieu. Adieu bunker. À une prochaine fois peut-être. Pour le moment, ton paysage monotone, m'horripile. Ne compte pas sur moi pour revenir de si tôt. Sans un dernier regarde en arrière, tu passes le seuil de l'entrée et tu pars en trottinant vers la faille de grenats. Tu as deux rats, tu en as déjà ramené un il y a deux jours, ce n'est pas si mal pour un espion !