Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Il fait un temps radieux, ici. Le ciel est d'un bleu limpide, exempt de quelconques nuages cotonneux. L'éternité ne m'a jamais paru aussi proche qu'aujourd'hui, alors que je foule à nouveau les terres qui m'ont vu naître. Mais beaucoup de choses ont changé depuis mon départ. A commencer par la vie dans son intégralité. J'ai passé les frontières de ma meute depuis plusieurs kilomètres déjà, et personne n'est venu m'accueillir alors que je n'ai plus du tout l'odeur des leurs. A vrai dire, je n'ai pas croisé le moindre loup depuis déjà près d'un an. Je n'suis même pas sûr de ce qui constitue notre monde, mon ancien quotidien. Je n'sais pas si je me souviendrais à temps de ce que j'ai appris dans ma plus tendre jeunesse. Je pense à ma mère. Est-elle toujours là ? Fait-elle toujours partie de ce monde ? Comment a-t-elle encaissé ma mort ? Parce que je me doute bien qu'ils n'ont pas cherché longtemps un louveteau de six mois qui ne répondait plus à l'appel de ralliement de ses semblables. Combien de temps leur a-t-il fallu pour me considérer comme mort ? Quelques heures ? Quelques jours ? Je ne leur en veux pas. J'ai toujours su comment marche une meute. Peut-être même ont-ils trouvé un nouveau membre pour occuper les fonctions que j'aurais dû avoir apprises.
Mes longues pattes se suivent à la perfection, je trotte sans la moindre hésitation même si je suis sur des territoires potentiellement hostiles. Plein d'assurance, je ne crains pas d'être découvert. Je suis né ici, et si les loups que je m'apprête à rencontrer ne me connaissent probablement pas tous, ça ne m'empêche pas d'avoir les mêmes droits. Hors, j'ai bien l'intention de faire valoir ces derniers. Mais avant ça, je meurs de faim. Si mes souvenirs de loupiot sont encore bons, le garde-manger était stocké dans un endroit abrité des caprices du temps, mais aussi des attaques de voleurs en tous genres. Cette grande carcasse de métal a camouflé notre nourriture depuis toujours, et je ne vois pas pourquoi ils auraient décidé de déménager notre réserve alors que cet endroit était si parfait. Alors je me dirige sans gène vers cet endroit connu de tous les sekmets, et où certains charognards et pilleurs étaient parfois tentés de se rendre. Peut-être serais-je suspectés par quelques espions d'être l'un de ceux-là, ce qui me vaudra enfin un accueil digne de ce nom. Après tout, il est possible que des loups me suivent en silence depuis les frontières, afin de me jauger et de savoir qui je suis et pourquoi je suis là. J'en doute puisque je n'ai repéré aucune présence, mais pourquoi pas ?
Mais lorsque je parviens jusqu'à la carcasse de l'oiseau de fer, rien. Personne. Il n'y a plus ni loups, ni nourriture. Mais où sont passés tous ces Sekmets ? Je ne peux pas croire que la meute ait pu être décimée. Ils étaient de forts guerriers, des combattants, des tueurs ! Où sont-ils tous passés !? Je pose ma truffe au sol, j'essaie de trouver une piste, des odeurs familières. Rien. Je ne sens rien. Là où autrefois brillait toute l'animation d'une meute, aujourd'hui je ne vois et ne sens plus que le néant, l'absolu silence de la désertion. Et finalement, enfin, quelque chose. C'est infime, à tel point que je doute de vraiment le sentir, mais je crois déceler les effluves très anciennes et très faibles d'un loup. Et d'un Sekmet, sans aucun doute. Je relève les yeux pour scruter les alentours. Ils sont forcément là, quelque part. Et ma mère est avec eux, bien sûr. Tout à coup, un craquement sur ma droite me fait tourner la tête. A plusieurs centaines de mètres entre les arbres, je perçois du mouvement. Un loup ! Je ne suis donc pas le seul survivant de mon espèce ! Sans plus réfléchir, je fonce dans sa direction. Il m'aperçoit bientôt, et prend de la vitesse. Ce n'est pas être un Sekmet. C'est parfaitement impossible.
Je continue de courir, les oreilles dressées en avant. Comment un Sekmet digne de ce nom peut-il être devenu si lâche ? Moi, à sa place, j'aurais foncé sur le nouvel arrivant. Peu m'importe la force de l'adversaire, je n'aurais pas laissé passer un solitaire sur mes terres sans savoir de quoi il en retourne. J'essaie de me convaincre qu'il est un foutu Esobek, mais son odeur ne trompe pas. Je lâche des grondements menaçants. D'abord intrus et potentielle menace, je suis maintenant le gardien qui protège ses terres, sa meute. Sans même l'avoir encore trouvée. Je suis le fuyard sur plusieurs kilomètres, sans parvenir à comprendre la raison de sa fuite. Et lorsqu'il disparaît sous terre, je m'immobilise instantanément. J'aurais pu comprendre qu'il se fonde dans une tanière. Mais ce trou est béant, et j'ai largement la place de m'y faufiler aussi. Tout comme beaucoup de loups le pourraient. Pourquoi celui-là s'est-il caché là ? Il me faut de longues secondes avant d'ose m'aventurer à l'intérieur. Et rapidement, l'odeur puissante de ma meute me prend à la truffe. Pourquoi ? Que s'est-il passé durant mon absence ? Où sont les combattants, les fiers chasseurs ? Je m'avance au milieu des loups qui me dévisagent, mais je ne cherche qu'une seule louve, désormais. Je les ignore tous, conscient de leur présence.
– Réduit la gravité des Blessures reçues
– Augmente la gravité des Blessures de l'adversaire
BONUS CHASSE (Trait de faction)
– 2 proies au lieu d'une seule lors d'un 18 au dé
– 1 Lancer de dé de chasse supplémentaire
– +3 aux résultats du dé de chasse
Compétence d'élite :
Lun 16 Mar - 15:44
Retour vers le passé
Avec Isildür~
17/18/17
Cela fait longtemps que la louve au pelage de charbon ne sourit plus, ne regarde plus l'entrée de l'épave avec le même espoir de le revoir, ni n'espère revivre comme avant, sa joie est partie avec lui. Tout comme son cœur, tout comme son âme. Perdre quelqu'un de cher, c'est dur, mais perdre la chaire de sa chaire, il n'y a rien de pire. Les membres de sa meute avait beau se montrer gentil avec elle, se montrer compatissant, rien n'y faisait, son chagrin ne faisait que grandir chaque jour que le monde créait. Une seule chose l'avait un peu ramené à la raison, sa rencontre avec Valhar, elle l'avait pris sous son aile, comme fils adoptif et pourtant... Plus aucune étoile ne pourra briller dans les yeux améthystes de la louve noire, tant que son esprit restera embrumé.
Encore une fois, quand quelqu'un entra dans le repaire, la louve ne releva pas le regard, elle n'attendait plus depuis longtemps et s'était fait une raison. Pourtant, quelque chose dans son odeur, quelque chose d’infime l'attira, elle et son attention. Elle ne releva cependant pas la tête, l'espoir ne faisait plus parti de son vocabulaire, elle avait cessé de poursuivre cette chimère et pourtant, une minuscule partie, enfouit au fond d'elle ne voulait pas abandonner et elle insistait. Le loup dit quelque chose, une chose qui eut du mal à arriver à ses oreilles, celles-ci frémirent cependant, elle releva lentement les yeux, ses beaux yeux qui lui étaient propres, à elle seule. Quand la louve noire rencontra le regard du loup en face d'elle, elle en eut le souffle coupé et seul ces mots sortirent:
"Is... Isildür... Est-ce bien toi... ?"
La louve n'osait pas y croire, les autres se pensaient sûrement fins quand ils lui disaient qu'elle pouvait compter sur eux, mais elle n'était pas dupe, elle savait qu'il la croyait un peu délirante dans ses propos et cela, elle ne le supportait plus. Nilaya se leva, tituba un peu sous le coup de l'émotion, elle avait beaucoup maigris et ne se reconnaissait pas, elle avait consacré toutes ses forces afin de tenter de le retrouver. Elle avança vers lui, d'abord peu assurée et enfin, elle put courir, vers ce fils qu'elle avait perdu pendant tant de temps. Arrivée à sa hauteur, elle ne sut quoi dire et resta à l'observer, redoutant sa réaction.
Je dévisage chaque face sombre, chaque regard d'or. Aucun n'égale la splendeur de ma mère, dans mon souvenir de louveteau. Lorsque je suis parti, elle était à mes yeux la plus belle, la plus grande, la plus importante au monde. J'ai été contraint de laisser derrière moi l'être qui me tenait le plus à coeur, et aujourd'hui je ne désire que la retrouver. J'ai longtemps pensé à elle. Tenté d'imaginer ce qu'elle devenait au fil des heures, des jours, des mois. J'ai longtemps espéré entendre sa voix dans le ciel, qui me guiderait pour la retrouver. Mais rien. J'ai été trop loin, trop vite, et je n'ai jamais entendu ses appels. J'ai toujours eu foi en elle. Je sais qu'elle m'a cherché, appelé, qu'elle a hurlé mon nom dans la nuit. Et je ne suis jamais revenu. Mais aujourd'hui je suis là, et je ne suis pas prêt à tolérer qu'elle ne fasse plus partie de ce monde. Alors je cherche parmi les visages, parmi les loups installés là comme s'ils vivaient sous terre depuis longtemps et que ça leur paraissait normal. Je suis outré par ce qu'est devenu la meute parmi laquelle j'ai vu le jour, mais je ne pense pas encore ça cela. Je veux seulement la retrouver, plonger mon regard d'émeraude dans ses orbes améthystes et ne plus la lâcher.
Beaucoup de loups sombres, mais aucun qui n'éveille en moi cet instinct de protection, cet ancien amour inconditionnel que je portais à ma mère. J'ai beaucoup changé, depuis. J'ai grandis, j'ai mûri et même si je suis toujours un jeune mâle, je n'en suis pas moins un jeune adulte, désormais. Je ne ressens plus cette jalousie envers tous les loups qui pourraient s'approcher de ma mère. Même si j'ai peur de la trouver avec un autre loup, avec une autre progéniture, je ne peux m'empêcher de ne rien ressentir. Il faudra probablement un temps avant que mes émotions de louveteau ne reviennent. Lorsque j'ai été retiré à ma vie, j'ai longtemps été lâche. J'ai pleuré, appelé, et pleuré encore. J'ai été terrassé longtemps par la frayeur d'un monde inconnu. Mais tout cela est terminé, et lorsque je vois une masse noire s'approcher de moi, mon coeur bat de nouveau dans mon poitrail. Une douleur sourde s'empare brutalement de moi, et je réalise à quel point elle m'a manqué. Bien plus en fait, que je n'avais accepté de l'admettre. Sa voix résonne dans mes oreilles, son corps abîmé par le malheur me serre le coeur. Mon nom entre ses babines, reprend d'un seul coup toute sa signification dans ma tête, et je me rapproche d'elle sans la moindre hésitation.
- C'est moi, mère. C'est moi ...
Je fonds sur elle lorsqu'elle titube, j'ai mal de l'avoir fait souffrir ainsi. Ma mère a toujours été forte, elle n'a jamais succombé à quoi que ce soit. Elle a traversé les pluies, les maladies, et les dangers sans jamais faiblir. Et moi, je l'ai rendu faible et malade. Je m'en veux, terriblement. Mais pour l'heure, c'est un tel soulagement de la voir en vie, que je ne trouve la force que de la serrer contre moi, dans une étreinte incertaine mais pas moins des plus sincères. Ma mère est à nouveau près de moi. Et si mon visage a appris à faire taire mes émotions, je n'en suis pas moins, au fond, un louveteau de six mois qui s'est perdu en route et qui a enfin retrouvé sa tanière.