C'est partie. Ca fait un p'tit moment que j'n'ai pas chassé, alors pourquoi ne pas passer un peu de temps hors des limites de mes responsabilités pendant une heure ou deux ? Je quitte mon poste à la prison, je passe par les endroits les plus fréquentés par les sekmets pour m'assurer que tout va bien, et je termine mon tour par une visite furtive à la tanière de ma compagne. Je marche devant l'air de rien, mais j'écoute en fait avec une grande avidité les couinements et les grognements de mes tendres petits.

Il fait particulièrement sombre, dans les tunnels. Probablement le temps qui se réchauffe dehors, et l'obscurité permet de garder une certaine fraîcheur sous terre. Je soupire, et je réfléchis à un endroit où aller chasser. Je n'peux plus remonter à la surface, les pluies sont dangereuses et les bombardements incessants. Alors je me retrouve dans des zones inconnues après quelques minutes de course. Curieux, je commende la fouille sans attendre.

Lancer de dé : 4 - 2 + 6 = 8

Je découvre ici des odeurs assez étranges, et quelques-unes qui me sont familières. Des effluves de céréales grillées, des restes de poudre à canon. Les armes des humains, leur nourriture, je crois que c'était un campement humain, l'équivalent de nos camps à nous. Je passe par-dessus un baril renversé en un bond agile, et je m'insinue dans une fissure restée là après un éboulement de terre. Il me faut peu de temps pour investir l'endroit, et encore moins pour y rencontrer une belette dégustant son repas déjà presque terminé. Les restes du rat sentent fort, mais ce qui m'intéresse est la bestiole qui l'a abattu. Alors je m'immobilise et lui fait face tandis qu'elle me fixe de ses yeux rougeoyants dans l'obscurité. La pénombre est son monde, aussi plutôt que fuir, elle préfère m'attaquer de front. Mais j'ai l'habitude de ne pas utiliser mes yeux. Alors je l'attends de pattes ferme, et si je gagne quelques bonnes griffures entre deux grondements sinistres, je parviens en me contorsionnant à la capturer entre mes crocs à plusieurs reprises. Elle prend la fuite, je la poursuis dans cette petite cavité et c'est en sautant sur une paroi à sa suite que j'arrive à l'écraser sous l'une de mes pattes. Elle se débat, me mord les doigts, mais alors que sa mâchoire est serrée sur ma chair, mes crocs se plantent dans sa nuque et en tirant d'un coup sec, je la lui brise. J'avale les restants du rat pour ne pas gâcher, et je prends ma proie pour quitter les lieux à la recherche d'une autre cavité.

Lancer de dé : 3 - 2 + 6 = 7

Je trouve une seconde brèche dans une paroi effondrée en grande partie. Je passe mon museau, ma tête, et une patte antérieure. J'essaie de me glisser à l'intérieur, mais la fissure est trop étroite et mon corps massif ne passe pas. Lorsque je sens la paroi s'affaisser au-dessus de mon corps, je décide de faire demi-tour et de repartir vers un autre trou. Un rat passe en courant devant moi. Je bondis à sa suite, tous mes sens aux aguets et prêt à lâcher ma première proie pour tuer la seconde, mais il disparaît dans une fissure minuscule et je préfère traquer quelque chose de plus accessible. Je repars, ma belette toujours dans la gueule.

Lancer de dé : 3 - 2 + 6 = 7

Un peu plus loin, une odeur de viande grillée m'interpelle. Un rongeur tombé dans la lave ? Je m'approche prudemment, pour trouver un groupe de bipèdes rassemblés autour d'un cadavre fumant. J'ignore de quoi il s'agit, mais je reste à distance et n'ai pas l'intention de m'approcher pour en savoir plus. Je m'éloigne de quelques pas avec prudence, sans les quitter des yeux, et un couinement atroce me déchire les tympans lorsque je marche sur la queue d'un rongeur trop distrait pour me repérer avant. Il prend la fuite immédiatement, et je pars en courant dans la même direction que lui. Je préfère ne pas attendre que la curiosité des humains les mènent jusqu'à moi. Je me faufile en rampant dans une cavité ombragée, et je reste planqué là quelques minutes afin d'être sûr que les bipèdes sont repartis.

Lancer de dé : 6 - 2 + 6 = 10

Lorsque je rampe à l'extérieur de ma crevasse, un son titille mes oreilles à l'opposé des humains. Il me faut peu de temps pour me décider, et déjà je suis les bruits de bruissements pour en trouver l'origine. Je repère une masse sombre et assez importante dans la pénombre, qui semble ne pas m'avoir remarqué. Je m'aplatis au sol et je l'observe quelques secondes. Une grosse taupe ? Une lapine creusant son terrier pour y mettre bas ? Dans tous les cas, c'est tout bénéfice. Alors je me redresse lentement, et je me mets à ramper dans sa direction. Lentement, silencieusement. Je m'immobilise par réflexe lorsque la bête se stoppe, et je reprends mon avancée dès qu'elle recommencer à fouiller. Mais subitement, deux yeux rougeâtres se tournent vers moi, et je marque un mouvement de recul en réalisant qu'il s'agit en fait d'un blaireau. Ces bêtes-là ne sont pas des tueuses, mais elles sont particulièrement acharnées lorsqu'elles sont face à un adversaire. Je recule prudemment, l'animal continue de me fixer. Peut-être que je peux aller trouver une proie ailleurs sans engager un combat. Dans un espace si réduit, je préfère jouer la sécurité. Les grondements naissent dans sa gorge et sont plus angoissants à mesure que la créature se tourne vers moi. Lorsque le blaireau est totalement face à moi, il bondit sans attendre et je me cogne à une paroi en voulant déguerpir trop vite. Il me mord violemment l'encolure, je gronde de douleur et de surprise et je me débats en lui balançant des coups de pattes sauvages. Ca dure ainsi de longues secondes, qui me paraissent s'étaler comme des heures interminables. Les coups de crocs et de griffes résonnent entre nos grondements sonores, et c'est essoufflé et à bout de forces que je plante mes crocs dans sa chair pour l'éventrer. Ca n'a rien de propre, et je dois encore me débattre avec lui pendant de longues minutes, jusqu'à ce que l'énergie lui manque et qu'il décide de céder à la mort. A bout de souffle, les membres lourds, je ramasse son cadavre comme je peux et malgré les tripes qui me suivent et se salissent dans la poussière et la terre, je récupère également ma belette avant de rentrer au camp. Je placerais cette proie dans les plus urgentes à manger, ce serait bête de perdre de la viande. Je rejoins un coin tranquille où lécher mes plaies, trop fier pour les faire soigner, et je m'endors malgré la douleur pour reprendre des forces.