Cela fait des heures que je cours à toutes pattes ! Il m'a fallu un temps fou pour arriver jusque là, et mes pattes sont si lourdes que je pourrais m'écrouler ici-même, sans réfléchir davantage, pour me reposer enfin. Mais ce n'est que le début.

Maman nous répète sans arrêt que nous ne devons pas nous éloigner de la tanière. Que même si nous sommes "grands" le monde est encore trop vaste pour nos petites entités. Mais moi, je veux encore m'entraîner à chasser. Mes résultats laissent encore à désirer, et bientôt maman nous présentera à notre père. Je veux qu'il voit en moi son digne fils. Alors, la truffe collée au sol, maculée de poussière, je traque sans relâche malgré la douleur qui irradie mes muscles.

Lancer de dés : 4 - 2 = 2

Déterminé, je fais rouler mes muscles sous ma peau fine, déplaçant mon pelage duveteux partout sur mon corps. Mes pattes se suivent les unes et les autres dans une perfection fantastique, parce que plus les jours passent et moins je suis maladroit. Je bondis par-dessus un obstacle sans chercher à l'identifier, et je continue de suivre des pistes qui me mènent nulle part. A défaut de trouver quelque chose tout de suite, je sais que je développe mes capacités et mes connaissances.

Lancer de dés : 1 - 2 = -1

Visiblement ce n'est pas mon jour, les pistes que je suis inlassablement ne me mènent nulle part. Pourtant, je ne perds pas patience et, puisque je ne trouve pas de petites bêtes à croquer, je décide de passer mon énergie dans une autre sorte d'entraînement. Lorsque je trouve des obstacles de bois ou de fer, je me mets à bondir des uns aux autres, puis je rampe sous certains avant de filer à toute allure vers la prochaine épreuve. Je m'efforce de freiner de plus en plus vite, de virer de plus en plus fort. Le temps passe sans que je ne me lasse, et mes muscles s'alourdissent un peu plus à chaqu'un de mes pas.

Lancer de dés : 10 - 2 = 8

Mais je n'abandonne pas pour autant, et je continue ainsi de tunnel en tunnel. Jusqu'à ce que je réalise à quel point je me suis éloigné de chez moi. J'ai parcouru une trop longue distance, et les odeurs ici ne me sont pas familières. Je sens bien une odeur de loups, mais ce n'est pas celle des Sekmets et la peur naît en moi quand je me rends compte à quel point je suis loin de ma famille. Mes muscles se révulsent et je clopine comme un solitaire mourant, alors que je devrais être en parfaite santé. Mais le louveteau que je suis s'est donné un challenge trop grand et j'en paye le prix.

Comme pour me remonter le moral, je découvre soudain l'odeur d'une créature que je ne connais que trop bien. Les mulots grouillent, ici aussi, et j'ai bien l'intention d'en ramener un à la maison. Si je parviens à rentrer un jour ... Je guette les sons, les odeurs, et j'essaie de suivre la piste en passant les obstacles aussi discrètement que possible. Un bond à droite, un autre à gauche, quelques pas à reculons pour prendre mon élan, avant de pousser puissamment sur mes quatre pattes et passer une barricade de bois avec succès.

Lorsque j'atteins enfin ma cible, j'ai été si discret qu'elle ne m'a pas repéré. Plusieurs souris mangent des graines dans un sac de toile éventré, et je me jette sur l'une d'elles avant d'être grillé. Je force de toute la puissance de mes mâchoires sur sa nuque pour la lui briser, et dans la fuite des autres je me dépêche de faire demi-tour pour essayer de rentrer chez moi.

Lancer de dés : 1 - 2 = -1

Sur le chemin du retour, les obstacles sont nombreux et la route est longue. Je suis épuisé, et traverser ces longs tunnels jonchés de débris me donne l'impression que je ne rentrerais jamais entier à la tanière. Pourtant, mu par l'instinct de survie que je ne me connaissais pas encore, je continue de bondir, de reculer, de ramper sous les déchets. Je suis lent et mou, mais je suis surtout déterminé à ne pas risquer ma vie aussi loin de ma meute. Les heures semblent s'écouler avec une terrible lenteur, et lorsque je parvient à l'entrée des terres de ma meute, je m'évanouis aux pattes du premier adulte à l'odeur musquée que je rencontre. Un grand loup fauve aux yeux de saphirs, qui semble surpris de mon apparition mais qui n'a pas le temps de me poser des questions.