Je suis certain que quelque part, dehors, il y a des tas de choses à découvrir. Mais nous, les louveteaux, nous sommes obligés de rester là, enfermés comme des rats, parce que les adultes ont trop peur que les humains nous blessent si nous quittons le couvert des tanières. J'ai entendu dire qu'avant notre naissance, lorsque les adultes ont migré pour venir se terrer ici, certains louveteaux ont disparu parce qu'ils n'avaient pas obéis aux grands et qu'ils se sont perdu dans les tunnels. Certaines nourrices disent que l'on peut entendre leurs plaintes lorsqu'on écoute le silence lugubre des sous-terrains, et d'autres racontent que ces louveteaux ont fini par mourir dans d'atroces souffrances, capturés par les bipèdes lorsqu'ils ne sont pas morts de faim. Moi, je ne crois à rien de ce que racontent les nourrices. J'suis pas bête, hein !? Je sais qu'elles nous racontent ça pour nous faire peur, pour qu'on reste sagement dans nos tanières et qu'elles ne soient pas obligées de nous courir après sans cesse. Mais moi, ben j'suis le fils d'un grand loup, alors je veux faire mes preuves. Du coup, j'ai encore réussi à filer pendant que les adultes s'occupaient d'autres petits. C'est qu'on est nombreux à être nés. C'est la période des naissances, que voulez-vous ? Faut bien qu'on sorte, hein !

Il paraît que je suis bien trop jeune pour chasser. C'est maman qui me l'a dit, quand je lui ai annoncé que je voulais suivre les adultes dans leurs traques. C'est que je les observe souvent, les adultes chasseurs. J'ai dans l'espoir que mon père soit l'un d'eux, l'un de ces courageux tueurs qui sortent des tunnels pour nourrir toute une meute. Chaque jour, ils partent par petits groupes et tous ne reviennent que de nombreuses heures plus tard, parfois en traînant les carcasses de gros animaux qui sentent délicieusement bon, d'autres fois les gueules pleines de rats et autres rongeurs ou petits mammifères. En tout cas, ils sont forts et respectés. C'est grâce à eux que nous, les louveteaux, nous sommes en vie. Et sans leur présence et leur implication pour la meute, nous ne tiendrions pas une semaine. Ce sont aussi les nourrices, qui disent ça. Mais cette fois, je les crois. Nous avons besoin de manger pour vivre, et un jour devenir assez fort afin d'accompagner les chasseurs dans leur travail quotidien. Moi, je suivrais mon père. Je sais qu'il fait quelque chose d'important pour la meute, j'en suis persuadé. Même si on n'a pas le droit de savoir qui il est, je sais qu'il n'est pas n'importe qui. Je suis certain qu'on sera fiers de lui, à sa rencontre.

Dé de chasse : 9 - 2 = 7 *seum*

Alors que je me balade innocemment dans les tunnels, je rejoins un endroit que j'ai déjà visité une fois. Je m'y étais perdu en cherchant à fuir une énième fois l'autorité des adultes. Je n'aime pas rester dans la tanière ou avec mon frère et mes soeurs. On s'ennuie, à force de jouer toujours aux mêmes jeux. Et comme on est les seuls louveteaux de la meute, ben on n'a pas d'autres copains que les Esobeks qu'on a rencontrés une fois, dans la grande grotte qui a abrité notre ultra partie de cache-cache. Je souris au souvenir de ce moment. C'était fantastique de rencontrer autant de louveteaux, on s'est vraiment bien amusés ! J'aurais aimé que les autres restent plus longtemps, mais on a entendu les adultes nous chercher, Kayahan, Dalioka, Maliah et moi. Alors on a filé en douce avant de faire découvrir nos copains. Surpris par des crépitements dans un renfoncement, je fais un bond furieux, flippé. Un gros rat s'extirpe de sa cachette, la gueule pleine. Je le fixe de mes yeux exorbités par la peur, et je reste immobile longtemps avant de réaliser que je dois bouger La bête me regarde, et je cherche ce que ferait mon courageux père dans ma situation. Oubliant ma peur, je bondis sur la créature. Elle pousse un cris terrible et s'enfuit à toutes pattes. Zut ! Manqué !

Dé de chasse : 7 - 2 = 5

Mais je n'abandonne pas si vite. Je sais que mon père aurait honte de moi, si je lâchais prise au premier obstacle. Alors, juste le temps de réaliser et de prévoir un plan, je pars à toutes pattes à la poursuite de l'animal, bien décidé à l'attraper. Il se faufile dans les recoins, mais je suis encore tout petit et j'arrive à me glisser à peu près partout. Je le suis tout le long du tunnel en jappant, essayant d'attirer son attention pour qu'il revienne vers moi. Mais il est déterminé à filer, et il continue de courir. Je repère son ombre, j'écoute les crépitements de ses pattes dans la terre, précipités. Je fonds sur lui à un virage, et je dérape sur une plaque de métal. Je jappe de surprise et je me prends la paroi, mais je repars aussitôt à sa poursuite pour le rattraper. Il se planque dans un tuyau trop étroit pour moi, alors je passe par-dessus en glissant maladroitement, pour le rejoindre de l'autre côté, tenter de l'accueillir à l'autre extrémité. Lorsque de déboule devant la seconde entrée, le rat n'est pas là. Il est certainement caché à l'intérieur ! Alors je me couche en silence, et j'attends, posant ma truffe devant le trou pour essayer de renifler son odeur. Mais je ne perçois rien. L'odeur d'urine est ancienne. Plus là.

Dé de chasse : 11 - 2 = 9

J'attends quelques secondes, espérant que la bestiole s'est simplement immobilisée dans le cylindre, mais elle ne ressort pas. Alors, résigné, je me redresse et regarde par-dessus l'objet. Le rat est déjà presque de l'autre côté du tunnel, il me fixe de ses yeux rubis, et disparaît définitivement dans un orifice bien trop petit pour que je puisse l'y suivre. Je souffle de frustration, et je repars en sens inverse après avoir tapé dans un caillou qui traînait là. La chasse, c'est nul. C'est même pas drôle, j'ai pas réussi à attraper un rat. Mes oreilles se dressent soudainement, après avoir capté un son familier. Souris ! Je me stoppe, cesse tout mouvement, et ma queue remue doucement derrière moi, remuant l'air avec légèreté. Je fixe ma droite sans rien y voir bouger, mais j'entends leur présence. Elles grattent juste là, à côté de moi, et je suis persuadé qu'elles pensent être seuls, tranquilles pour travailler leurs galeries. Je me mets en position de chasse et je guette, comme maman nous l'apprend avec les souris qu'elle nous ramène. J'attends un mouvement léger sur la terre meuble, et je fonds en avant, tapant furieusement le sol de mes pattes pour ensevelir ma proie. Satisfait, j'écoute la terre s'effondrer de chaque côté de la galerie minuscule. Je commence à creuser lorsque je n'entends plus de bruit, et dès que la souris fait mine de s'enfuir, je fais tomber les griffes sur elle pour l'assommer. Ravi, j'attrape la petite bête faiblement remuante entre mes dents et je la mâchouille pour lui briser la nuque.

Dé de chasse : 7 - 2 = 5

Fier de ma toute première proie, je l'emporte dans les tunnels en cherchant le chemin jusqu'à la tanière familiale. Je m'arrête lorsque j'entends d'autres crépitements dans les parois, et je réitère mon expérience une seconde fois. Cette fois, au lieu de me servir de mes pattes, j'essaie de tirer un morceau de fer qui dépasse du mur. Déterminé, j'attrape le bout entre mes petits crocs et je tire de toutes mes forces en donnant des a-coups pour le faire céder sous la puissance de mes mâchoires. L'objet ne cille pas, alors pour l'intimider je commence à gronder férocement dans l'espoir de le faire capituler devant ma terrible supériorité. Je continue ainsi un petit moment, puis je me couche, épuisé, près de la chose et je la mâchonne un long moment, énervé, essayant de la détruire à coups de crocs. Ca ne marche pas davantage, et lorsqu'enfin je parviens à faire sortir le bout de métal de la paroi, c'est pour entendre les souris décamper à l'autre bout du tunnel. J'essaie de voir dans le trou s'il n'en reste pas une ou deux à me mettre sous la dent, mais elles ont déjà toutes disparu et je n'ai le loisir que de voir l'une d'elles se faufiler dans un trou, définitivement hors de portée pour mes crocs.