Le gout du chaos

« La vie est trop courte pour être gaspillée en ne faisant pas ce que l'on veut »

Il faisait nuit noire sur les terres dévastées. Si noire que l'on pouvait penser que le néant devait ressembler à cette nuit. Seule l'astre lunaire, éclairait ce monde plus mort que vivant. Les étoiles avaient désertées leurs postes célestes comme si mêmes elles ne supportaient plus le spectacle se déroulant sous leurs yeux. Pathétique pièce de théâtre dont le seul acte n'était qu'un simulacre de survie. Le froid de l'hiver s'insinuait partout semant la désolation sur son passage. Peu lui importait que ses crocs de glace se plante dans une terre à l'agonie. Rien n’empercherait l'éternel cycle. Un vent léger faisait tinter les objets cabossés éparpillés et négligés. Vestige d'une autre époque, vestige d'une autre humanité. Les feuilles des arbres s'envolent par milliers. Aucun être vivant n'oserait affronter les ténèbres. Pourtant, la silhouette du loup noir se dessine sur le sol de la route menant à la ville. Si petite soit elle,refuge des bipèdes ayant survécus à leur propre folie. Le loup n'a pas peur de la nuit. Il est la nuit. Ne craint plus pour sa vie, la mort il l'a regardé en face à de nombreuses reprises. Il la considère désormais comme une bonne amie. Car quitte à avoir des ennemis autant que ceux ci soient fait de chair et de sang. Plus facile à abattre. Plus facile à haïr. Car vous voyez cette vieille dame. Rien ne peut la salir. Le loup est plus silencieux que la nuit. Il s'en moque il avance. Rien ne le détournera de son but cette fois. Mais pourquoi fait il cela ? Par vengeance, je le crois. Car, on n'oublie pas. De plus après avoir échappé à sa bonne amie tant de fois. Le loup noir décida que plus rien ne l’effrayera. Jusqu'à qu'il la rejoigne là bas dans l'au delà. Il sait qu'elle l'attend. Elle nous attend tous. Nous avons tous une place à sa table. La liberté voilà ce qu'il voulait. Désormais rien ni personne ne l’arrêterait. Nul loup, nul bipède, nul ennemi, nul peine. Ce monde ne tarderait pas à disparaître. Il ne pourrait jamais s'en remettre alors pourquoi se contraindre. Le respect c'est pour les faibles. La liberté exige qu'on la prenne. Le loup d'ébène s'avance au milieu des bicoques. Seul l'odeur de sa proie le taraude. Il la sent, elle est proche. Il ne reculera pas.

Le gout du chaos

« Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse.»

Le loup noir comme l'encre avance tranquillement d'un pas trahissant une confiance absolue en ses capacités. Aucun bipèdes ne viendraient le troubler. De l'énergie la folie vous coûtait. Le vent sifflait maintenant. Mais de la nuit il était le maître. Il se léchait les babines d'avance à l'odeur du fumet. Encore quelques pas et il y serait. Restant calme malgré l'impatience qui le taraudait à l'idée de goûter à ce délicieux met. Devant, l'enclos il s’arrêta net. Savourant la peur qui frappait toutes les bêtes. Il savait laquelle il soumettrait au funeste destin. L'heure du châtiment venait de sonner. Il sauta prestement par dessus la barrière. Dans ses yeux la lune se reflétait. Sur sa langue, un seul gout se distinguait. Le gout du chaos. Non, il n'était pas un héros. Bien au contraire. Ce gout lui plaisait. Et un sourire carnassier s'étira sur ses lèvres lorsque sa cible il trouva. Une bien belle vache que celle là. Peut être voyait il trop gros. Non, l'animal était là sans défense. Aucun risque pour lui. D'un mouvement leste, il bondit sur son flanc. La vache se renversa. De ses griffes son poitrail il laboura. Et de ses crocs il l'égorgea. La bête rua. Mais le loup noir ne lâcha pas. Ses sombres griffes il enfonça et enfin la vie quitta cette pauvre bête. Le loup d'ébène se goinfra sur place. Et traîna ce qu'il resta de la carcasse vers une certaine faille. Dans laquelle ses congénères se trouvaient dans le sommeil.