Vivre dangereusement

« Si je dois frôler la mort pour revoir les miens alors je le ferais avec plaisir »

Mes dernières chasses avaient été peu fructueuses, bon d'accord elles s'étaient soldés par des échecs. Quelles en étaient les raisons m'importait peu. Mon amour propre en avait pris un sacré coup. Mais, je m'en fichais car il s'était passé quelque chose d'étrange, de très étrange lors de ma dernière chasse dans la plaine bordant le Styx. Et cette chose n'avait cessée de m'obséder depuis. Je n'en dormais plus, mangeais à peine et me souciais à peine des problèmes de la meute. Je ne jetais plus un seul regard à Elérina. Non une seule chose m'importais. Analyser ce qu'il s'était passé ce jour là dans l'étendue glacé des terres du nord. Après avoir couru à m'en arracher les poumons sans raison valable. Enfin, c'était avant tout pour me défouler. Enfin, bref après cette course folle qui me laissa épuisé sur le sol. J'avais revu ma meute, ma mère adoptive, mon oncle tous ils étaient tous là. Je ne suis pas complètement stupide alors j'ai fermé les yeux puis les ai rouverts. Mais, ils étaient toujours là devant moi. Un fol espoir s'était allumé dans mon cœur. Un espoir de courte durée car cette illusion n'était pas réelle. Je m'en étais rendu compte car ma tentative de contact physique avec Trésor avait échouée. Depuis je n'avais cessé de gamberger. Me demandant si je ne basculais tout simplement pas dans la folie. Je n'ai pas encore déterminé la réponse à cette question. Mais après une très longue analyse, j'en suis venu à la conclusion que si j'avais eu cette "vision" c'était grâce à ma course folle. Donc grâce à une action irrationnelle ayant mis ma vie en danger. En faisant cela, je me mettais en porte à faux vis à vis de ma promesse à Trésor. Mais, j'avais pris ma décision. Les revoir je devais. Cela était pour moi une nécessité. Je ne sais pas si je deviens fou mais drogué peut être. Voilà ce qui m'avait poussé à m'enfoncer si loin chez les hommes alors que je m'étais juré de les éviter depuis le massacre de ma meute. Vivre dangereusement semblait être devenu mon nouveau crédo. J'avais attendu qu'il fasse nuit pour m'esquiver de la tanière Sekmet dans la faille de grenat. J'avais prétexté avoir besoin d'air. Ils n'y avaient vu que du feu ou alors ils n'en avaient rien à faire. Au fond, je m'en fichais aussi. Mon pelage noire me rendrait presque invisible de nuit. Alors je ne craignais pas grand chose, enfin c'est ce que je pensais. Lorsque je sentis une puanteur reconnaissable entre mille je sus que j'étais arrivé à destination. L'odeur des hommes me piquait le museau. Et pendant un moment, la peur s'empara de moi et je songea à faire demi tour. Mais ma détermination reprit le dessus. Et faisant preuve de la discipline et du calme qui était mes traits de caractères les plus précieux. Je m’astreignis à avancer discrètement entre les bâtisses en ruines et d'autres en construction. Je me cacha un moment dans un fourré pour évaluer le dispositif de sécurité. Je ne voyais pas l'enclos des bêtes mais mon museau fut envahi par un fumet comme je n'en avais jamais senti. Oui, je saurais sans problème les trouver. L'adrénaline pulsait dans mes veines et mon cœur battait plus vite que d'habitude. Mais depuis ma cachette j'étais plus discret et silencieux qu'une sentinelle et prêt à faire preuve de plus de cruauté qu'un hordien.

Vivre dangereusement

« On naît chasseur on ne le devient pas   »

J'étais bien à l'abri caché dans les fourrés entre deux vielles bâtisses aussi laides que délabrés. Ces bipèdes étaient décidément bien étranges en plus d’être complètement malade. Bon, je n'étais peut être pas le loup le plus sain d'esprit en ce moment mais peu importe. Je serais toujours moins fou que ces monstres. La rage était en train de m'envahir. L'odeur des humains retournaient des plaies que je pensais refermés ou presque. Je parvins à retrouver mon calme au bout de quelques minutes. Un homme passa juste devant moi sans me voir. Je leva le museau en l'air pour m'assurer qu'il n'y avait pas d'autres humains. Rien à signaler, le dispositif de sécurité était bien plus faible la nuit. Je suppose qu'ils pensaient qu'aucun loup n'aurait le courage de venir jusqu'ici. Et bien, ils se trompaient visiblement. Dommage pour eux ils avaient tord car je n'étais qu'à quelques mètres de l'enclos ou se trouvaient leurs chères bestiaux. Du gibier au fumet royal n'attendant que de servir de repas à mes congénères. Je jubilais en imaginant la tète que feraient les hommes demain matin. Jugeant que j'avais assez attendu et que la voie était désormais absolument libre. Je m'engagea dans l'allée menant à l'enclos. Un enclos de taille moyenne rempli de moutons bien gras, bien dodus et bien coincés. J'allais surement marquer des points chez les Sekmets mais je n'en avais cure mon plan avait fonctionné parfaitement trop parfaitement. Aucune chance de revoir les miens cette nuit. Tant pis, mon instinct de chasseur prend finalement le dessus sur mes buts initiaux. Je ne suis plus qu'à quelques pas de l'enclos. Les moutons sentent ma présence et s’excitent. Je dois faire vite. Je bondis prestement par dessus l'enclos et me jette sur le premier mouton à ma portée. Je l'achève en le mordant dans le cou. Le sang gicle, ne pouvant m'en empêcher je commence à me nourrir. J'en avais bien besoin. Puis j'entreprends de traîner ma proie jusqu’à la faille de grenat. Je la mords fortement puis une fois sur qu'elle est bien agrippée à mes crocs je la traîne en courant. Je ne peux pas aller très vite mais suffisamment pour mettre suffisamment de distance entre le village des hommes et moi quelques instants plus tard.