Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Mais comment vais-je donc me débrouiller ? Au réveil, il n’y avait plus personne à mes côtés, j’étais livrée à moi-même dès lors que j’ai ouvert les yeux. Ma mère m’avait abandonnée pour de bon cette fois-ci. Seule. Seule avec un objectif : retrouver mon père. Je n’avais pour seule information le concernant son nom et son pelage semblable au mien selon ma mère. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais difficile ne veut pas dire impossible, c’est ce pourquoi je continuai de chercher durant la journée qui s’écoula. Jamais le monde ne m’avait paru si grand et si hostile que lorsque j’ai ouvert les yeux pour la première. Ces mêmes yeux avec lesquels je redécouvrais désormais le monde qui s’offrait à moi.
J’avais l’impression que tout passait lentement, je ne faisais que me cacher au moindre bruit afin de ne pas me faire croquer par un loup plus fort que moi –et ce n’était pas difficile à trouver- et j’avais l’impression que tout se ressemblait. Continuant de marcher, la tête et les oreilles basses, je sentis une nouvelle fois une odeur lupine. Elle ne semblait pas vraiment loin, mais je préférais m’assurer d’être sécurité.
Minute.
Réalisant que mon agissement était des plus stupide quant à l’objet de mon but, je sortis du caisson derrière lequel je m’étais cachée et remarquai que le canidé était désormais plus proche. Assez pour l’apercevoir. Impressionnant. Ce loup était vraiment impressionnant.
Je ne pus m’empêcher de le détailler de loin, tout en ayant l’air la plus naturelle possible. Du moins, essayer. Il semblait avoir un poil similaire au mien et un effluve d’espoir traversa mon cœur, illuminant ainsi mon regard. Je me devais de l’approcher un peu plus pour être certaine de ce à quoi je pensais. Ce que je fis sans hésiter cette fois-ci. Plus l’espace avec ce semblable diminuait et plus je sentais cette douce chaleur m’envahir. Durant mon chemin, je passais non loin de lui en lui jetant de temps à autre des coups d’œil. Pas de doute, il me ressemblait bien. Mais comment l’aborder ? Cela ne ferait-il pas idiot de venir engager la discussion en lui demandant s’il avait connu une certaine Kija ? J’étais tellement dans mes pensées que je ne vis pas quelque chose dépasser du sol dans lequel je me pris les pattes. Incontestablement, cela me fit chuter. Et lamentablement. En reprenant rapidement mes esprits, je remarquai que la chute m’avait d’autant plus rapprochée de l’inconnu au point de me retrouver presque à ses pattes. C’est ainsi que je vis qu’il était plutôt grand. Du moins, plus que ma génitrice de qui je tiens ma petite taille. Malgré toute la fierté que j’avais, je sentais tout de même une certaine intimidation qui me força à balbutier :
« Hum… bonjours… Excusez-moi je ne voulais pas… »
C’est sans raison valable que je m’arrêtai en pleine phrase. Je n’avais pas l’air bête ainsi. Afin de regagner un minimum de dignité, je basculai sur le ventre et entrepris de me relever.
Force : 10 Agilité : 6 Endurance : 7
Invité
Invité
En savoir plus
Dim 15 Fév - 11:04
Jauges : Force : 85 Agilité : 82 Endurance : 86
Papa ?
Laissant derrière moi la patrouille et la garde des prisonniers, je m'enfonce dans les sous-terrains en me laissant guider par les filets d'air frais qui frôlent mon pelage par endroits. J'essaie de trouver l'origine de ce renouvellement d'atmosphère, afin de m'assurer qu'il ne s'agit pas d'un tunnel creusé par les Sekmets en vue d'une quelconque rébellion contre ma Leader. Je tourne, vire, trottine puis marche plus lentement, et je recommence ainsi mon manège pendant de longues, d'interminables minutes. Parfois, je tombe sur d'immenses hélices qui tournent avec véhémence, m'envoyant cet air froid directement au visage, me rafraîchissant agréablement même si cette brise n'étanche pas ma soif. D'autres fois, ce ne sont que des culs-de-sacs que je rencontre sur mon chemin, et je me vois dans l'obligation de faire demi-tour pour trouver un autre chemin. Mon sens de l'orientation me permet de ne pas me perdre, mais j'ai un peu plus de mal à mémoriser les emplacements de chaque hélice ou de chaque tunnel sans issue. Il me faudra revenir ici régulièrement afin de me souvenir à la perfection des endroits dangereux et de ceux qui le sont moins. Les hélices sont protégées par des grillages humains, mais certaines de ces grilles sont mal fixées et les chahuts de louveteaux pourraient les faire tomber par inadvertance.
Les tunnels sans issues seront à éviter pour un hordien seul, les Sekmets pourraient décider d'y organiser un piège, un guet-apens, et serait alors la fin de l'un des miens. Ici il n'y a pas la place de se battre, même pour un loup aussi fort que moi. Alors j'essaie de noter dans un coin de mon esprit, tous ces endroits à étudier plus amplement ou à éviter purement et simplement. Alors que je fouille et renifle un énième tunnel vide, une odeur lupine m'interpelle. Je redresse la tête, pour apercevoir un louvard à quelque distance de moi. Que fait un jeune dans les parages ? Je hume ses effluves, et suis surpris d'apprendre qu'il s'agit sans aucun doute d'un solitaire. Mais que vient faire un solitaire dans les parages ? C'est non loin de là que sont basés les Sekmets, alors pourquoi prendre le risque d'atterrir par ici ? Je l'ignore et poursuis mes recherches tout en veillant à ne pas me faire attaquer par derrière, jusqu'à ce qu'il trébuche et se retrouve à à peine un ou deux mètres de moi, son corps étalé dans la terre. C'est là que je réalise qu'il s'agit en fait d'une louvarde, et que je commence à me demander où j'ai bien pu voir ce regard avant aujourd'hui. Elle me semble familière, alors que je suis persuadé de ne l'avoir jamais vue.
- Hum… bonjour… Excusez-moi je ne voulais pas…
Sans terminer sa phrase, elle se relève lentement en roulant sur elle-même pour reprendre possession de son équilibre. Je la fixe de mes yeux saphirs, cette impression de déjà vu est vraiment désagréable. Puis je décide de mettre ça sur le compte de la fatigue, et je recule d'un pas pour qu'elle ait la place de se redresser sans finir le museau dans les poils de mon poitrail. Je la détaille une seconde, et j'hume encore son odeur pour m'assurer qu'elle ne fait pas partie de la meute que je tiens en partie sous mon joug.
- Qu'est-ce que tu fais dans les parages ? Une jeune solitaire ne devrait pas traîner aussi près des territoires des Sekmets.
En fait je me fiche pas mal de ce qui peut bien lui arriver, mais une mise en garde n'est pas de trop. Si elle peut sauver sa vie en filant d'ici, je peux bien lui donner un coup de patte en lui précisant les dangers qui rôdent là où elle se trouve.
Je poussai sur mes pattes arrières afin de me remettre en position debout et de regagner un minimum de dignité. Ainsi, je pu me permettre d’observer un peu plus l’inconnu qui me mit en garde :
« Qu’est-ce que tu fais dans les parages ? Une jeune solitaire ne devrait pas traîner aussi près des territoires des Sekmets »
Lui dire directement ce que je faisais ici n’était peut-être pas une bonne idée… C’est ce pourquoi je décidai de ne pas répondre directement à sa question, ou du moins, pas entièrement.
« Je ne fais rien de spécial, je suis simplement à la recherche d’un loup »
Cependant, quelque chose m’intriguait, pourquoi étais-je tant en danger ici ? Et qui était donc ces Sekmets ? Dit ainsi je supposais que c’était une meute de loups, ou alors les noms donnés aux humains. Car, dans les deux cas, les deux sont un potentiel danger. Le fait d’avoir passé la quasi-totalité de ma vie enfermée dans la tanière n’a pas aidé puisqu’à cause de cela, je ne suis du coup au courant de rien. J’avais besoin d’avoir des réponses à mes questions, je me permis donc de demandes ces renseignements à ce loup en face de moi :
« Disons que je n’ai pas l’habitude d’être seule à l’accoutumée. Mais que sont ces Sekmets ? »
Quitte à passer pour une idiote, au moins je prenais des mesures de sécurité. Le fait qu’il me déconseille autant l’accès à cet endroit ne me rassurait guère. En attendant sa réponse, je profitais du fait de me trouver près de lui pour l’observer le plus possible. Je comparai rapidement nos deux pelages et remarquai une fois de plus leurs similitudes. Pas de doute là-dessus, l’un des deux critères était atteint, ce qui resserrait ainsi l’étau. Il ne lui restait plus qu’à trouver un moyen de lui faire dire son nom sans avoir l’air suspect ou étrange… A moins que ça ne soit déjà fait. En effet, je remarquai que je le regardais peut-être un peu trop et que cela pouvait paraître louche. Immédiatement donc, je détournai mon regard en baissant la tête pour me gratter l’antérieur droit à l’aide de mes crocs.
- Je ne fais rien de spécial, je suis simplement à la recherche d’un loup.
Je la détaille quelques secondes. Son pelage fauve, ses yeux ambrés et son air juvénile quoi que malicieux. Ce pourrait-il que mes petits ressemblent à ça, dans quelques mois ? J'aimerais tant pouvoir les voir, les aimer sans me cacher, leur apprendre tout ce que je sais. J'aimerais qu'ils sachent que je suis là et surtout, qui je suis. Mais rien. Rien ne m'autorise à le faire si je tiens vraiment à eux. Parce que le moindre de nos contacts est un risque pour que les Sekmets apprennent notre lien de parenté, et je ne peux faire mon travail et veiller continuellement sur quatre boules de poils sans les mettre en danger. L'un ne vas pas avec l'autre, aussi je dois privilégier mes responsabilités de hordien dans les semaines à venir. Mais j'en reviens à la jeune femelle, devant moi. Cherche un loup ? Ici ? Est-ce qu'elle a perdu un Sekmet ? J'hésite à lui poser la question. Mais en fait, non, ça ne me concerne pas. Alors je garde le silence tout en la fixant dans les yeux, mais la petite semble réfléchir toujours autant. Comme si il lui manquait quelque chose de plus, pas seulement un loup.
- Disons que je n’ai pas l’habitude d’être seule à l’accoutumée. Mais que sont ces Sekmets ?
Mon regard s'écarquille. Qui sont les sekmets ? Elle doit plaisanter, ce n'est pas possible. Pourtant, ses yeux sont chargés de questions, et cet air interrogateur ne me semble pas aussi malicieux qu'il pourrait -ou devrait- l'être. Je ne sais trop quoi penser. Devrais-je m'énerver et la harceler à coups de crocs pour qu'elle me dise la vérité, qu'elle m'informe de ce qu'elle fait vraiment dans les parages ? Après tout, elle est peut-être une alliée des sekmets rebelles. Qui me dit qu'elle n'est pas en train de me distraire pendant que ses copains passent silencieusement dans mon dos ? Je tourne d'instinct ma tête derrière moi pour m'assurer du silence de l'endroit. Personne. Ou alors, elle me distrait pour qu'ils puissent aisément s'attaquer à la horde, au camp. Je pense à partir en courant sans plus attendre, mais aucun écho ne me parvient des tunnels. Et s'il y avait combat, la seule voix de cette petite ne pourrait couvrir tous les grondements de rage et la résonance des coups portés par des adversaires furieux. Alors, quitte à ne pas être agressive, mon attitude reste dans le doute. Comment peut-elle ignorer l'existence des Sekmets ? J'hésite un très long moment.
- Comment se fait-il qu'à ton âge, tu ne connaisse pas les Sekmets ? Ils sont l'une des meutes les plus importantes, en ce monde. Tu sors d'une grotte, ou quoi ?
Mais je réalise en même temps que je parle, qu'elle ne semble effectivement pas du tout coutumière des lieux. Comme si elle s'était égarée là par inadvertance. Il vaudrait mieux pour elle qu'elle ait un bon sens de l'orientation et qu'elle soit capable de rentrer chez elle rapidement, parce que je doute qu'elle puisse survivre bien longtemps ici-bas alors qu'elle ne sait même pas le nom que porte son ennemi mortel. Je soupire tout en réfléchissant. Je pourrais peut-être l'escorter jusqu'aux frontières des terres Sekmets afin qu'elle rentre chez elle sans encombres. Après tout, si elle cherche un loup, c'est qu'elle ne vit habituellement pas seule. Et si je peux rallier à ma cause quelques solitaires pour avoir sauvé la vie de l'une de leurs jeunes, ce serait ça de gagner. Ou alors, je pourrais directement l'aider à retrouver ce loup qu'elle a perdu, afin qu'il me voit de ses yeux et qu'il me remercie dans les formes, en me demandant ce que je veux. Ca me mènerait au même résultat, avec une garantie supplémentaire puisque j'aurais l'occasion de rencontrer directement ce loup. Triturant mon cerveau pour peser le pour et le contre, je réalise bien tard qu'elle m'observe beaucoup. Mais je ne fais pas de commentaire puisqu'elle détourne rapidement le regard.
- Quel est le nom de ce loup que tu cherche ? Je peux peut-être t'aider à le retrouver.