La louve blanche déambulait librement, sa longue fourrure blanche soulevée par une légère brise. Ce même souffle fit se balancer les rares herbes subsistant, et Daria observa d'un air amer le paysage dévasté et détruit s'offrant à ses yeux.

Les collines escarpées. Précaires restes d'une splendeur oubliée, déformée par les humains et leur folie destructrice. Le Bras-Droit frémit en se remémorant combien elle appréciait avant sortir et se détendre dans les paysages idylliques qu'offraient la nature dans un passé lointain. Une bile amère lui monta en bouche, et elle préféra fermer un instant les yeux que de se souvenir de l'époque heureuse de sa jeunesse, quand la terre tournait rond, quand les étendues sauvages étaient encore vierge du passage de l'homme.
Quand Toriac était toujours en vie...

Elle rouvrit brusquement les yeux. Penser aux morts n'avaient jamais été bénéfique. Il lui fallait continuer, aller de l'avant, pour son bien être et celui de la meute.
Aussi se tapit-elle sur le sol poussiéreux, mouchetant avec désinvolture sa belle fourrure de cendres, et s'apprêta-t-elle à traquer sa proie.

La première chose qu'elle fit fut de se diriger vers quelques rares bosquets sur les flancs des collines. Peut être les maigres plantes étaient-elles le refuge de proies tout aussi maigres. Quoi qu'il en soit, c'était mieux que rien.
A l’affût, la louve se tapit dans une attente presque douloureuse pour l'esprit impatient qu'elle était.

La louve ressentit une présence, dans les buissons, et un mouvement se fit sentir dans les feuillages. Alerte, la louve se retint de frémir, et faillit bondir trop tôt.
Cependant, elle sut se maîtriser et attendit patiemment que le moment soit propice.

Tous ses muscles étaient tendus dans l'attente de la chasse, l'excitation de la traque, l'envie de sang et de mort.
La nécessité de manger était une loi forte dans la vie sauvage, et commune à chaque être vivant. Se sustenter était important pour la meute, et donc vital pour Daria.

Le coeur battant, l'animal observa le bosquet avec plus d'intensité encore, son regard d'ordinaire froid et lointain concentré sur l'action. Elle n'était plus Daria, ou Aurore Bleue, une louve distante et torturée, aussi ambitieuse que lasse. Elle était une louve sauvage et fière, luttant pour sa survie, dans un monde impitoyable.

Elle bondit, toutes les fibres de son corps tendues et son coeur battant plus fort que jamais.

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'Dé de chasse' : 12

La louve s'abattit avec force sur une proie. Celle-ci couina, surprise, mais un rapide coup de croc le fit taire à jamais. Ce fut avec une satisfaction sanguinaire et sauvage, issue d'un instinct du fond des âges, qu'elle releva la tête, la dépouille d'un maigre lapin reposant entre ses mortelles mâchoires.

Si la prise n'était pas bien grosse, cela contribuerait à nourrir la meute. Cela était une véritable avancée pour les Esobek. Elle résista volontairement à l'envie de dévorer sa proie : les autres passaient avant tout, surtout en temps instables ainsi.

Toutefois, l'anxiété prit bientôt la place dans son cœur, chassant le peu de joie qu'elle avait accumulé en dénichant ce lapin. La meute avaient de nombreuses gueules à nourrir, et Wakanda avait un appétit d'ogre ! Cette petite plaisanterie la fit sourire, mais il disparut de son museau tel une fleur à peine éclose sur la trajectoire d'une bombe. Jolie, mais inutile et impuissant contre la tristesse et la lassitude qui l'emplissait.

Il fallait d'autres proies. Beaucoup d'autres. Elle enterra sa première proie afin d'éviter d'attirer d'autres prédateurs. Ayant eu de la chance avec son premier essai, elle décida de retenter dans les bosquets et reprit sa position initiale.

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'Dé de chasse' : 3

Après une longue attente, durant laquelle le farouche instinct de chasse vint la posséder une seconde fois, la louve se sentit craquer sous la pression. Finalement, ce fut en grinçant des crocs que la louve se releva. Ses fibres étaient emplies d'une envie sauvage, et ce n'était pas en traquant des feuilles dans les bosquets qu'elle la satisferait. Le lapin avait dû être un coup de chance.

Aussi Daria parcourt-elle du regard le paysage, en évitant de s'attarder sur les collines dévastées et les plantes mourantes.
Ses yeux sombres repérèrent un mouvement en contre-bas, et elle plissa les yeux. Là, en-dessous d'elle, une créature -ou une feuille, pour ce qu'elle en savait- s'agitait, inconsciente du danger. La prédatrice évalua la situation : cela était un saut périlleux, mais la pensée d'une autre proie à ajouter au garde-manger la décida.

La chasseresse se tapit, évaluant rapidement du regard la distance. Oui, c'était possible.
Elle s'élança.

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'Dé de chasse' : 8

La louve grimaça en plein saut. Si la distance avait bien été évaluée, la précision de son saut était médiocre. Elle allait rater sa proie !
Refusant pourtant d'abandonner, Daria, dans une périlleuse contorsion, parvint à saisir l'animal par la nuque. Hélas, elle ne put se rétablir à temps et entraîna sa prise dans une dangereuse roulade à flanc de colline.

Heureusement pour elle, elle n'était pas placée bien haut. Sa course infernale s'arrêta pourtant uniquement au pied de la protubérance rocheuse, et elle ne lâcha pas sa proie, se serrant les crocs à s'en faire saigner les mâchoires.
Elle se releva aussitôt, inquiète. Mais elle n'était pas blessée, seules quelques douleurs la lançaient, et plusieurs touffes de sa fourrures avaient disparues de son corps musclé. Et elle avait toujours sa proie, un mulot plutôt gras par rapport à ceux courants les steppes en ces époques troublées.

Épuisée, la louve décida qu'il était temps de rentrer. Un lapin et un mulot constituait un butin plus que respectable, et la journée l'avait épuisée. Un coup de pouce du ciel l'avait aidé, et les dieux devaient avoir décidés que sa meute nécessitait leur bénédiction.
Elle alla déterrer son lapin, et s'en retourna vers la cave soufflée, ses deux proies se balançant en rythme tandis qu'elle laissait son corps céder à l'envie de se défouler dans une course éperdue.