Force : 10/100
Agilité : 15/100
Endurance : 10/100

S'aventurer aussi loin n'était peut être pas la meilleure idée qu'il ait eu, mais il fallait qu'il sorte, ou il allait devenir fou. Il ne supportait décidément pas de rester planqué sous terre aussi longtemps. L'appel de la surface était trop fort, et après avoir découvert l'infirmerie, le mâle roux était monté encore d'avantage dans le dédale de tunnels, plus haut, toujours plus haut, jusqu’à ce qu'il débouche sur une large esplanade de bitume ou quelques voitures humaines étaient abandonnées. Phoenix ne tarda pas trop dans ces lieux. Une odeur d'air frais s'échappait d'un escalier proche de lui. Sur ses gardes, le mâle roux s'y engagea avec discrétion, grimpant les marches deux à deux. En haut se trouvait la plus grande surface humaine qu'il ait jamais vu. D'immenses vitres de verres se déployaient de loin en loin, jonchées de brisures et de gravats. L'endroit paraissait abandonné de toute présence humaine, et pourtant, leur odeur y était bien présente, bien qu'ancienne. Phoenix ne se sentait pas à l'aise par ici. Il allait donc explorer un peu les lieux, profiter de la luminosité qu'ils offraient, voir s'il ne faisait pas une trouvaille intéressante, puis il repartirait.

Comme il avançait dans l'allée principale, Phoenix remarqua que chaque porte surmontée de verre donnait accès à d'autres salles plus ou moins petites. L'une d'entre elle sentait l'animal, lui faisant vaguement penser à l'odeur du mouton. C'était une petite porte, qui donnait sur une petite pièce peu éclairée. Phoenix s'y aventura, poussé par la curiosité. Des barres de fer transversales soutenaient des vingtaines de "morceaux de tissu". Il les renifla : c'était de la laine de mouton. Une odeur qu'il connaissait bien. Cela lui rappelait des souvenirs... De vieux souvenirs. Le temps ou il était encore un louveteau, blottit contre le ventre de sa mère. Leur père lui avait rapporté une laine de ce genre, pour leur tanière, et l'odeur du mouton en était imprégnée. Phoenix avait dormi dessus... Pendant que leur mère chantait. Elle chantait, pour couvrir le bruit de l'orage. Le bruit des bombardements. Le bruit des pluies assassines.
Elle chantait... Quoi, déjà ? Quel était cet air ?

Mhmh... hhmh... Entonna doucement le mâle roux, le regard perdu dans le vague.

Dans les forêts d'Automne, j'entends chanter la pluie
Une goutte après une autre, si chaudes et si jolies
Dans les forêts d'Automne, je dors sur ce lit
De feuilles multicolores, de roux, de brun, je ris
Viens, chante avec moi, dans cette foret d'Autome
Bien, regarde-moi, le soleil est ma vie...

Dans les forêts d'Automne, j'entends chanter la pluie
Une goutte après une autre, si chaudes et si jolies
Dans les forêts d'Automne, je dors sur ce lit
De feuilles multicolores, de roux, de brun, je ris
Viens, chante avec moi, dans cette foret d'Autome
Bien, regarde-moi, le soleil est ma vie...


Sa voix se stoppa. Il n'avait pas souvenir d'avoir retenu aussi bien ces paroles, mais il préférait autant les oublier et ne plus s'en souvenir. Il était des portes qu'il valait mieux laisser fermer. Phoenix sortit donc de la pièce, s’avançant vers la prochaine pièce.

La pluie tombait dru dehors, accompagnant l'éternel fracas des bombes qui tombaient à l’extérieur. Ce lieu était dépourvu d'humain, pour le moment, mais il n'en était pas moins dangereux. Comment prédire si l'un de ces obus n'allait pas s'écraser droit sur le bâtiment ou il se trouvait en ce moment et l'enfouir sous des amas de décombres ? En restant ici, il prenait de grands risques, mais étonnement, c'était la première fois qu'il se sentait vivant depuis plus d'une semaine.

Une odeur que lui avait jusqu’à présent masqué le vent se faufila finalement vers son museau, l'alertant d'une présence, et il se retourna précipitamment vers le loup noire qui se trouvait juste la. Un hordien, comme lui. Il s'en souvenait, de ce pelage d'ombres, mais pas du prénom de celui qui le portait.

— Hordien si je ne m'abuse ?
Demanda t-il.
Il s'approcha, calme, aussi calme que la pluie dehors, aussi calme que lui. Son regard la suivait, imperturbable. Il fut assez étonné de trouver l'une de ses "camarades" dans le coin... L'avait t-il suivi ? Peut importait, après tout...

— Ton flair ne te trompe pas, répondit t-il en faisant rouler machinalement ses épaules. Maintenant qu'il l'avait en face de lui, autant le renseigner sur son prénom, histoire de ne pas avoir à le faire par la suite...

— Je m'appelle Phoenix. Fit t-il.

— Hmm, d'accord.

Répondit l'autre sans grand enthousiasme. Phoenix jeta un coup d’œil à la pluie dehors, songeant à ce qu'il allait faire ensuite. Peut être continuer à explorer les environs.

— Arawn, "ravi" de faire ta connaissance

Il comprit parfaitement la fausseté de ces paroles, mais il ne les releva pas. La plupart des hordiens se plaisaient à jouer ce petit jeu de dénis. C'était pourquoi ils n'avaient aucune sorte d’intérêt à ses yeux. D'ailleurs, il préférait ne pas rester plus longtemps ici.
Phoenix tourna son corps dans la direction opposée, gardant un œil sur son vis-à-vis tout en lui répondant :

— J'ai mieux à faire, je te laisse.

Et de commencer à partir sans rien ajouter.

Pendant qu'il avançait, Phoenix sentit que l'autre loup s'obstinait à le suivre tel un louveteau après sa mère. Ses oreilles se raidirent vers l'arrière : Arawn le cherchait, visiblement, et si il continuait ainsi, il allait être en bonne voie pour le trouver. Il sentit ses crocs se découvrir peu à peu, au fur et à mesure qu'il perdait patience.

— Ou alors je pourrais te tuer, ici et maintenant, lui lança t-il finalement.

Un grondement puissant émana tout à coup du fond de sa gorge, retentissant autour d'eux avec un écho lugubre. Le mâle roux se retourna d'un geste brusque, plantant ses prunelles sombres dans celles de son vis-à-vis.

— Qu'en dis tu hordien ? Si tu fais réellement partis des nôtres.

Phoenix fit un pas dans sa direction, encra ses pattes sur le sol, alors que son poitrail se soulevait sous la pression de ses muscles bandés.

— Je n'ai pas peur de toi, gronda t-il en le scrutant. Approche Arawn !

Il me fixe, je le fixe. Il hésite peu de temps avant de me répondre. Il gronde. En gentil toutou qu'il est. Je n'ai pas peur de toi.
Je le dévisage. Il doit bien savoir que je le bâterais à plate couture. Que mes crocs lainerais sa chaire. Qu'il perdrais pieds en quelques minutes. Il gronde encore, ses muscles bandés, prêt à se battre. Approche Arawn ! Je le scrute. Je dois avouer que je suis surpris. Ce gamin va récolter de sacrés cicatrices mais soit, si c'est ce qu'il désir. Il ne faut pas me le répéter deux fois. Un sourire s'efface et mes crocs se dévoilent. Je me jette sur lui. Nous roulons sur quelques mètres, crocs et griffes dehors. Les chairs s’amputent, le sang coule. Les grognements fusent. Je mords son épaule, il agrippe ma cuisse. Mes crocs s'enfoncent dans sa chaire tendre, le sang coule dans ma gorge. Le petit brun ne lâche pas l'affaire et secoue la tête. Jusqu'à arracher un lambeau de peau. Je ne peu retenir un glapissement de douleur. Je desserre ma prise et malgré la douleur je reviens à la charge. Cette fois je plaque le hordien au sol. L'air se vide de ces poumons. Il est à ma merci. Je le scrute. J'ai mal mais je garde mon sang froid. Et je lâche d'une voix froide,
-Un conseil, ne t'attaque jamais à plus fort que toi.