Cette vie était vraiment étrange. Les humains vous avaient poussés à vivre dans les profondeurs de la terre, à cause de toutes leurs bêtises, et tu n'aimais pas cette idée. Vous étiez tous retranchés dans le sol, sans voir le ciel, et avec une nouvelle alpha que tu ne considérais pas en tant que tel. Mais le pire de tout ça ? Vous aviez perdu énormément de nourriture, et il était difficile d'en trouver d'autre. En plus, vous ne deviez manger plus que des rats, contaminés par la maladie, pour la plupart. Ton estomac te torturait, et ton territoire de chasse favoris te manquait.

Mais aujourd'hui, tu avais trouvé un repère rempli de bestioles qui couraient dans tous les sens. Pas de temps pour te poser de questions quant à savoir si c'était bon ou non, il y avaient trop de bouches à nourrir. C'est pourquoi, après avoir repéré un gros rat un peu plus loin, tu t'étais lancé à sa poursuite. Oui mais voilà, il faisait noir, tu te pellais, et tu n'étais pas aussi habitué que ces bestioles infernales aux souterrains. Tu t'étais d'abord pris un vieux tuyaux rouillé dans les pattes, puis une grille qui pendait au dessus de ta tête. La grotte était humide, et remplie de décombres métalliques -encore des cadeaux des humains- qui t'empêchaient de circuler. Mais tu avais vite compris le mécanisme de la chose, et maintenant, tu avais un peu plus de facilités à te déplacer dans ce souterrain. Tu rattrapais à présent ce gros rat qui t'avait jusque là bien semé. Mais le temps te semblait étrangement long.

Oui mais voilà, il était finalement passé derrière un énorme tuyau, ou plutôt deux énormes tuyaux qui étaient empilés, et bien trop hauts pour toi. Tu étais essoufflé de ta course, tu avais mal aux coussinets à cause des morceaux métalliques coincés dans tes coussinets, et le rat était pris au piège .... à un endroit que tu ne pouvais atteindre. C'était bien ta veine, tiens ! Oui mais le petit animal, qui se pensait maintenant sauf et qui n'attendait plus que ton départ pour s'en aller, avait fait l'erreur de te sous-estimer. Tu ne laisserais pas partir cette nourriture si facilement ! C'est pourquoi, tu avais bondis une première fois contre le tuyau d'acier rouillé. Manque de chance, tu n'avais pas pu t'accrocher, c'était trop haut pour toi. Tu étais alors retombé douloureusement sur le sol. Mais tu t'étais relevé, retentant encore ce saut impossible. Tu obtins le même résultat lors de tes huit prochains essais, ton dos commençait à te faire mal et ton souffle se perdait. Mais au neuvième saut, tu réussis à rebondir sur le premier tuyau, et à t'agripper difficilement au second. Tu tiras fort sur tes muscles, et tu franchis enfin l'obstacle. Fier comme un paon, tu étais retombé à côté du rat, trop surpris pour même penser à s'enfuir lorsque tu l'avais saisis de ta patte musclée. Et en deux temps trois mouvements, tu pouvais rapporter le rat à ton garde manger, afin de nourrir une bouche supplémentaire.

Et puis, ce fut ton jour de chance aujourd'hui. Bon, Rat en bouche, tu t'étais d'abord aperçu que maintenant, tu étais piégé du mauvais côté des tuyaux, et qu'il te fallait regagner le bon côté, afin de ramener ton festin -et bien si on pouvait l'appeler comme ça-. Ronchonnant, tu avais alors repris de l'élan, pour réaliser le même saut que précédemment. Oui mais voilà, de ce côté là, tu étais coincé contre un mur, et ne pouvais pas prendre de l'élan ... C'était alors bien plus difficile ! Tu avais alors contracté tous tes muscles, et bondis le plus haut possible, t'étalant comme une crêpe à la fin de ton action. Si le rat était encore vivant, tu étais sûr qu'il se moquerait de toi ! Et puis, tu avais re tenté ce saut plusieurs fois, sans jamais atteindre correctement le premier tuyau. Trois fois, cinq fois .... Dix fois, quinze fois. Le souffle court, tu avais alors arrêté de te torturer, tu avais mal au dos, mal aux cottes, mal aux poumons. Tu étais épuisé de toutes ces tentatives, et de toutes ces chutes. Tu avais beau y mettre toute l'agilités que tu pouvais, tu n'arriverais pas à sortir de ce piège de cette façon, il fallait se rendre à l'évidence. Tu avais alors cherché un nouveau moyen de t'en tirer. Et c'est alors que tu avais trouvé tout un tas de morceaux de ferraille bien plus loin. En les déplaçant tu pourrais peut-être te créer un passage, et te libérer. Et puis, en regardant plus près ces choses étranges laissées par les hommes, tu as vu ta chance t'ouvrir ses bras. Un autre rat te fonça dessus, paniqué à l'idée d'être dérangé. Par réflexe, tu lui agrippas alors la queue, mais ce dernier te fila entre les pattes. Tu le rattrapas, et au bout de quelques minutes de faufilage entre tes doigts, tu parvins enfin à l'attraper, et à le tuer. Si tu parvenais à sortir d'ici, tu aurais deux rats à ramener au garde manger ! Il ne restait plus qu'à déplacer ces décombres.

Tu étais alors retourné vers ces débris de plomb, et les avais inspectés. Il y avait une grande façade de métal qui était bloquée par une sorte de bidon d'acier, mais bien plus lourd qu'un simple bidon. Il fallait alors que tu le déplaces, pour avoir accès à la façade. Tu avais alors mis toutes tes forces dans le bidon, et après quelques minutes, réussi à le faire bouger, et .... BAOMMMMMMMMMMGLINGCLANG. Un vacarme assourdissant de métal. Plein de pièces étaient tombées, de toutes formes. Incrédule, tu regardais ce désordre que tu n'avais totalement pas prédit. Mais heureusement, cela te donnait tout de même un accès à la sortie, mais disons ... Plus dangereux ... Tu étais alors monté au sommet de la pile de débris, et avais sauté la dernière distance, t'agrippant en haut du deuxième tuyau, les deux rats en bouche. Mais maintenant, tu glissais. Tu étais à peine accroché, et tu perdais de la force. Tu regardas le sol rapidement, déglutissant. Si tu te lâchais, tu te ferais sans doute embrocher par un morceau de métal. Tu t'étais alors accroché durement à la paroi glissante, à ta vie. Tu avais lâché les rats de l'autre côté, afin de ne pas t'encombrer. Et maintenant, t'agrippant avec tes pattes avant, et te poussant avec tes pattes arrières, tu tentais de remonter. Et au bout d'un moment, retenant ton souffle, tu avais tout donné, et réussi à passer. Tu étais retombé de l'autre côté douloureusement, puis t'étais simplement levé, tu avais pris tes rats, et était parti.

Finalement, il s'est avéré être un véritable nid de rats, que tu avais trouvé. Parce que, ayant encore tes deux rats à ramener au camp, tu avais croisé un troisième rat, qui te narguait. Il était bien plus gros que les deux autres, mais bien plus laid aussi. Sans te poser plus de questions, tu t'étais alors lancé à sa poursuite. Sauf qu'il était bien plus rapide que les autres aussi ... Ou alors était-ce toi, qui étais plus fatigué ? Peut-être bien. Quoi qu'il en soit, tu lui courais après, peu importe ce qui pourrait te freiner. Tu te déplaçais agilement entre les objets métalliques, évitant à la fois roches et morceaux de métal rouillés. C'était une course infernale dans laquelle tu t'étais lancé, mais tu ne voulais pas lâcher. Tu sautais par dessus d'innombrables tuyaux, retombant à chaque fois sur tes pattes, et poursuivant ta course. Le rat passa ensuite au dessous d'une large grille, qui semblait aussi vieille que ton arrière grand père. Fatigué d'avoir à passer tout un tas d'obstacles, tu avais d'abord vérifié que ce n'était pas encore un cul de sac après cette grille. Et puis, tu avais sauté dessus, t'agrippant agilement entre les croisements de ferraille, et escaladant l'objet, retombant de l'autre côté. Tu avais alors accéléré vers le rat, qui semblait désespéré. Il avait raison ! Bientôt, tu ne ferais plus qu'une bouchée de lui. Tu avais alors conservé ta distance avec lui, malgré tous les morceaux de roches, éboulis, et débris métalliques que tu croisais. Une poutre de travers ? Et bien tu rampais au dessous, ou sautais au dessus, dans certains cas. Un rondin par terre ? Et bien aucun problème, tu sautais encore une fois. Mais au bout d'un moment, tu finissais à sérieusement te fatiguer. Tu sentais ton coeur dans ta gorge, et tu avais besoin de boire. Tes pattes ne te suivaient plus. Tu t'affaiblissais, tes pas étaient de moins en moins agiles, et tu trébuchais de plus en plus fréquemment. Mais tu t'accrochais, tu voulais attraper ce rat. Et après d'interminables minutes, heurs, jours, honnêtement tu ne savais plus, le rat s'était finalement faufilé dans un petit recoin. Et bien, il était perdu. Tu ne pouvais plus y accéder, cela t'était physiquement impossible, et tu n'en avais même plus la force. Tant pis, tu avais déjà deux rats à rapporter, et cela te suffisait.

Tu avais alors laissé ta proie de côté, le temps d'aller déposer tes deux autres proies au garde manger, qui n'était pas loin d'ici. Mais ayant récupéré le long du trajet, et trouvé une flaque d'eau dans laquelle tu avais pu boire, tu t'étais finalement dit que ce serait bien dommage de laisser cette proie s'en tirer ... Alors tu étais retourné sur tes pas, et avais retrouvé l'endroit où ton rat se cachait. Et en enfouissant ton museau dans le recoin où le petit rongeur s'était glissé, tu avais eu le bonheur de découvrir que ce dernier n'avait pas quitté sa cachette. Il ne te restait plus qu'à attendre u'il ne sorte. Tu pourrais être patient. Et puis plus il mettrait de temps à sortir, plus tu aurais d'énergie et de forces.

Ce fut au bout d'une heure,peut-être deux, que le rat laid s'échappa. Aussitôt vu, tu lui bondis dessus en un saut parfaitement calculé, et lui attrapa la queue, la stoppant dans son élan : il était hors de question que la bestiole te refasse courir comme tout à l'heure ! Tu lui saisis ensuite une patte, mais agile comme elle était, elle se dégagea de ton emprise, et te passa au travers des pattes. Tu te retournas immédiatement, la rattrapant avant qu'elle n'ait le temps de s'enfuir. Malheureusement, encore une fois, elle te glissa entre les pattes. Et de cette manière, elle te fit encore tourner une dizaines de minutes, à t'emmêler les pattes, et embrouiller ton esprit. Les petites proies étaient bien plus chiantes et difficiles à avoir que les grandes. Mais au bout d'un moment, ta patte claqua l'animal au sol au niveau du cou, et cette fois, elle ne pouvait plus t'échapper. Lui brisant la nuque d'un coup de dents, tu l'amena finalement à ta réserve, pour tenir compagnie aux deux autres rats.

Tu venais d'acquérir un repos bien mérité.