Le croassement des corbeaux me tirèrent d'un lourd sommeil. J'ouvris un oeil et fut aveuglé par la lumière saisissante du soleil, la brume épaisse autour de moi couvrait mon champ de vision. Je m'étirai, baillai à m'en décrocher la mâchoire. Mon ventre criait famine, trois jours que je me contente de petits mulots et autres rongeurs pour assouvir la faim qui me tenaillait. Je repense encore à cette belle biche solitaire qui m'avait glissée des pattes, elle semblait si juteuse ... Secouant la tête pour chasser cette vision de mon esprit qui ne faisait qu'accentuer ma faim et ma colère, je décidai de faire une petite marche, histoire d'explorer d'autres recoins de forêt ... et qui sait peut être arriver à me mettre quelque chose d'un peu plus nutritif sous la dent.
Des effluves toxiques me chatouillèrent les narines, j'aperçus un lac au loin devant moi. Son eau devait être aussi toxique que celle du fleuve où j'ai pris en chasse ma biche. Une autre odeur - plus familière cette fois - me parvint. Un loup se reposait devant le lac, admirant l'eau qui l'habitait. Il se retourna vivement en entendant mes pas, me jeta un regard interrogateur. Je remarquai avec agacement sa curiosité peu discrète envers ma personne et surtout pour mes yeux. Je détournai le regard, le loup - ou la louve plutôt - me lança un « Bonjour » qui sonnait totalement faux.
Je me contentai de lui répondre d'un simple hochement de tête, son regard se fit de plus en plus insistant lorsqu'elle recroisa le mien.

« Oui ? Mes yeux te posent problèmes ? Leur couleur te dérange ?» lui crachai-je à la figure.

Son comportement indiscret m'agaçait au plus haut point.