Game Hunting

Solo
F: 7 / A: 5 / E: 8

Pouah ! Ça pu !

Mon regard se perdit devant le paysage de mort qui s’étend devant moi. Les arbres – ou ce qu’il en reste – noirs et calcinés me prouvent à quel point cet endroit gangrène la maladie. Je m’avance de quelques pas, mes coussinets frôlent la surface de la terre. Celle-ci est molle et par endroits je sens mes pattes s’enfoncer et se dégager avec un bruit de succion. Le soleil ne parvient jamais à réchauffer et à redonner un peu de vie à cet endroit. Tout autour de moi je distinguai une faible couche de vapeur que l’on pourrait confondre avec de la brume, c’est elle qui dégage l’odeur toxique de ce lieu austère.

Sérieusement ! Cette biche a vraiment cru qu’elle allait trouver quelque chose à bouffer ici ? Ils sont fous ces cervidés !

Je la traque depuis ce matin. Son odeur de feuilles et de givres avait chatouillé mes narines et réveiller mon ventre. Salivant d’avance, je me suis mise à sa traque. Seulement, elle n’avait pas l’air de l’entendre de cette oreille. Elle avait décidé d’explorer chaque recoin de terre, elle m’a fait courir sur la neige pendant des heures, puis l’odeur c’était faite de plus en plus forte et m’a conduite jusqu’ici. C’est ici, qu’elle avait donc décidé de rendre son dernier souffle … enfin, ça elle ne pouvait pas le savoir.
Un bruit sourd parvint à mes oreilles, ça ne pouvait pas être la biche – elle d’un naturel si discret – plus je m’approchai, plus le bruit se fit puissant, jusqu’à ce que je le vis. Un fleuve d’un noir ébène recouvert de fines couches de glaces passait au cœur même de ce reste de forêt. Le courant était rapide, une chute dans l’eau se pouvait révéler mortelle. De toute façon je n’avais aucun intérêt de boire cette eau qui – vu la couleur – devait contenir assez de poison pour tuer un cerf.

Soudain, je l’aperçue. Elle était apparue sur ma gauche, à plusieurs mètres de moi, elle ne m’avait pas encore vu et je profitai de me mettre rapidement derrière un tronc pourri, à l’abri des regards. Elle s’approchait de plus en plus du fleuve … Non elle n’allait quand même pas boire cette eau infecte ! Loin de moi l’idée de m’inquiéter de cette biche, je n’ai juste aucun envie de m’empoisonner en la mangeant. Chassant cette idée de mon esprit, je marchai en catimini derrière son dos. Elle n’était même pas sur ses gardes, pensant être la seule dans cet endroit lugubre. Le vent souffla dans ma direction, aucun souci qu’elle me repère. Bientôt, seulement deux mètres nous séparait, elle avait la tête penché sur la rive pour boire lorsque je passai à l’attaque.