J'avançais dans l’inconnue, ne sachant où je mettais mes pattes. La chance, voilà à quoi tenait ma vie. Qui me dit qu'il n'y a pas une bombe cachée dessous cette ville en ruine ? C'est la planque parfaite, tout est détruit, voitures, immeubles, statues. Cacher une bombe par ici ne doit pas être bien compliqué. Je me méfie de tout. D'une feuille comme de mon ombre. Je n'ai confiance en rien ni personne. Je suis un étranger, un intrus ici. Je ferrai ans doute mieux de retourner d'où je viens. Mais je continuais. Une force invisible me poussait à avancer, à continuer. La curiosité peut-être ? Sûrement. J'ai toujours été de nature curieuse, et cela ne va pas s'arrêter aujourd’hui, certainement pas ! J'ai encore trop de choses à découvrir pour m'arrêter là. D'habitude, c'est dans ces moments là que je scrute le ciel à la recherche de je ne sais quoi. Mais le ciel ici ne se résume qu'à un épais nuage gris à l'odeur repoussante. Je préfère baisser la tête et avancer. Avancer, encore et toujours. Avance pour vivre, pour survivre plutôt.
Ma vie d'avant me manque déjà. Les praires verdoyantes, le gibier abondant, Shiska, Citrine, Keres ... Kira ... Edelweiss ... Et même cet abruti de Dark Wolf. Vous vous imaginez ? J'en viens au fait que Dark Wolf me manque ! J'aurai due rester là-bas. Je ne gagnerai rien ici. Il n'y a rien pour moi. Je n'ai pas envie de ramener des loups d'ici pour les ramener là-bas. Ils n'ont pas la même mentalité, les habitudes, les passions, les envies ... Ici, ils ne veulent que survivre. Chez moi, ils veulent plus, toujours plus. Ce ne sont que des enfants capricieux de là où je viens. Je ne veux pas retourner avec eux. J'ai appris beaucoup de choses en peu de temps ici. Je veux rester là. Je ne retournerai pas sur les terres de Road of Freedom. Je préfère rester ici et vivre au jour le jour plutôt que d'être un dominant gâté. Cette vie est bien plus intéressante. Plus trépidante. Je dois vivre d'aventure, pas m’empiffrer comme un glouton !
Je me rend soudainement compte que la faim me tiraille le ventre, je me met donc en quête d'une proie. Je sens que ça va être folklorique.

Je leva ma truffe au ciel et entrouvris légèrement la gueule, comme je le faisais sur mes anciennes terres ... Avant de me rétracter. J'avais, l'espace d'un instant, oublié où j'étais. Génial. Je vais donc avoir cette odeur de moisie et de brûlé dans ma truffe pendant plusieurs minutes. C'est insupportable. C'est immonde ! J'essaye de souffler pour voir disparaître cette odeur nauséabonde, mais rien ne marche. Je vais donc devoir vivre avec encore un bout de temps ... Bien trop long à mon goût ! Je vais devoir trouver des proies avec la seule aide de mes yeux. C'est pas gagné, j'ai jamais eu une vue extraordinaire. J'ai juste une vue "normal". Pas suffisante pour chasser en tous cas. Je vais donc devoir me débrouiller et faire avec ce que j'ai. Je décida de trouver des traces au sol. Il est couvert de cendre, c'est un peu comme la neige, ça garde les traces. C'est peut-être le seul avantage de ce paysage apocalyptique. Mais si on ne peut chasser qu'en regardant les traces de pattes et sans rien sentir, je sens que ça va pas le faire car je ne suis pas doué pour ça, mais alors pas du tout.
Ne connaissant les environs, j'avançai toujours tout droit, ne regardant que le sol, quand je me heurta à une voiture. Elles sont dures. Elles étaient pas si dures là où je viens. J'ai mal à la tête maintenant, c'est malin ça ! Mal de tête, odeur pestilentielle dans les narines. Maintenant un corbeau va venir me percer les deux yeux, c'est ça ? Non car faut le dire tout de suite, je préfère autant le faire moi-même, ça va aller plus vite. Bien que j'avoue ne pas en avoir si envie que ça en fait ... J'aime bien mes yeux. C'est utile parfois ... Enfin, pas parfois, tout le temps. Même si c'est pour admirer un paysage désolé, ça peut toujours être bien, de voir le monde qui nous entoure. Je plains ceux qui sont nés sans ce don. Le don de la vue.
Je vais devoir me résigner à partir. Je ne trouverai pas de proies dans ces conditions. Même si le mal de crâne s'est vite estompé et que l'odeur dans mon nez pars petit à petit, il n'y a apparemment pas âme qui vis ici.

C'est quand je fis demi-tour et me prépara à retourner ... j'allais dire "chez moi". Mais je n'ai pas de chez moi. Ici rien ne m'appartient. Je n'ai aucune terre, aucun soldat sous mes ordres ... Passons. Je viens de repérer une proie, je vais enfin pouvoir manger ! Depuis le temps. Je ne sais pas depuis combien de temps je n'ai pas mangé, mais ça date en tout cas ... Tellement que je ne me souviens pas de mon dernier repas. Je n'aurai jamais pensé avoir un jour aussi faim qu'en ce moment là ! Mais je reste calme. L'animal est passé furtivement devant moi, puis s'est arrêté quelque mètres plus loin, intéressé par je ne sais quoi. Il ne m'a apparemment pas vue. Je m'avance lentement, très doucement. Il ne faut surtout pas le faire fuir, ou je perdrai mas seule proie de le journée. Il s'agissait d'un lapin, assez grassouillé à vrai dire. Je ne sais pas où il a trouvé de la nourriture celui-là, mais dans tous les cas il ne s'est apparemment privé de rien ! Petit veinard, y'en a qui en ont bien de la chance. Mais maintenant la chance va tourner car je vais le manger et me régaler. Je m'avance encore de quelques pas, m'accroupi pour avoir de l'élan et saute. J'attrape entre mes pattes le lapin et lui attaque la nuque à coups de crocs, ce qui finit par le tuer assez rapidement. Il n'aura que peu souffert. Je le prend aussitôt dans ma gueule et me place sous un voiture, ce qui m'abrite des cendres. C'est bien plus agréable pour manger. Ne sachant quand sera mon prochain repas, je savoure longuement le gibier. Le sang coule sur mon pelage noir, qui est maintenant marron. Il est crasseux, c'est malin. Mais ça vaut le coup de manger, ça fait fait du bien. Ma faim s'est estompé, pour le moment du moins. Elle va bientôt revenir au galop, car ce n'est pas un petit lapin (bien que grassouillet) qui va me caler pour plusieurs jours. Après avoir soigneusement rongé tous les os du petit lapin, je me redirige vers d'autres territoires. Je retourne vagabonder, sans but dans la vie. Je continue de survivre sur ses terres.