Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 Les yeux sont le miroir de l'âme [Défi difficile]

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Ven 16 Jan - 19:38


Les yeux sont le miroir de l'âme



Des papillons ... Oh les jolis papillons ! Ohh ! Un arc en ciel !! Il est magnifique ... Oh mon dieu, regarde là bas, au loin ! Une licorne ! Elle est rose en plus, elle est trop belleeee !

En pleine journée, rien ne vaut une bonne balade. A jeun depuis plusieurs jours, j'ai bien mérité un petit moment de repos. Aux alentours du village des hommes, je m'installe au pied d'un arbre en me disant que les humains sont trop occupés à chasser ou a traquer des ennemis ailleurs, pour venir se perdre dans ce coin de la forêt. Je profite ainsi d'un repos bien mérité pendant de longues minutes, et je me réveille en sursaut quand des craquements résonnent à mes oreilles. Couché en sphinx mais aux aguets, je surveille les alentours. Et là, à quelques mètres de moi, une minuscule bipède s'extirpe d'un buisson à reculons. Je la fixe sans bouger, peut-être ne me verra-t-elle pas. Je retiens ma respiration. Je ne tue pas les petits si ce n'est pas une nécessité. J'espère qu'elle ne deviendra pas cette dite-nécessité. Elle se retourne en se redressant, et se stoppe net en me voyant. Derrière l'objet qui cache son museau, je peux voir le reste de son visage. Ses yeux, d'un bleu comme celui des miens, me scrutent avec intensité. Je laisse un soupire s'échapper, discrètement, toujours immobile. Mais dans son regard, je crois déceler derrière la peur, une certaine pointe d'admiration. Est-ce qu'elle apprécie les loups ? Je l'ignore. Mais elle ne se met pas à hurler, contrairement à ce que feraient tous ses semblables s'ils se trouvaient dans la même situation qu'elle. Elle jette un regard à un objet dans sa patte, et je le regarde à mon tour.

La petite créature semble craindre que je lui vole ce qu'elle a en sa possession. Mais je m'en fiche pas mal, et puisque je sens qu'elle ne représente pas un danger, je repose ma tête sur mes pattes antérieures. Après tout, puisqu'elle ne hurle pas, elle va certainement repartir bientôt. Mes oreilles la guettent, attendant son départ prochain, mais rien ne bouge. Les yeux fermés, je n'ai de cesse d'attendre qu'elle s'en aille. Pourtant, mes vibrisses captent un tout autre mouvement que l'amorce d'un départ. J'entrouvre un oeil mais trop tard, la petite s'est approchée de plusieurs pas et semble sur le point d'avancer davantage. Je redresse la tête, sans montrer le moindre signe d'agressivité, et elle continue de me fixer de son regard admiratif. Et finalement, sans prendre garde, elle s'approche encore, jusqu'à me toucher. Elle ne semble pas inquiète plus que nécessaire, et même si je sens qu'elle se méfie, elle continue dans sa lancée et s'avance encore pour tendre la patte dans ma direction. Je la regarde, incrédule, me demandant depuis quand les humains sont devenus si téméraires. Ou peut-être sont-ce seulement leurs progénitures qui sont dangereusement courageuses. Je renifle ses doigts imberbes quelques secondes, ils hument bon les céréales. Convaincu que je ne crains rien face à elle, je repose ma tête sur mes antérieures une seconde fois. C'est apparemment un signe pour elle, parce qu'elle vient se lover au creux de mes flancs sans attendre plus longtemps.

D'abord surpris, je me tends de toutes parts, prêt à déguérpir. Mais la créature n'est pas dangereuse, je le sais au plus profond de moi. Alors je la laisse faire, poussé par un instinct que j'ignorais posséder, et je referme les yeux, détendu. Je l'entends qui ouvre son objet en deux, et des bruits de froissements m'indiquent qu'elle le manipule. Après quelques secondes, elle se râcle la gorge et, malgré l'objet qui lui permet de respirer, j'entends sa voix. Une voix douce, calme, une voix de louveteau. Elle entame un récit, semblant se plaire dans notre complicité même si je ne comprends pas son langage. Les yeux clos, je soupire et j'écoute, respirant doucement pendant qu'elle raconte son histoire.

- Des papillons ... Oh les jolis papillons ! Regardes comme ils sont beaux !

Elle tend l'objet devant mes yeux, je suis forcé d'ouvrir les paupières pour regarder. J'observe la chose, c'est rempli de couleur et de formes qui semblent lui plaire. Je ne perçois pas la raison de ses réjouissances, mais je sens qu'elle aime ce qu'elle tient. Elle continue son histoire en se calmant de nouveau, pour quelques secondes supplémentaires.

- Ohh ! Un arc en ciel !! Il est magnifique ...

Encore une fois, elle veut me montrer quelque chose. Encore plein de couleurs, encore plus que sur les choses précédentes. Je me demande ce que c'est, bien sûr, tout cet attirail de couleurs. Mais comment le lui demander ? Et puis, nous ne sommes pas du même monde. Savoir ce qui la rend si joyeuse ne m'apporterait probablement rien d'utile pour ma propre survie ou celle des miens. Je la laisse continuer, me laissant bercer par sa voix douce.

- Oh mon dieu, regarde là bas, au loin ! Une licorne ! Elle est rose en plus, elle est trop belleeee !

Elle tape des pattes postérieures dans la terre meuble, tout son corps se trémousse contre le mien. Je redresse la tête, mon encolure contre son épaule et sa patte droite. Je la regarde, étonné par tant d'enthousiasme devant une chose inerte. Pas de poursuite, pas de peur, pas de chasse. Rien de fantastique en soi, pourtant elle semble particulièrement attirée par cette chose qu'elle détient. D'humeur à ne pas bouger, je me laisse faire, j'absorbe ses agitations lorsqu'elle se réjouit, j'écoute le son des choses fines comme des feuilles d'arbres se tourner, et ce pendant encore de longues, longues minutes. Et enfin, après un bon moment, elle replie son objet en une seule chose. Elle regarde le ciel à travers les arbres, puis penche la tête vers moi. Je la surveille du coin de l'oeil, malgré son apparente innocence. On ne sait jamais ce qu'ont ces créatures dans la tête. Et puis, elle se relève. Son regard est amical, souriant et je n'ai pas besoin de voir ses babines pour savoir qu'elle est contente de m'avoir rencontré. Elle s'éloigne de plusieurs pas, secoue légèrement sa patte dans ma direction, et disparaît dans les fourrés. Je fixe ce buisson de longues secondes, mais aucun autre son ne me parvient. Pas de piège tendu, pas d'embuscade. Je reprends ma sieste paisiblement.

 Les yeux sont le miroir de l'âme [Défi difficile]


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