Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Quel triste monde, songeas-tu. Bien que cette Meute soit réputée pour être la plus accueillante des deux régnants, les territoires qu’elle occupe ne l’étaient pas particulièrement. Tu soupiras. Restait-il sur cette Terre la moindre beauté ? La nature avait perdu tout ce qui la rendait tendre, revenant à la cendre qu’elle avait était avant sa création. Les êtres peuplant ce gris univers étaient tout aussi fades. Un tas d’humains constamment en guerre, dont le but premier revenait à arracher les tripes de tous ce qui ne leur ressemblait pas. Des masses de plus en plus rares d’animaux herbivores, qui, dans le désespoir, étaient devenues dangereuses. Et tes semblables… Ah, tes semblables. Pff. C’est tout ce que tu avais à dire sur le sujet. Les sentiments, c’est pas ton fort… C’est bien une des rares choses que tu peines à exprimer. À l’acception du plaisir que t’apporte le sang, la chair fraîche d’un louveteau. Là, le comportement est simple : se parer d’un sourire sadique.
Les loups étaient devenus bien tristes, eux aussi. Tuer pour se nourrir, pour protéger ses proies, par habitude, tout simplement. Tuer. Tuer. Tuer. Puis se dire angélique, pour certain… Tu avais appris à assumer, pour ta part : tu es un monstre, du museau aux griffes. La survie t’a ainsi forgée. Ta famille t’a ainsi constitué. La vie n’a jamais été simple, clémente avec toi. Si tu aimais quelqu’un, il mourrait. Suite à ton incompétence, ou une trahison. Si tu faisais confiance à quelqu’un, tu te retrouvais dépourvu du peu que tu avais, au bord de la mort. Ah, quel monde triste, décidément ! Où l’on ne peut plus même avoir confiance en son prochain ! Où le mot Meute n’est qu’un hypocrite synonyme de Horde ! Où un solitaire a plus d’engagement, de fierté, et de liens nobles que ceux se proclament comme anges ! Quel triste monde !
Mais ce n’est pas pour te morfondre sur le caractère pitoyable de ton univers que tu t’étais infiltré chez l’ennemi. Ce n’était pas pour tuer que tu t’étais faufilé entre les branches de ce territoire que tu connaissais bien. Combien de fois étais-tu venu observer ta belle, lorsque tu la voyais encore ? Combien de fois avais-tu dû attendre, tapis, dans un buisson près du camp, qu’elle puisse venir te voir sans qu’on la soupçonne ? Tu ne pouvais nier que votre relation, si elle se passa dans un silence complet, fut fusionnelle, et à double sens. Oui, tu l’avais aimée. Oui, elle t’avait aimée. Mais tu avais eu peur : peur de ce que pouvait faire une Meute. De te faire enchaîner. Que l’on te traite comme un moins que rien, et t’arrache ta liberté. Tu avais eu l’occasion d’aller dans une Meute. C’est la raison de ton malaise envers elles, à présent. Au début, tu l’avais cru agréable, fraternel. Elle était à vrai dire, semblable au peu de ce que tu as pu voir des Esobeks. Mais, une lune après ton adhésion, tu avais compris que ce n’était que façade. Cette Meute était une ruche. L’Alpha se prélasser, tendit que le reste devait se tuer à la tâche, pour lui. Secouant la tête pour oublier ce triste souvenir, tu repris ta route.
Le pire, ce que malgré tout, tu ne pouvais t’empêcher de vouloir croire que les Esobeks, eux, étaient réellement ce qu’on nomme une Meute.
Mais peu importait. Tu étais là pour voir si elle, qui t’avais permis de retrouver la paix quelque temps, aller bien. Si elle avait un compagnon, était devenue plus forte… Ou si la Faucheuse lui avait rendu visite. Tu avais repensé à elle lorsque tu avais compris ton amour pour une certaine personne. Tel un dernier hommage avant de définitivement tourner la page, tu devais la revoir. Ou, du moins, prendre de ses nouvelles.
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Lun 12 Jan - 14:03
Encore lui !
E
lle dormait au départ, oui, mais malheureusement pour elle elle avait été appelée pour faire une patrouille du territoire. S'improvisant donc Sentinelle Plume était sortie du camp, elle dormait à moitié, certes, mais elle cherchait un "intrus", même si au fond, elle doutait en trouver un à cette heure ci. Effectivement il était très tôt, le soleil se levait à peine et le brouillard recouvrait ses terres désolées qui, par cet épais manteau blanc qu'offrait la neige semblaient un peu plus vivante. Marchant lentement elle se demandait où se trouvait les autres sentinelles, peut-être s'étaient-elles perdues dans la forêt ? Dans ces sentinelles elle en appréciait une particulièrement, Avalön, malgré son passé "turbulent", il était devenu un loup agréable, compréhensif et sympathique.
A vrai dire, elle se demandait si lui il la considérait comme une louve agréable, du moins de compagnie. Mais bon, ils se disaient finalement simplement bonjour, comme avec Atlas, ce n'était jamais allé plus loin. Les seuls mâles qu'elle appréciait beaucoup dans la meute était Freux, qu'elle considérait un peu comme son frère, et Qwint qu'elle trouvait adorable à cause de sa maladresse naturelle. Dans tout les cas elle ne pouvait pas se permettre de les perdre, même avec cette guerre qui se préparait de tout les fronts, elle ne voulait pas... Elle serait même finalement prête à donner sa vie pour éviter la mort d'un seul des siens. Mais ce n'était pas elle qui intéressait les Hordiens, oui, ça elle en était sûre, autrement elle aurait déjà été mise indirectement au courant. Dressant alors ses oreilles, elle sortait de ses pensées. Elle reconnaissait cette odeur, oui, c'était celle d'un Hordien qui était venu pour les piller.
Suivant cette piste qu'il avait inconsciemment laisser, elle allait lui tomber dessus. Elle ne s'était pas préparée ce matin, du moins mentalement, oui, elle n'était pas prête à se battre, enfin là elle allait devoir s'y résoudre, elle allait-être obligée de lui faire comprendre que fouler indéfiniment les terres Esobeks n'était pas sans problèmes. Au bout d'un bon moment de marche elle l'apercevait enfin au loin, il avait l'air pensif et en aucun cas aussi fougueux que la dernière fois. Cela la rendait perplexe, elle se demandait donc ce qu'il venait faire ici, mais elle n'avait pas le temps de lui poser la question, sa meute passait avant tout et elle se dirigeait donc vers lui crocs à découverts. Une fois en face, continuant de gronder, elle ne disait rien, et ne faisait rien, elle lui laissait malgré elle le temps de s'expliquer.
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