Freux observait la petite boule de poils blanche qui venait de tomber entre ses pattes. Il l'avait presque prise pour un lapin. Mais à l'odeur, il savait très bien de qui il s'agissait. Venant attraper sa fille adoptive entre ses crocs afin de la remettre sur pieds, il l'observait. Cherchant à avoir un regard dur. Chose quasi impossible pour le grand mâle Grisâtre. Lorsqu'il fixait un louveteau, il ne pouvait qu'être attendri.

- Mais qu'est-ce que tu fais là, petite boule de poils ? Papa Chasse pour nourrir la meute, ma chérie. Tu devrais être avec Maman pour te reposer. A ton âge, on ne s'aventure pas toute seule en dehors de la tanière. Surtout par ce temps, tu vas attraper froid. Je suppose que si je te dis de rentrer, tu ne vas pas vouloir. N'est-ce pas ?

Tandis qu'il l'observait, il venait lui donner quelques coups de langue, afin de remettre la fourrure de sa petite en place. Et la réchauffer aussi un peu.

- Tu vas venir avec moi. Même si je ne sens aucune odeur de proie dans les environs ...

Il lâcha un fin soupir. Il ne voulait pas que sa fille voit une des rares fois où le mâle ne trouvait rien. Ce serait décevant pour elle. .

Freux avait toujours le museau pointé vers le ciel. Reniflant avec grand joie les odeurs tout autour de lui. Celles qu'il arrivait à sentir le plus, c'était l'odeur de sa meute. L'odeur de la forêt. Et l'odeur de sa fille. Point.

Super. C'était su-per. Comment allait-il pouvoir faire pour montrer à sa fille comment chasser, hein ? Surtout si il se trompait d'endroit, si il n'arrivait pas à trouver les odeurs de gibier ? Il briserait un rêve d'enfant. Et ça, il n'en voulait pas ! Il devrait être le papa idéal. Le papa qui arriverait à offrir un rêve à son enfant.

Il devrait chercher un moyen de la faire attendre. Mais pas seulement ! Il devrait essayer de la faire un peu agir dans la chasse. Bon. Il savait bien comment faire. Freux était mentor, après tout, non ? Tandis qu'il tournait le regard vers sa fille, il se pourlécha les babines.

- J'espère que tu es patiente. Parfois les chasses prennent du temps. Et parfois, le gibier se cache un peu de trop. Mais ne t'en fais pas ! ça va venir.

Le mâle continuait à observer un peu autour de lui. Se mettant à s'avancer un peu. Sa queue toute ébouriffée. Il faisait le fier ! Mais pour le coup... L'était-il réellement ? .

Freux redressa ses oreilles et pila. Museau dressé. C'était l'heure ! Il avait enfin réussit à trouver quelque chose pour que sa fille soit fière de lui ! L'odeur d'une proie. Quelque chose se trouvait non loin d'eux. Tandis qu'il laissait son regard glisser de droite à gauche, la pointe de sa queue vint se poser sur les babines de Tinu'. Le grand mâle à ses côtés lui intimait de garder le silence.

Prenant lentement la position du chasseur. Celle qu'il aimait tant prendre. Tout le poids de son corps glissé sur ses pattes. Il se mouvait avec lenteur, mais une discrétion assurée. Ses yeux brillaient d'impatience et d'envie. De un, car une proie n'était pas très loin. De deux, car sa fille l'observait. Et il allait enfin pouvoir la rendre fière de lui.

Au détour d'un gros tallus de neige, un oiseau s'occupait sur la coquille d'un escargot. Cherchant à la fracasser contre une pierre ou quelque chose comme ça qui dépassait du sol. Après tout, Freux ne faisait pas attention à ces détails. Ce qu'il l'importait, lui, c'était la grive.

D'un bond et d'un seul, il coupa court à la distance qui le séparait de la future nourriture de sa meute. La patte dressée, il rata la première fois le corps de l'oiseau. Tandis qu'il vascillait, Freux vint attraper une aile dans sa gueule. La réaction immédiate de sa proie fut d'essayer de le pincer de son bec. Mais agile, le mâle jeta sa proie au sol, et vint planter ses griffes dans le petit corps.

Une fois mort, il porta le cadavre de la grive jusqu'à sa fille, le déposant devant elle. Se pourléchant les babines, le regard brillant.

- Tu peux la porter, si tu veux. On peut soit continuer à chasser pour que tu t'entraînes un peu. Soit on peut rentrer. Comme tu voudras ! Mais si on continue, je veux t'observer toi même chasser ! .

Bon. La petite ne voulait pas se lancer tout de suite ? D'accord. Freux vint faire un petit trou où il glissa la proie, la recouvrant de neige, ils reviendraient la chercher plus tard, au moins, ici, au frais, l'animal ne serait pas la proie d'autres prédateurs.

Se remettant silencieusement en marche, il vint capter une odeur de gibier non loin. Au moins, il pourrait lui montrer une autre technique. Mais il était vrai que sa fille était plutôt petite, elle ne devrait pas s'en prendre à de grosses proies. Jetant un coup d'oeil à sa petite, il cherchait à voir si elle avait remarqué l'odeur de la proie qui se trouvait devant eux. Lentement, il se tapis au sol.

S'avançant discrètement. Il remarquait déjà, de là où il était, les deux oreilles du lapin qui s'agitaient. Se dressant lentement sur ses pattes; il bandait déjà ses muscles, prêt à bondir ... Jusqu'à ce qu'il quitte la place aux côtés de Tinu', se retrouvant cloué sur le lapin, qui, pauvre de lui, cherchait avec désespoir à s'enfuir ...

Jusqu'à ce que les crocs du loup vinrent le clouer à jamais au sol. Laissant son sang souiller la neige immaculée.

Freux tourna son regard vers Tinu', cherchant à voir si elle réagissait, à présent..

Freux observait sa fille. Elle était douée. Même si ce n'était pas du gibier, qu'elle avait attrapé, elle avait suivit le mâle dans son mouvement, et elle semblait l'avoir effectué avec Brio. La lueur de joie qui brillait dans le regard du Gris. C'était super. Sa petite se débrouillait si bien ...

Tandis qu'il revenait sur ses pas, là où il avait laissé l'oiseau. Il vint déposer ce même oiseau devant la petite, afin qu'elle puisse le transporter. Lui laissant le temps soit de choisir l'oiseau, soit sa branche. Après tout, c'était à elle de voir ce qu'elle voudrait ramener à la maison.

Quoi qu'il en soit, quelques secondes après, le mâle repartait déjà vers la tanière Esobek. N'oubliant pas, bien sûr, d'observer sa petite de temps en temps. Même la bouche pleine de la fourrure du lapin, il lui glissa quelques paroles.

- Tu as fais un très beau bond. C'était admirable, j'ai hâte de te voir en temps réel.