Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
« It was cold when I came over We were young, it was December. »
Au dessus de la tête de la jeune louve tombaient des centaines de milliers de paillettes blanches. Elle s'échappaient des nuages et doucement entamaient leur descente, glissant et dansant au rythme du vent avant d’atterrir enfin sur le sol où elle rejoignaient enfin leurs sœurs. Quelques flocons recouvraient son pelage nuancé et fondaient au contact de sa peau chaude, humidifiant le corps de la lupine. Elle regardait de ses yeux noirs le spectacle qui se produisait sous ses yeux, une scène magnifique et rare. " Enfin un peu de beauté sur ces terres ", pensait-elle. La couche de neige craquelait sous ses pattes et laissait trace de son passage. Grelottant légèrement, Restless accéléra sa course. Le vent soufflait derrière elle, comme pour la pousser à avancer toujours et encore, sans jamais s’arrêter. Les flocons de neige, devenus plus nombreux, commençaient à recouvrir ses poils. Le souffle haletant, la louve produisait des nuages de buées. Les muscles crispés, elle continuait sa course folle sans se stopper. Elle avait besoin de s'évader, ne serait-ce que quelques instants, de quitter ce monde d’atrocité et de douleur. Toutes ces terres mortes, brûlées, tout ces cadavres qui jonchent le sol, ces végétations dont-il ne reste plus rien. Mais de quoi parlait-elle ? Elle n'avait jamais vu autre chose que ça. Mais beaucoup parlent du monde d'avant, d'un monde meilleur.
Lorsque arrivèrent les premiers signes d'épuisement, la louve n'eu d'autre choix que de s’arrêter. Elle entendait son cœur battre dans sa poitrine et sa respiration bruyante rompait le silence de l'endroit. Elle se réprimanda mentalement de s’être laissée autant allée et quitta ses réflexions pour revêtir à nouveau son masque habituel, calculateur et faux. " Où suis-je ? Près du territoire des Hommes ?! " Un vent de panique emplit la lupine. Sa pire frayeur était les bipèdes. Elle avait déjà vécu l’expérience d’être traquée et ne voulait surtout pas la renouvelée. Elle tourna rapidement sur elle même afin d'identifier les lieux et remarqua rapidement le Styx. Elle s'approcha doucement du fleuve et s'assit sur la rive de ce dernier. Au dessus des eaux noirs s’étendait un rideau de glace qui lui rendait son reflet. Elle déposa sa patte sur se dernier. Froid. Dur. N’était-ce pas ce qu'elle était censée être ? D'un coup sec et puissant elle brisa la couche gelée et détourna les yeux du fleuve. Restless se secoua la tête et prit une grande inspiration. Ce n’était ni le moment ni l'endroit pour se remettre en question. Ce qu'elle faisait, elle en savait très bien les raisons et les motivations.
Ma tanière est chaude, les parois resserrées les unes contre les autres retiennent l'air chaud que mon corps dégage, et me le renvoie durant tout mon long sommeil. Ainsi, je ne me refroidis pas malgré le temps glacial qu'il fait au dehors. Toute la journée je reste là, dans ma tanière près du Styx, là où personne ne peut me trouver parce que les odeurs nauséabondes du fleuve les empêchent de déceler mes propres effluves. Roulé sur moi-même, je me repose de longues heures, la respiration lente, le coeur calme, mon sang filant à vive allure dans mes veines sans battre à mes tempes. Je suis bien, je me sens bien. Seul, terriblement seul, mais bien. Je ne meurs pas de faim, je ne suis pas fatigué, je ne souffre pas du froid et ne suis pas malade ou blessé. Tout, physiquement je suis en parfaite santé. C'est là-haut que ça va moins bien. Des souvenirs, des inquiétudes, la peur de rester seul à tout jamais ... Beaucoup de pensées qui me hantent et détruisent mes rêves pour en faire des cauchemars. Oh, épuisé je dors bien. Mais dès que mon corps a assez d'énergie pour se le permettre, il laisse libre court à mon imagination et mes peurs rôdent pour effondrer les barrières de bon sens que je possède encore. Je m'éveille au son de la glace qui se brise. Je relève lentement la tête, et je fixe l'au-dehors. L'ouverture de mon antre est cachée par des broussailles, aussi l'on ne l'a jamais découverte. En revanche moi, de l'intérieur, je vois tout, et je scrute sans cesse les passages de tous ceux qui pénètrent mon petit territoire de fortune.
Et je la vois, je la regarde. Cette jeune femelle pâle, d'un pelage clair mais pas autant que la neige. Je détaille ses couleurs, ses attitudes, sa musculature de jeune louve et ses pattes qui l'acheminent là, devant moi, au plus forts des risques. Elle semble dans une certaine hésitation, comme emportée par ses réflexions. J'inspire doucement, je baille la gueule grande ouverte, et je me redresse. Je m'étire de tout mon long, je l'observe de longues secondes pour m'enquérir de ses intentions sans avoir besoin de les lui demander. Elle n'a pas l'air de vouloir bouger d'ici, en tout cas. Et moi qui pensais voir passer un loup de plus et pouvoir me recoucher l'instant d'après, c'est manqué. Mais soit, pourquoi pas ? J'hume ses effluves. Une Sekmet. Je ne saurais oublier l'odeur de ma meute natale, quand bien même c'est la première chose dont j'aimerais ne plus me souvenir. Je m'extirpe discrètement de ma tanière, de sorte qu'elle ne me remarque pas. Ainsi, je fais semblant d'arriver de la forêt, un peu plus haut, faisant fît de ne pas vivre ici. Manquerait plus que mes ennemis connaissent l'emplacement de ma tanière, tiens ! Bon, ce n'est pas que je serais dans l'impossibilité de m'installer ailleurs, mais j'aime cet endroit. Il est mieux que le précédent, où je ne vivais pas seul avant que la seule louve comptant à mes yeux ne disparaisse semble-t-il, définitivement. Je m'avance dans sa direction, toisant son dos sans scrupules. Je lâche, dans un claquement de mâchoire sinon agressif, au moins en guise de mise en garde.
- Qu'est-ce qu'une Sekmet fait seule, si loin de chez elle ?
Par la surprise, l'inconnue s'est mise en garde. Je pourrais sourire de la situation, si je n'étais pas devenu imperméable aux émotions positives. Du moins, je me convaincs que j'y suis imperméable, même si je pense sans cesse à une femelle qui, il y a quelques temps de ça, m'a appris partager les sentiments que j'éprouvais pour elle. Etrangement, depuis ce jour, je ne l'ai pas revue. Tromperie ? Jeu de torture émotionnelle ? Je ne saurais dire. Je ne peux m'empêcher d'espérer même si je doute la recroiser un jour. Sans un mot, la jeune femelle me scrute, me détaille, analyse tous mes traits. Je fais la même chose de mon côté. Cet instant de silence entre deux inconnus, instant durant lequel ils cherchent à comprendre l'autre sans s'embêter de questions inutiles. Sa truffe en l'air, elle guette mon odeur comme j'ai guetté la sienne un peu plus tôt. Contrairement d'autres de ses semblables, elle ne sembe pas avoir peur. Pourtant elle sait forcément d'où je viens, et qui je suis. Grossièrement en tout cas, à défaut de connaître mon nom. Ca ne m'étonne pas. Les Sekmets n'ont jamais été bien peureux, et il faut dire qu'ils sont même téméraires au point d'en devenir parfois stupides. C'est visiblement le cas de la jeune inconnue qui arpente mes terres aujourd'hui. Mais plutôt que de m'attaquer, comme tous ses copains l'auraient fait à sa place, elle semble arborer une tout autre stratégie. Son regard me détaille, son sourire m'appelle comme n'importe quel loup serait appelé.
- Elle se balade simplement. N'est-ce pas un magnifique endroit par cette saison ?
Tente-t-elle d'amadouer un Hordien ? Quelle stupide erreur. Belle et bien digne de sa meute. Sans un mot de plus, sans lui laisser une seule seconde supplémentaire, je bondis en avant, tous crocs dehors. Mon corps heurte violemment le sien et je plonge à sa rencontre une seconde fois pour ne pas lui laisser le temps de se remettre de sa surprise. Grondant furieusement, j'attrape sa nuque pour la relever vigoureusement et je la toise, la dominant de toute ma hauteur, le poil hérissé et les extrémités -queue et oreilles- dressées sur mon corps. Les dents à découvert, je la défis de vouloir me faire face dans un conflit.
- Que crois-tu ? Que tes beaux yeux sauveront ta vie ? Prends-tu les Hordiens pour des êtres stupides ? Des animaux en rut ? Qui es-tu pour nous croire si idiots ?
Il a fallut moins d’une seconde pour que l’inconnu bondisse sur la jeune louve, envoyant cette dernière au sol. Son dos entra en contact avec la neige froide, et sans lui laisser le temps de comprendre la situation le lupin la releva en la saisissant par la nuque. La fourrure désormais recouverte de neige, elle se redressa sur ses pattes et déposa le regard sur celui qui se tenait en face d’elle. De toute sa hauteur et crocs bien en vus, il toisait la lupine, ce qui irrita profondément cette dernière même si elle n’en laissait rien paraître. Elle ne supportait pas de sembler inférieure, en position de faiblesse, comme un moineau face à un rapace, et c’est ce que l’étranger tentait de lui faire ressentir. Il voulait lui montrer qu’elle n'avait aucune chance face à lui, ce qui n’était pas tellement faux. Physiquement elle ne faisait pas le poids, mais pas mentalement.
- Que crois-tu ? Que tes beaux yeux sauveront ta vie ? Prends-tu les Hordiens pour des êtres stupides ? Des animaux en rut ? Qui es-tu pour nous croire si idiots ?
De toute évidence, elle avait sous estimé le Hordien. Mentalement, elle changea rapidement ses plans sans pour autant le quitter du regard. Un sourire en coin se dessina sur le visage de la louve grise et un bref ricanement sortit de sa gorge. Elle relâcha doucement les muscles de ses membres et se détendit, montrant ainsi clairement à l’inconnu qu’il ne représentait pour elle aucune menace. Les yeux plissés et le regard noir, elle dévisagea quelques instants le loup argenté et se mit à lui tourner autour d’un pas lent et fluide. Elle le dévisageait sous toutes les coutures, le toisant également en retour ; c’etait son tour d’etre la proie. D’un violent claquement de mâchoire, elle mordit la queue du loup ; œil pour œil, dent pour dent. Elle s’etait empressée de reculer de quelques pas, afin d’esquiver la réplique de ce dernier.
- N’est-ce pas ce qu’ils sont, un groupe d’animaux sans hiérarchie qui a pour seul but de faire couler le sang partout où il passe ? De simples sauvages.
La jeune femelle s'irrite de ma supériorité, et étrangement, je me sens brusquement lassé de ces conflits incessants. Ne suis-je donc capable que de brutalité et de sauvagerie ? Certes, je le suis. Cela ne change rien, après tout. Puisque je n'ai personne à protéger, personne sur qui veiller, pour m'encombrer de sentiments tels que la compassion, ou la solicitude ? Je gronde, férocement, la toisant de toute ma hauteur. Elle n'est rien, pas plus que tous les autres membres de sa meute. Et je les détruirais, tous, les uns après les autres, tous en même temps s'il le faut. Prétention ? Certes, un peu trop, même. Mais qu'importe. Si je ne crois pas en moi, il n'y aura personne pour le faire à ma place. Je n'ai pas de famille, pas de père ni de mère qui m'attende à la tanière. Pourquoi perdre mon temps à éprouver une quelconque pitié ? Ils ne sont tous qu'une bande de jouets couineurs, présents dans ce monde seulement pour divertir les forts, les loups comme moi.
Elle me fixe avec détermination, je sens bien qu'elle n'en n'a pas terminé, qu'elle veut faire ses preuves comme tous les Sekmets le souhaitent toujours. Elle n'est pas différentes de ceux que j'ai connus. Elle n'est pas différente de mon père. Peut-être a-t-elle même de pareilles ambitions, tout aussi futiles, tout aussi inutiles. Je lui montre mes dents, bien décidé à calmer ses ardeurs. Puis elle sourit, méprisant royalement mes avertissements vocaux. Ne connaît-elle pas le code de notre espèce ? N'est-elle pas capable de comprendre lorsqu'elle prend des risques inconsidérés ? Cela ne m'étonnerait même pas des Sekmets, d'éduquer leurs louveteaux au combat sans leur apprendre à identifier les signes de danger imminent. A moins qu'elle désire se mettre à l'épreuve face à bien plus fort qu'elle ? Ce serait bien le genre d'une Sekmet. Elle adopte une attitude sereine, comme si elle ne se trouvait pas en présence d'un prédateur.
En soit elle n'a pas tort, je ne suis, en principe, pas un cannibal. Mais elle ne me connaît pas, et visiblement elle n'a pas encore assimilé que sa propre espèce sombrait lentement dans la désuétude, se laissant glisser et pourrir dans les moeurs que l'on qualifiait autrefois de "caractéristiques humaines". Elle ne sait pas qu'aujourd'hui, les loups bouffent les loups, et qu'elle ne changera pas cela en ricanant bêtement. Je la méprise, de mon regard saphir, tout comme je méprise mon père et le reste de leur pathétique meute. Elle me tourne autour, m'agace délibérément, et je gronde de plus belle en tournant avec elle. Me prend-elle pour sa proie ? Pense-t-elle avoir la moindre chance ? Je commence à sourire, à mon tour. Pourquoi ne pas lui offrir ce dont les plus faibles se nourrissent ? L'espoir. Je m'immobilise pour ne la suivre que du regard, sachant pertinnemment qu'elle sait où sont ses chances.
Brutalement, elle me mord la queue. Je me retourne vivement pour lui faire face. Je la fixe, les babines retroussées en une menace sourde.
- N’est-ce pas ce qu’ils sont, un groupe d’animaux sans hiérarchie qui a pour seul but de faire couler le sang partout où il passe ? De simples sauvages.
Je m'apprêtais à lui sauter dessus à nouveau pour la morde et la blesser. Je me stoppe dans mon élan, je la fixe dans les yeux et je souris. Que neni, ma fille. Je m'approche d'elle sans un mot, la fixant dans les yeux. Sa fierté de Sekmet la maintient droite, campée sur ses pattes, prête à rendre l'assaut que je lui donnerais. Et je n'en fais rien. Son sale caractère est amusant. Un bon passe-temps.
- Nous sommes un groupe de prédateurs qui possède une hierarchie bien plus sobre et utile que la vôtre, loups de meutes. Nous sommes un groupe de tueurs entraînés et oui, notre objectif est de détruire les êtres qui nous entourent. Les forts vivront, pas les faibles.
Je termine ma phrase en un claquement de mâchoires sec tout près des siennes, comme une menace silencieuse pour lui rappeler qu'elle fait partie de ceux qui perdront la vie. C'est un risque, de motiver les troupes adverses à s'entraîner, mais c'est un risque amusant, que je prends sans regrets.
Le lupin le fixait, babines retroussés et muscles crispés, prêt à bondir de nouveau sur la louve grise. Elle prenait soin de se tenir droite, sans ciller. Elle savait les risques qu’elle prenait, il suffirait d’un mot de travers ou d’un mauvais geste pour qu’il l’étripe de sang-froid, mais elle prenait soin de calculer chaque syllabe qui sortait de sa bouche et chaque mouvement qu’elle faisait. "Conduis toi comme un Loup et tu seras le Prédateur. Terres toi comme l’agneau et tu seras la Proie." Elle sourit mentalement lorsque cette citation lui traversa l’esprit. Beaucoup auraient pu la caractériser d’audacieuse, de provocante, de suicidaire ou encore qu’elle avait beaucoup trop de confiance en elle... La louve grise avait tendance à ce sentir supérieure, beaucoup plus maline que les autres, mais elle savait néanmoins montrer sa soumission quand il le fallait, ce qu’elle ne ferait pas aujourd’hui car elle n’avait aucune raison de le faire.
Il s’arrêta dans son élan et lui sourit. La lupine lui rendit un léger sourire en coin qui laissait paraître discrètement ses crocs. Il s’approcha doucement mais elle ne bougea pas d’un poil, le fixant d'un regard vide. Ils restèrent un moment ainsi, sans dire un mot, jusqu’à ce qu’il lui réponde :
- Nous sommes un groupe de prédateurs qui possède une hierarchie bien plus sobre et utile que la vôtre, loups de meutes. Nous sommes un groupe de tueurs entraînés et oui, notre objectif est de détruire les êtres qui nous entourent. Les forts vivront, pas les faibles.
Il claqua ses crocs près du museau de la jeune louve qui se crispa et retint sa respiration quelques secondes, avant de laisser un ricanement resonner dans sa gorge. Elle fixait le Hordien dans les yeux et avanca pas par pas vers lui, de facon à tenter de le faire reculer, ce qu’il ne ferait surement pas. Ses pattes s'enfonçaient doucement dans la neige immaculée et quelques flocons continuaient de tomber sur les deux loups. Le museau écrasé contre celui du canidé argenté et le regard perdu dans ses iris bleutés elle murmura alors lentement, avec un large sourire et en laissant s’écouler plusieurs secondes entre chacune de ces phrases :
- Qui es-tu pour décider de qui vivra ou non ? Même les hommes n’ont pas ce mérite.
Hey ! :3 Je me suis permise d'entamer la fin de notre rp, j'essaie de clore mes rp en cours pour entamer sereinement ce nouveau chapitre de AFF :3 N'hésite pas à me dire si tu souhaite continuer un peu ou entamer un combat, je modifierais la fin de ma réponse pour te permettre une action si tu préfère En tout cas, j'aime beaucoup ta perso' J'adore les loups qui savent tenir tête !
Elle ricane, se moque bien de ce que je peux lui raconter. Je gaspille ma salive à tenter de lui expliquer ce qu'elle n'est visiblement pas dans la capacité de comprendre par elle-même. Ces pauvres Sekmets, si stupides. Je les méprise tant, eux et leur audace incertaine. Je ne souris pas lorsqu'elle me défit de sa voix de femelle prétentieuse. Elle me fixe dans les yeux, regard défiant que je lui rend sans la moindre hésitation. Elle pense tellement que sa vie ne dépend que d'elle. Elle a la certitude qu'elle choisira de vivre ou de mourir. Elle ne comprend pas que ce choix m'appartient, et qu'il est dans mes capacités de faire couler son sang ou de lui laisser la vie sauve. Mais je préfère m'en amuser que d'en profiter pour la provoquer un peu plus. Non, la combattre lorsque la guerre aura éclaté sera bien plus amusant. Lui faire mordre la terre, lui montrer le sang de tous les siens couler dans la poussière sera une jouissance bien plus grande que de la regarder là, agoniser à mes pattes, seule. Je préfère de loin atteindre, et profiter plus tard de la voir regarder mourir les siens. Sa souffrance, sa colère, sa haine seront alors bien plus amusantes à affronter. Et peut-être que d'ici-là, la demoiselle aura juger bon de donner plus de muscles à son corps rachitique.
Elle s'avance un peu plus, comme pour me signifier qu'elle n'a pas l'intention de s'abaisser devant moi. Soit, qu'elle s'amuse si cela peut lui donner un peu plus de contenance. Si cela la rassure un tant soit peu. Je ne bouge pas, ne la quitte pas de mes orbes azur, et j'attends qu'elle prenne sa décision. M'attaquer, ou simplement continuer cet amusant duel de mots ? A elle l'honneur d'en décider. Je choisis pour ma part de suivre ses mouvements, de danser sa propre chorégraphie. Et je dois dire que ce jeu me plait grandement. Ne pas suivre mon propre instinct, pour une fois. Tenter de voir le monde, des yeux d'une Sekmet. Essayer de comprendre ses pas, d'entendre les battements de son coeur et d'y associer une pulsion, une intention, un plan quelconque. La neige, froide, blanchit nos pelages et les quelques flocons qui osent pénétrer plus près de notre peau, fondent et meurent immédiatement contre la chaleur de nos corps. Son museau touche le mien, je n'esquisse pas le moindre mouvement. Quel étrange moyen de défi. N'aurait-elle pas mieux à faire de tenter de me mordre ? Oh et puis ... Si cela l'amuse de m'embrasser à moitié, qu'elle le fasse. Je ne suis plus à cela près. Elle sourit pleinement, ses babines s'étirent de chaque coté de son visage. Elle fixe mes yeux.
- Qui es-tu pour décider de qui vivra ou non ? Même les hommes n’ont pas ce mérite.
J'entrouvre mes mâchoires en inspirant légèrement et très lentement, bien plus amusé par la situation que je pourrais l'être. Je me rapproche encore plus. Si près que nos poitrails ne sont plus séparés que par bien peu de distance. Mon museau longe le sien, l'effleure dans une caresse dévastatrice. Et lorsque mes babines touchent presque son oreille, je lui susurre quelques mots d'une voix charmeuse, employant un ton volontairement protecteur, comme si j'étais un adulte expliquant a vie à une pauvre petite femelle ignorante et sans défenses.
- Ma douce ... Je suis un Hordien.
Sur ses mots, je m'écarte d'elle sans lui prêter plus d'attention. Je m'éloigne de quelques pas sans plus m'inquiéter davantage de sa présence, et je me rapproche des sous-bois. Là, seulement, je daigne me tourner pour lui faire face à nouveau et je lui lance un clin d'oeil provocateur.
Coucouu ! Oui je comprend, c'est vrai que cela va devenir perturbant de jongler entre les chapitres après. Je me suis permis de mettre un " END ", si jamais tu voulais rajouter quelque chose, dit le moi. En relisant les RP, je me suis rendu compte que ma louve etait plus suicidaire qu'autre chose sur ce coup là, j'ai du loupé un truc, il va falloir que je fasse plus attention à ce que je fais, eheh. Au passage, j'adore ton loup également, et j'ai bien aimé RP avec toi. A une prochaine fois !
Les deux loups étaient face à face, se touchant presque, leur pelage blanchit par les quelques cristaux de glaces qui tombaient encore. Droite, les muscles tendus et la respiration lente, Restless profitait de ces quelques secondes, de ces quelques minutes, de ces instants intemporels à ses yeux. Les poitrails des deux lupins se soulevaient quasiment à l’unisson, se touchant presque. Elle écoutait l’echo des battements de cœur du Hordien, qui résonnaient durant ces fractions de secondes silencieuses. La tension entre eux était palpable et la lupine savourait ce moment d’adrénaline. Savoir qu’au moindre instant il pouvait lui trancher la gorge ou lui asséner un coup fatal la faisait trembler intérieurement. Ces moments puissant, pleins de sensations, elle en était accroc.
Elle n’était pas dupe, si son objectif était de la tailler en pièce, il serait passer à l’acte depuis longtemps. Mais quel plaisir aurait-il eu à le faire ? Il suffisait de regarder les courbes du grand mâle pour voir qu’elle ne faisait pas le poids. D’ailleurs, pourquoi n’avait-il pas répondu à sa provocation ? Avait-il compris son jeu ? Au départ, elle avait eu du mal à le cerner, elle pensait qu’il était comme tous les Hordiens qu’elle avait pu croiser jusque ici ; des animaux animés par l’envie de sang, de vengeance ou encore pouvoir. Des loups pathétiques qui n’atteindront jamais leur but et se font manipuler par plus malin qu’eux. Mais il n’est pas comme eux, il a quelque chose de différent. Elle avait rapidement remarquée la façon dont il la regardait, dont-il analysait non seulement ses mouvements mais également ses réactions, anticipant ses gestes et ses pensées, comme elle le faisait avec lui. Elle eu pendant un instant un léger sentiment d’admiration à son égard.
La louve grise pouvait sentir la chaleur du corps de l’étranger, tout proche du sien. Son museau effleura sa joue et remonta doucement jusqu’à son oreille. Le contact de la truffe humide sur sa peau fit tiquer la lupine, mais elle se contint, tentant de rester froide et impassible. Elle souriait intérieurement, car il ne faisait que retourner son jeu contre elle. Il continua avec un voix envoûtante, dans les mêmes intonations avec lesquels elle s’était adressée à lui la première fois :
- Ma douce ... Je suis un Hordien.
Il y avait cependant dans la façon dont-il prononça ces mots une nuance qui tentait de la rabaisser. La prenait-il pour un louveteau ? Il était plus âgé qu’elle de quelques années, certes, mais elle n’était plus une enfant. Elle avait franchie assez d’épreuves dans sa vie pour avoir dépassé ce stade et elle se sentait pleinement mature. Un enfant ne grandissait-il pas dans un univers bienfaisant avant de basculer dans la réalité, bercé par l’amour de ses parents ? La louve, elle, s’etait retrouvée seule et avait du se débrouiller dès sont plus jeune age, alors elle s’estimait être une adulte. Quelque chose en elle s’etait serré, il avait visé juste.
Irritée par ses paroles, mais affichant toujours une expression dure, elle le regarda s’écarter doucement puis s’éloigner. Elle restait là, le suivant des yeux alors qu’il se dirigait vers le bois. Alors il se retourna, lui adressa un clin d’œil et lui lança d’un ton provocateur :
- Plus tard, tu comprendras.
Restless se contenta de lui adresser un regard noir et de le laisser disparaître parmi les arbres. Il lui faudra un moment pour digérer cette leçon ; Il venait de la battre à son propre jeu.