Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Trois jours de marche dans la haute neige. Pour cette famille de solitaires, la Faim aura eu raison de leur bon sens. Ils étaient partis. Ils ne pensaient plus que par leur ventre qui criait famine. Mais beaucoup le savent, la Faim est sœur de la Mort. Les deux rongent mais l’une laisse sa dernière part à l’autre. La sagesse avait quitté l’esprit des parents. Plus de jugement correct, la folie s’était emparé de leur corps et semblait diriger leur crâne. Pourtant, le corps a ses limites. A présent, de deux loups et deux de leurs petits, il ne reste que les exuvies. Leur âme s’en est allée.
Chaleur qui s’enfuit. Vent cruel. Neige insensible. Hiver sévère et féroce. Froid mordant. Agressif. Contre une si petite vie, une vie si légère qu’elle ne signifie rien. Une vie infime et quelconque pour la grande Nature… Mais une vie quand même. Son corps au duvet noir tranche avec les blancs intenses qui séduisent les yeux dès les premiers instants. C’est la fourrure encore tiède du cadavre de sa mère qui permettra à ce louveteau perdu de survivre suffisamment longtemps pour connaître l’espoir. En cet instant, la petite louve essaye de rester éveillée. La tentation de rejoindre ses frères et ses parents dans ce doux sommeil qui semble les faire sourire est très forte. Ses petits yeux se ferment à intervalle de plus en plus long. Le vent lui siffle dans les oreilles. Elle a l’impression qu’il lui chante une très ancienne chanson, une chanson aussi paisible et berçante que le songe dans lequel ses proches sont plongés. Il lui demande de lâcher prise… Mais quelque part, très loin, cachée dans sa tête, une faible voix lui murmure de tenir. « Ce n’est pas encore ton heure… » Lui dit la voix ténue. Et cette voix au timbre étiolé a beau être lointaine et fragile, la petite louve l’entend et l’écoute. Mais pour combien de temps ? *** La noirceur réconfortante des paupières qui couvent le regard commence à illusionner la petite louve. Elle se sent sécurisée dans ce berceau agréable. La voix dans sa tête cesse de murmurer ses encouragements. A-t-elle décidé de dormir, elle aussi ? Non, la revoilà. Une dernière fois, elle la supplie. « Petite miette de Vie, boule de suie, ouvre les yeux, je t’en prie. » Alors, dans cette dernière supplique, elle s’éteint. La petite louve ouvre de nouveau ses yeux. La blancheur du paysage est floue mais lui brûle les yeux. Et, au loin, là, son Espoir se profile. C’est un simple ombre. Elle lui apparaît, sombre, et c’est peut-être là, un prédateur impitoyable qui vient se régaler d’un repas facile. C’est peut-être la fin mais… Ça peut tout aussi bien être une dernière chance. Son corps ne lui répond plus. Alors, dans un ultime effort, la jeune louve lâche un couinement… Avant d’écouter la chanson du vent et de suivre son invitation. Elle ferma les yeux.
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Lun 5 Jan - 1:02
❝ L'Hiver mange les Morts ❞
Feat. Nott ~ F:87 | A:52 | E:54
Aujourd'hui, les cieux semblent se déchirer. Des rafales de vent glacial s'imposent sur tout le territoire, faisant fuir toutes traces de vie. Le chaos s'installe au dehors des abris, et cela pourrait vraiment être ironique, étant donné la blancheur éclatante des mortels paysages.
Il faudrait vraiment être fou, pour sortir du confort apporté par une meute, avec une telle tempête qui met en péril les vagabonds.
Le Colosse Hurlant est fou.
Mais toi, tu n'as pas peur de braver les intempéries, tu n'es pas impressionné. Tu as toujours eu du caractère, et le goût prononcé pour le danger. Tu le braves constamment, après tout. Est-ce du courage ou de la folie ? A vrai dire, tu n'en sais rien, et tu n'en as que faire. De toute façon, c'est peut-être les deux à la fois. C'est pourquoi, à présent, ton pelage de charbon vient s’immiscer à travers l'immense paysage immaculé. Le vent te repousse, comme un signe pour te dire de rebrousser chemin, mais tu n'as que ton idée en tête : avancer. Tu as aussi toujours été très têtu, ce n'est un secret pour personne. Tes pas sont lourds, mais tu traverses la neige à grandes foulées, avantagé par ta grande taille. De la neige vole dans tes yeux de sang, et à travers ton épais manteau de fourrure. Mais tu continues ta route, comme guidé par ton besoin maladif de te sentir vivant. Et puissant. Le pouvoir coule dans tes veines, comme tu te plais à penser. Prétentieux vous dites ? Et bien, cela est toujours mieux que de rester toute sa vie un misérable, tout en bas de l'échelle sociale, par manque de confiance en soi. On te pense fou, égocentrique, incapable et bien d'autres choses encore, mais toi tu sais qui tu es, et cela te suffit amplement. Après tout, ceux qui sous-estiment tes capacités, aussi bien physiques que mentales, seront finalement surpris lorsqu'ils te rencontreront réellement ... Et il sera déjà trop tard.
Le Colosse Hurlant est résistant.
Là bas, tu aperçois enfin autre chose que de la neige à n'en plus finir. Au loin se dessine enfin une masse amorphe, tordue par l'intensité des rafales glacées. Et puis, la masse devient de plus en plus nette. Tu peux maintenant voir un second tas de fourrure à côté du premier : oui, même s'ils sont recouverts par d’innombrables cristaux de glace, tu arrives aisément à reconnaître un pelage. Ce sont deux loups qui se tiennent là, devant toi, la chaleur de leur vie pratiquement éteinte. Pour une poignée de secondes, il te semble entendre un couinement, un gémissement aigu. Mais en tournant la tête, tu ne vois rien. Cela doit être ton imagination, tu penses. Et puis tu continues ton chemin, t'avançant au dessus des deux corps sans vie dans la neige. Ils devaient être des vagabonds, en quête d'un abri. Malheureusement, le destin n'a pas été en leur faveur, et tu ne peux t'empêcher de repenser ta vie de solitaire. Toi aussi tu as autrefois lutté avec les tiens, pour trouver un abri, et de quoi te nourrir. Malheureusement, tu es le seul à avoir réussi à trouver refuge, au final ...
Le Colosse Hurlant est nostalgique.
Humant les odeurs de mort, tu t'avances vers les corps inertes, et pousses le mâle imposant du museau. Seulement, tu ne t'attendais pas à la vue qui t'es maintenant offerte. Blotti dans le cou de l'animal gis un troisième petit corps. Un souffle t'échappe, et avec crainte, tu viens bousculer à son tour la petite boule de poils de ton museau d'ébène. Comme tu t'y attendais, l'âme du petit l'a déjà quitté ... Réalisant la même action, tu découvres avec horreur que la femelle a elle aussi un petit, qui l'a accompagnée dans les griffes acérées de la mort. Et même si tu voudrais le nier, cela te fait un pincement au coeur. Autant de voir les parents ainsi ne te fait ni chaud ni froid, autant voir de si petites créatures, de si petites choses si fragiles et innocentes dans la même situation t'apporte de la peine. Ah, il est beau le Colosse Hurlant, celui qui se veut si cruel et avide de sentiments ! Il est beau, peiné par la mort naturelle de deux louveteaux qu'il ne connaît même pas !
Le Colosse Hurlant est profondément blessé.
Et alors que tu t'apprêtes à partir, à rebrousser chemin et à rentrer auprès des tiens, une dernière chose attire ton regard. Une chose si minuscule que tu ne l'aurais pas vue, si un nouveau souffle agressif de vent ne t'avait pas obligé à tourner la tête pour te protéger. Et cette petite chose, c'est un troisième minuscule corps, blottit dans le poitrail de feu sa mère. Avec peu d'espoir, tu t'avances pourtant vers le sujet, et le bouscule de ta patte massive. Et immédiatement, tu rouvres les yeux ... Tu ne savais même pas que tu les avais fermés. Le coeur du louveteau bat encore, même si les battements sont irréguliers, et même s'il est aussi froid que ses frères, le petit animal noir vit encore ! Tu ne t'attendais pas à cette découverte, tu dois l'avouer. Mais finalement, le petit s'accroche visiblement encore à la vie, avec force et détermination, ce qui t'impressionne grandement. Comment une si petite chose peut-elle avoir en elle autant de force et de courage ? Mais pas le temps de penser plus longtemps, tu sais très bien que le loupiot peut bien avoir autant de réserves cachées que possible, il ne survivra pas plus longtemps s'il reste ainsi. Et ton choix a déjà été pris.
Le Colosse Hurlant a du coeur.
Tu sépares à contre coeur le louveteau de sa mère, dont la froideur est maintenant presque surnaturelle, et t'allonges sur la neige froide, blottissant le petit contre ton épaisse fourrure remplie de chaleur. Si tu veux espérer le ramener en vie à ton camp, pour le confier à un soigneur, tu dois commencer par le réchauffer du feu de ta vie. Et alors, après un tremblement de la petite masse, tu vois enfin deux petits yeux s'entrouvrir, d'un bleu à glacer le sang.
- Tu n'es plus seul à présent. Accroche-toi, petit, encore un peu ...
Ce gémissement lâché comme un dernier trésor, dernière donation d’une vie au monde aura finalement été inutile. Oui, car, finalement, c’est le vent qui aura changé d'avis. Le vent n’était pas l’ennemi de la petite louve. Il a eu pitié de son corps refroidi et s’est mis en colère soudainement. Comment peut-on sauver cette vie-là ? Elle semble vouée à se terminer sans même avoir débuté. Pourtant, le vent enverra une forte bourrasque glaciale pour secouer l’Ombre qui s’en allait pour rentrer chez elle. L’Ombre s’est alors retourné. Et l’Ombre a vu. L’Ombre n’a pas hésité. Elle a pris le corps d’une âme en partance et, pour la ramener, a réchauffé son ancien foyer. Elle ne demandait que ça, cette lueur, pour revenir s’installer. Un peu de chaleur. La petite louve voulait vivre. Depuis sa naissance, elle n’avait fait que se battre. Aujourd’hui, elle avait un instant pensé que c’était son dernier combat. Seule avec elle-même. *** Noir. Doux monde qui n’agresse ni les yeux, ni les pattes, ni le cœur. Monde intérieur réconfortant. Les douleurs n’existent pas ici. Mais ce monde est glacé… Rien n’atteint une âme qui fait ses adieux. Celle-ci, rien ne la retient plus. Rien ?
Une douce chaleur se répand avec lenteur… Une braise qui renaît. Doucement, le corps de la petite louve épanche sa soif de chaleur. Elle absorbe cette fièvre qu’on lui offre. Elle s’accroche à la flamme qui lui parvient et bientôt, elle recouvre ses sens. Son ouïe lui apporte tout d’abord le bruit d’un vent qui s’est calmé. A-t-il cessé d’être furieux ? Il semblerait car son souffle chantonne à présent une mélodie bien plus douce. Son toucher lui revient, et sous ses pattes, la jeune miraculée goûte au plaisir d’un pelage. Est-il le même que celui de sa mère ? Il est bienfaisant et c’est tout ce qui compte en cet instant. Son odorat est le sens qui suit ces retrouvailles successives avec des parties d’elle-même. Sa truffe, enfouie dans le pelage salvateur, détecte une odeur brute de vie sauvage et au grand air. Rien ne lui est familier dans cette fragrance. Ce n’est pas la douce odeur de sa mère, pourtant la petite apprécie ce qu’elle sent. Il faut qu’elle voie. Qu’elle ouvre de nouveau les yeux pour voir si c’est bien l’Ombre qui vient de la tirer du piège que la Faucheuse tend aux misérables. Elle leur fait miroiter un univers feutré où plus rien ne fait souffrir. Pourtant la souffrance est le prix de la Vie. Vaut-elle le coup ? *** Blanc. Monde d’un blanc éclatant qui agresse les yeux. Puis peu à peu, la vue s’accommode à son environnement et accepte de ne plus rendre flou et indistinct le paysage. La petite louve voit. Et son regard gris aux reflets bleus de l’enfance trouve immédiatement un autre regard auquel s’aimanter. Deux prunelles rouge sang. Deux yeux magnifiques. Un regard de braise pour représenter le feu que la jeune miraculée voit en l’Ombre. Car c’est bien l’Ombre qui se tient là et qui vient de lui fournir l’énergie nécessaire à son retour à la vie. Même si cela signifie accepter de la souffrance un jour ou l’autre.
«Tu n'es plus seul à présent. Accroche-toi, petit, encore un peu ... » Et la phrase qu’il prononce termine de lui certifier. La Vie a un prix. Elle voudrait répondre et pourtant, la voix, elle, n’a pas encore décidé de revenir. Le silence reste présent. Il veille, mais ne s’impose pas. Car les yeux peuvent tout dire et combler le silence. Cet échange entre les deux regards semble durer un instant d’éternité. Dur contraste entre le bleu glacial et le rouge vif… Petite Louve semble voir très clair en cet inconnu. Quoiqu’il pense, le feu brûle dans le cœur de l’Ombre.
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Mar 6 Jan - 23:36
❝ L'Hiver mange les Morts ❞
Feat. Nott ~ F:87 | A:52 | E:54
Tu sens la petite créature remuer sous ton corps, même si ces mouvements restent de simples tremblements. Et bien, cela prouve au moins qu'elle vit, tout comme le fait qu'elle semble s'accrocher à ta fourrure, pour en extraire le moindre grain de chaleur. Tu n'as jamais vraiment fréquenté de louveteaux tu dois avouer, et cette réaction de ta part t'étonne grandement. Tu aurais même probablement ri, si la situation n'avait pas été si grave. Mais maintenant, tu es ici, enroulé dans la neige, afin de protéger une minuscule créature contre la morsure abominable du froid.
Vos yeux restent connectés un moment, et le temps semble s'évaporer. Cet échange est muet, mais il est cependant loin d'être insignifiant. Il n'y a pas besoin de mots pour exprimer certaines choses. Parfois, la voix du coeur suffit simplement. Et à ce moment là, tu sens au fond du tien comme une petite étincelle, qui semblait perdue jusqu'à présent, se raviver. Cette petite étincelle qui brillait au fond de toi lorsque tu étais encore jeune et innocent, qui s'est éteinte avec ton bonheur. Mais maintenant, elle est de retour, et tu sens comme une chaleur s'étendre en toi. Tu avais oublié cette sensation, n'est-ce pas ? Te rappelles-tu seulement ce que ça fait, de s'attacher à quelqu'un ? Oh, évidemment, tu as Atom, que tu considères comme une sœur. Mais c'est différent avec elle, car elle n'est pas une petite chose inoffensive, loin de ça.
Cela dit, tu te souviens également de la souffrance que l'amour peut apporter. Et cette pensée, même si tu veux lutter contre elle, te terrifie. Tu as énormément donné, on t'a beaucoup pris. Tu ne veux pas souffrir davantage, ton coeur a déjà assez saigné à ton goût. Oh, tu es résistant, tu peux bien prendre autant de blessures physiques que le destin peut t'imposer, tout en restant debout, fier et fort. Et ce sans broncher. Mais ce genre de blessures est bien plus lent à soigner, et encore lorsqu'elles sont curables.
C'est pourquoi ta conscience te demande de ramener le petit auprès des tiens, de le confier aux guérisseurs, et puis de ne plus t'en occuper. Et bien, s'il survit.
Mais une voix, que tu n'avais pas écoutée depuis fort longtemps, te demande de veiller sur cette petite, que le ciel t'a confiée. La voix du coeur, encore une fois. Tu crois au destin, comme tu le rabâches sans cesse. Et bien, n'est-ce pas carrément un signe du destin ? Que cette boule de poils te soit tombée dessus ? Quoi qu'il en soit, ton instinct te demande de protéger le petit être, autant que tu le peux.
Et entre conscience et instinct, c'est toujours le second qui remporte.
Alors que la petite ne tremble plus, que sa température est remontée, tu penses que tu vas bientôt pouvoir la ramener sauve au camp. Quant à saine, c'est une autre question, à laquelle tu crains de ne pouvoir y répondre. Petit à petit, son entière conscience la gagne. Et c'est à ce moment que tu décides de lui porter un peu plus d'intérêt en tant que chose vivante, et de commencer à lui parler. Peut-être qu'un effort de compréhension l'aiderait après tout, après un tel traumatisme qu'elle a dû subir ...
- Regarde, tu vas déjà mieux, petite chose. Je vais t'amener auprès des miens. Tu parles d'une voix d'un doux que tu ne te connaissais pas, contrairement à celle rocailleuse et amère que tu emploies toujours.
Tu lui donnes des coups de langue sur la tête, pour aider à la réchauffer un peu plus vite, et l'encourager. Un geste affectif de ta part ? Et bien, plus d'un loup de ta meute riraient à cette découverte. Mais tu te ferais un plaisir de leur faire avaler leur propre langue ensuite.
- Je suis Sageeth, et tu ne crains rien à mes côtés. Et toi, comment tu t'appelles ?
A présent, Petite Louve est bien réchauffée. Blottie dans la fourrure épaisse de l’Ombre, elle a récupéré ce que l’Hiver a pris à son corps. Mais l’Hiver est gourmand et il lui a pris beaucoup plus que sa seule chaleur… Combien de temps la petite louve noire pourrait-elle conserver cette chaleur si la faim et le froid ont dévoré sa famille ? Mais Petite Louve est loin de s’en inquiéter pour le moment. Parce qu’elle n’a pas encore compris. Et peut-être qu’elle ne pourra tout simplement pas comprendre. C’est la raison pour laquelle elle s’aventura à réutiliser de nouveau sa voix pour pouvoir s’exprimer. L’Ombre parla en premier. « Regarde, tu vas déjà mieux, petite chose. Je vais t'amener auprès des miens. » Sa voix est belle et chaude. Petite Louve immédiatement est captivée et boit ses mots, car l’Ombre possède un timbre doux et que la douceur lui a beaucoup manqué ces derniers jours. Puis le grand loup donne quelques coups de langue sur son fin pelage noir. Détendue, elle écoute avec attention l’Ombre décliner enfin son identité. Cette bonne Ombre à la voix si posée a un nom. « Je suis Sageeth, et tu ne crains rien à mes côtés. Et toi, comment tu t'appelles ? » La question de l’Ombre s’insinue dans la tête de Petite Louve. Elle réfléchit profondément, tourne et retourne cette simple phrase dans son esprit. Et rien ne vient. Un instant, sa gorge se noue sans qu’elle ne sache pourquoi et pour éviter de croiser le regard de braise de Sageeth, elle fixe la voûte céleste qui se teinte peu à peu d’un bleu sombre. C’est de l’encre qui s’infiltre dans la blancheur éclatante du paysage. La Nuit tombera bientôt. Cette pensée ramène Petite Louve à la réalité tout en la comblant d’une joie renouvelée. Enfin, sa petite voix fendille la bulle de silence qui s’était construite autour d’elle. - Je m’appelle… Euh... Je m’appelle… La panique la gagne quand elle se rend compte que la réponse à cette question s’est envolée. Elle est sûrement partie en même temps que la douceur... Petite Louve ancre de nouveau son regard dans celui de Sageeth. - Je sais pas mon nom... Et prononcer ses simples mots lui fait un bien fou, un bien qu’elle n’aurait pas imaginé. Etait-ce ici une nouvelle chance qui lui était donnée ? Soudain, un éclair traversa son être. Où était sa mère ? Maintenant qu’elle avait reprit des forces et que son intelligence vive était revenue, beaucoup d’interrogations se bousculaient dans son minuscule crâne. Et chacune d’elle, en rebondissant contre les parois, en faisaient naître de nouvelles. Pas de répit. Pourtant, Petite Louve réussit finalement à en sélectionner une seule et unique, qu’elle posa d’une voix déjà plus tremblante que la précédente. - Pourquoi maman était froide ?
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Dim 18 Jan - 22:58
❝ L'Hiver mange les Morts ❞
Feat. Nott ~ F:87 | A:52 | E:54
« Pourquoi maman était froide ? »
Parfois, de simples petits mots innocent peuvent faire bien plus mal que ce qu'on pourrait croire. Comme ceux que vient de prononcer la petite louve de charbon. En effet, ils te vont droit au coeur déjà blessé, le transperçant comme une terrible lame de glace. Comment expliquer à une si petite créature que sa mère ne sera plus là pour elle ? Qu'elle ne viendra plus la nourrir, ne lui diras plus de tendres mots d'amour, ne la réconfortera plus lorsqu'elle en aura besoin ? Comment annoncer à un être de quelques mois que sa mère est morte, ainsi que toute sa famille ? Cela te paraît impossible, et cette scène te rappelle que trop celle que tu as vécu il y a cela quelques années, lorsque toi aussi tu étais faible, et que tu as perdu tes parents auxquels tu tenais. En fait, c'était à peu près la même question qui t'était venue à l'esprit, quand tu étais à sa place. Tu te demandais ce qui avait eu assez de valeur pour prendre la vie de tes géniteurs, pourquoi ces derniers avaient payé le prix fort. Sauf que toi, tu savais déjà qu'ils n'étaient plus, que leur âme avait quitté leur corps. Tu étais assez vieux pour comprendre ces choses là à l'époque, à l'inverse de la petite boule de poils maintenant pleinement consciente. C'est pourquoi, quelque part, tu te sens lié à elle. Tu t'identifies peut-être un peu à elle, après tout. Et tu as bien raison, car même si la vie t'a transformé, avant tu ressemblais énormément à cette innocence pure.
Enlevant des flocons du dos de la petite avec ta patte, et évitant de croiser son regard, préférant étrangement regarder les cadavres bientôt complètement dissimulés sous le tapis blanc, tu décides néanmoins de lui apporter une réponse. Tu ne peux pas la préserver de la laideur du monde, et tu lui dois la vérité. Mais celle-ci n'a pas besoin pour autant d'être trop brute, trop choquante.
- Ta mère .... Tu commences avec appréhension, d'une voix qui se veut réconfortante, mais qui finalement ne l'est peut-être pas vraiment.
- Ta mère n'est plus là, tu poursuis ayant pris un peu plus d'assurance. Elle est partie pour un long voyage, avec ton père. Son âme a été libérée, relâchée. Elle est maintenant en paix, dans un monde bien plus agréable que celui-ci. Ils sont partis, tu ne les reverras plus.
Tu lui adresses un sourire peiné, de soutient, sachant qu'elle ne comprendra sans doute pas tout ce que tu viens de lui dire. Cela dit, il te reste quand même de terribles mots à prononcer, que tu éviterais volontiers, mais qui sont pourtant nécessaires.
- C'est ce que l'on appelle la mort.
Les premières étoiles de la nuit commencent à briller au dessus de vous, et pour la première fois, tu remarques l'éclat des deux petites perles qui brillent dans le regard du louveteau. Celui-ci regarde maintenant le ciel ombragé, et la lumière des astres semble se refléter dans son pelage. Et tu ne peux t'empêcher de penser à cette vieille histoire que te racontait ta propre mère, au sujet de créatures incroyables, qui pouvaient être comparées à des divinités. Parmi elles, il y avait Nòtt, fille de Narfi, qui était noire et sombre. Elle était la déesse de la Nuit. Elle fut alors mariée à Delling, dieu du Crépuscule, et eut comme enfant Dag, qui devint dieu du Jour. Mère et fille furent alors amenés aux cieux, là où ils se succéderaient jusqu'à la fin des temps. Nòtt couvrirait la Terre de rosée tous les matins, tandis que Dag lui apporterait sa lumière chaque jour. Et bizarrement, la petite femelle anonyme te rappelle la Déesse de la Nuit sur bien des points, à commencer par les étoiles qui brillent en elles deux la nuit. Cette histoire t'a toujours fasciné, au moins autant qu'elle ne fascinait ta mère ...
Ton regard se perd dans l'immensité du paysage, tu es comme captivé par une une forme invisible, en face de toi. Tu lèves le museau face au vent, et fermes tes yeux un instant. Et puis, à peine plus haut qu'un murmure, tu sors ce nom d'une voix douce et apaisante.
- Nott.
Tu ne pensais pas que tu pouvais être aussi chaleureux, aussi délicat et préoccupé par le sort d'un être aussi minuscule et inconnu que la petite louvette qui se tient devant toi. Personne ne le pensait, d'ailleurs. Mais il y a tant à apprendre sur ta personne, sur ton coeur. Il faut juste être courageux, et sans doute un peu fou, pour oser s'y aventurer après tout. Tu n'es peut-être au final qu'un pauvre loup blessé, dont les entrailles ont trop souffert par les abandons et trahisons. Peut-être n'as-tu plus de larmes à verser, et plus de place à accorder au bonheur dans ton âme tant la peine en a pris le monopole.
Tu tournes à présent la tête, et plonges une fois de plus ton regard dans le sien. Il ne rejette en rien de l'agressivité, non. Mais ton masque ne tient plus, et tu laisses émaner de tes yeux de la tristesse. Tu es faible, Colosse. Trop faible. Mais ne sois pas trop dur envers toi même, tu peux te permettre une certaine fragilité, de temps en temps. C'est naturel. Tu espères simplement que la petite n'a pas repéré cette vague d'émotions soudaine dans ton être, ou du moins qu'elle ne l'a pas identifié.
- C'est ça. Nott. Je trouve que cela te va très bien. Qu'en penses-tu petite boule de poils ?
Un doux sourire se dresse alors sur ton visage crispé. Tu sais à présent que tu prendras soins de cette petite chose, que tu l'aideras du mieux que tu pourras. C'est ton instinct après tout. Tu ressens dans ton coeur ce besoin inédit mais surtout irrépressible de la protéger, de la garder au chaud, et de veiller sur elle comme sur une pierre fragile et extrêmement précieuse.
Cette fois, tu ne failliras pas à ta tâche. Tu seras là pour elle.
J'ai un peu modifié la mythologie pour qu'elle soit un peu plus adaptée, je l'ai raccourcie et j'ai enlevé l'histoire des chevaux itout, ne précisant pas qu'il s'agissait plus ou moins d'hommes ^^'
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Ven 6 Fév - 13:08
L'Hiver mange les Morts
Elle le sent hésiter. Il ne trouve pas immédiatement les mots pour lui expliquer et cela intrigue la petite louve noire. Pourquoi est-ce si difficile que cela pour Sageeth ? Pourquoi a-t-il presque peur de prononcer d'aussi simples paroles ? La petite louve cligne ses yeux humides et observe son sauveteur, en quête d'une réponse. Mais il détourne le regard, et le pose sur les masses blanches et informes que ce sont ses parents qui sommeillent juste à côté. Enfin, il se lance. Une histoire de voyage. Ses parents sont partis, tous les deux, et pour toujours. Ils ont même emmené ses frères. Pourquoi l'ont-ils oubliée, elle ? Un amer sentiment d'injustice l'envahit un instant. Les réponses du grand loup noir sont bien trop brèves pour la petite, qui ne comprend pas vraiment toutes les explications. Comment ses géniteurs pourraient être partis tandis que leurs corps sont encore ici, endormis ? Peu à peu, son esprit se réchauffe comme son corps auparavant, et elle finit par comprendre qu'il est question de quelque chose qui dépasse sûrement l'entendement. Ce que Sageeth lui offre, c'est une image. Quelque chose de moins terrible que la réalité. Une illusion à laquelle se raccrocher, un doux mensonge pour masquer l'horreur de la perte... Une douleur sourde attaque son cœur quand finalement elle se rend compte de l'ampleur de sa situation. Cette douleur, c'est la solitude. Un déchirement mais qui va s'envoler doucement avec le temps, avec le vent. Dans cette journée polaire, la petite louve recroquevillée dans les pattes de Sageeth se rend soudainement compte qu'elle a de la chance. La chance de n'être pas "partie" avec ses parents et ses frères, la chance peut-être de pouvoir enfin découvrir un monde qui, malgré ses obstacles, semble plein de surprises et surtout, la chance qu'Il soit arrivé... et qu'Il soit encore là.
La voix de Sageeth qui jusqu'à maintenant était lui aussi plongé dans ses pensées, vient de nouveau emplir les oreilles de Nott de son timbre chaud. Pourtant ce mot est prononcé presque imperceptiblement, dans un soupir. Comme s'il lui confiait là quelque chose de nouvellement précieux. " Nott. "
Le regard qui lui lance ensuite est chargé d'émotion, et Nott y décèle la tristesse. Une tristesse qui ne semble pas dater d'aujourd'hui seulement. Sans doute Sageeth se blâme-t-il d'être aussi faible en cet instant et pourtant, la petite louve elle, ne peut lui en être plus reconnaissante. Elle pose la patte sur le museau du grand loup noir. Elle a l'impression qu'elle comprend, pourtant c'est impossible. Comment lui dire ça ? Témoigner de ses pensées inexplicables par un geste est la solution pour le louveteau.
" C'est ça. Nott. Je trouve que cela te va très bien. Qu'en penses-tu petite boule de poils ? " Oh oui, Nott apprécie ce nom-là. Même si elle ignore son origine ou sa signification. Parce qu'à son âge, elle est une éponge et que ce nom plaît à Sageeth. Parce qu'à son âge, c'est uniquement les couleurs des choses, leur forme ou leur son qui lui permettent de déterminer si elle les apprécie. Nott, cela se prononce en un souffle. Nott, ça commence comme la douceur de la nuit et ça se termine brutalement, comme la vie, parfois. Cela sonne comme une interdiction prudente ou bien une invitation à découvrir enfin ce monde merveilleux et dangereux. Nott, c'est parfait. Et c'est ce qu'elle lui dit.
- Oh oui Sageeth, j'aime beaucoup ce nom-là. Il est tout doux comme la nuit. Pourtant... Il y a quelque chose d'autre. Il faut faire attention. La nuit, c'est froid en hiver. Elle s'arrête un instant. Son ventre crie famine et le bruit disgracieux mais drôle à l'oreille la fait sourire.
- Tu as une maison ?
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Sam 14 Mar - 18:01
❝ L'Hiver mange les Morts ❞
Feat. Nott ~ F:87 | A:52 | E:54
« Oh oui Sageeth, j'aime beaucoup ce nom-là. Il est tout doux comme la nuit. Pourtant ... Il y a quelque chose d'autre. Il faut faire attention. La nuit, c'est froid en hiver. »
Tu souris à la petite chose, devant toi. Cette petite voix t'émeut, même si tu ne voudrais pas y penser. Comment, à son âge, peut-elle sortir de si belles phrases ? Mais bien que la loupiote semble sûre d'elle, il y a quelque chose de fragile dans sa voix, quelque chose de touchant. Même toi, tu n'es pas tout à fait insensible à cette forme de charme. A vrai dire, tu es particulièrement sensible avec les enfants, ils ne sont encore que des petits, des choses innocentes à protéger. Ce ne sont pas des loups, ce ne sont que des êtres inoffensifs et purs, qui ne demandent qu'à être choyés, et à suivre un exemple. Un jour ils deviendront sans doute hypocrites, mesquins et égoïstes, comme tous les adultes, toi y compris, mais pour l'instant ils ne sont rien de cela. Et c'est ce qui te touche particulièrement, bien que pas une personne ne soit dans la confidence. A vrai dire, tu as toi même du mal à y croire, toi qui te veux sans scrupules, sans attaches, sans coeur. Toi qui refuse d'aimer, qui refuse la moindre trace de bonheur. Toi qui veut toujours être intouchable. Et bien, est-ce une faille en toi ? Ton coeur te porterait-il préjudice, à nouveau ? C'est possible, mais si c'était un signe du destin ? Et si les cieux t'envoyaient une sorte d'ange, pour te remettre sur le bon chemin, et t'accorder un peu de repos dans ta vie de guerrier sanguinaire ? Tant d'émotions ont trouvé leur chemin à ton coeur, tu n'y es plus habitué. Et pourtant, devant toi, Nott est toujours là, à te regarder avec des yeux pétillants, sous la douce lueur des étoiles scintillantes. Et tandis que le sol se revêtit d'un manteau de paillettes, la neige prend des reflets bleuâtres, et tu es maintenant conscient du froid environnant. Vous ne devriez pas rester trop loin de ton camp, il serait vraiment temps de se mettre en route. Tu peux même apercevoir la petite femelle trembler, de froid et de fatigue. Si ça continue, le temps fermera définitivement sa mâchoire infernale sur le pauvre petit corps vulnérable.
« Tu as une maison ? »
Tu tournes la tête à l'appel, que tu avais bien failli ne pas entendre. Tu t'approches une fois de plus de la petite femelle, la jaugeant un instant, pour t'assurer une fois de plus qu'elle va bien. Et bien, dans le domaine du possible, en tout cas. Et puis tu lui adresses un petit rire, un peu amusé de sa naïveté infantile. Et tes iris plongées intensément dans les siennes, tu te décides de lui répondre d'une voix rauque mais paternelle.
« En ce temps, il faudrait vraiment être fou pour ne pas avoir de maison, Nott. »
Soupirant, tu redresses dignement la tête, en observant maintenant le ciel. Tu prends une respiration, comme profitant de l'air frais dans tes poumons. Après tout, tu étais sorti prendre l'air, à l'origine.
« J'ai bien plus qu'une maison, Nott. J'ai une meute, une famille. Nous sommes un groupe unis et puissant, nous partageons nos forces pour nous protéger les uns les autres. »
Ton regard ému redescend maintenant sur le louveteau, et tu lui adresses le regard le plus sincère que tu n'as jamais offert à quiconque, pas même à Atom. Et alors, tu dis ces derniers mots avec énormément de loyauté et de reconnaissance, d'une voix étonnamment douce pour tes cordes vocales de Colosse.
« Mais maintenant, tu en fais partie, toi aussi. Tu ne seras plus jamais seule, je t'en fais la promesse, ma fille. »
Et alors, tu prends ta nouvelle protégée délicatement par la peau de son cou fragile, et commences ta marche silencieuse en direction de ton foyer.
Au fil des paroles du grand loup noir, Nott se sent mieux. La solitude ne pourra pas l’atteindre. C’est ce que Sageeth lui promet. Une nouvelle vie, une nouvelle famille… un nouveau père ? Nott frissonne. En elle, dans son corps et son cœur, vient de démarrer une mélodie. Dans sa tête, la musique résonne. Elle est à l’image de ce qu’elle ressent. Il y a de la mélancolie, le début de la tristesse. Un brin de souffrance qui s’allume lentement, puis qui s’éteint. Et puis quelques notes d’espoir. Il y a en elle tout un vaste mélange de sentiments qui s’entremêlent et s’unissent pour ne tisser qu’un seul et même morceau. Il lui semble que cette confusion d’émotions, ce mélange flou de nuances et de sons indistincts serait un peu ce qu’elle devra écouter toute sa vie durant. Avec le peu de recul que son jeune âge lui permet, elle se rend bien compte que jamais elle n’avait ressenti la joie pure et vécu l’enthousiasme sans tâche de ses frères. Toujours, son ressenti était troublé de quelques notes discordantes. Toujours, son tableau comportait des teintes plus sombres. Toujours, la surface lisse ne correspondait pas à l’intérieur, couvert de rides…
Douce mélodie. Triste et pleine d’espoir à la fois. Une lueur dans le noir, un futur à entrevoir. Nott, petite louve de suie, laissait se balancer doucement ses pattes dans le vide. Elle flotte au-dessus du sol, il lui semble qu’elle vole. La réalité la rattrapera sans doute un jour encore. Mais elle profite pour le moment de cet instant. De la musique dans sa tête, du pas régulier de Sageeth, de son souffle chaud contre sa fourrure, du paysage qui défile...
Et des notes d’espoir.
Code ▲ RomieFeather
PS: Je sais, c'est court. Mais c'est la conclusion que je voulais. Ceci est la Fin de ce RP. Sageeth, rdv en territoire Sekmet quand tu voudras ^^
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Lun 30 Mar - 18:13
Petit HS pour te dire que ça m'a fait super plaisir de RP à nouveau avec toi, particulièrement sur ce RP là. Ta plume divine m'avait manquée ♥ Je demande l'archivage (: