En savoir plus | Dim 4 Jan - 10:49 | |
| La tranquillité est un luxe Entraînement Solo F=48/A=39/E=45 Il est là. Ce sale cabot puant qui lui mène la vie dure depuis voilà une semaine. Bien que ridiculement bête, son allure est fort déplaisante: de la taille d'un bébé ours, large comme deux loups, le dos pelé et dépourvu de poil, le corps couturé d'affreuses cicatrices… De quoi alimenter les cauchemars des louveteaux. Skull est tapie dans les fourrées, derrière une vieille bâtisse écroulée. Sans un bruit, elle détaille cet animal qui avait été chassé du village des hommes. Et on voyait pourquoi; il était de taille à abattre un humain en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. L'affreuses bête, sûrement modifiée génétiquement, tenait plus du grizzly que du chien. Il avait un long museau surmonté d'un seul et unique oeil, l'autre étant clos par une large balafre, et par de petites oreilles à moitié pliées. Chose dérangeante, son unique prunelle était rouge, dépourvue de pupille et, par dessus tout, dépourvue d'émotion. La créature grattait le sol en poussant d'étranges grognements, canins cette fois. Son poil hirsute et brun se détachait dans la lumière du soleil déclinant. Il était sûrement venu ici en espérant trouver de quoi se mettre sous la dent. La seule chose que Skull espère en cet instant, c'est que ce n'est pas elle qu'il est venu chercher. La louve esquisse un sourire mauvais. Il est temps de déterminer qui des deux méritait de vivre.
La Hordienne bondit. Tout crocs dehors, les pattes tendues, elle agrippe l'arrière train du chien et y plante ses crocs férocement. L'autre ne met pas longtemps à réagir: d'un bond, il se retourne et claque furieusement des mâchoires. Il ratte de peu Skull qui se dégage rapidement. L'immonde bête gronde à en faire trembler les habitations autour d'eux. Sans laisser de temps à l'autre, la louve reprend l'assaut et fonce sur son adversaire. Celui-ci a l'air bien entraîné, il esquive et plaque Skull à terre d'un simple coup de patte. La Hordienne se débat, grogne à son tour et fixe l'unique oeil de son adversaire. On aurait dit un robot. Il garde sa patte sur le torse de la louve et ne bouge pas, comme si les tentatives de cette dernière ne l'atteignaient pas. Skull balance sa tête et croque la patte qui la retient au sol. Bien qu'ayant pas l'air de ressentir une vive douleur, le chien se dégage brutalement. Il gronde et la fixe. Il semble encore plus en colère que quelques minutes auparavant. Mais Skull l'est également. Les deux géants se jettent l'un contre l'autre et, sous le choc, tombent à la renverse. Avec une brutalité sans nom, les deux canidés roulent sur le sol en s'échangeant coups de pattes et morsures. Skull sent l'hémoglobine couler sur son pelage. Ils ne sont que masse de poil roulant sur le sol. Une vive douleur lui vrille le dos; le molosse l'a atteint de ses griffes. La Hordienne se dégage brutalement en mêlant couinement et grognement et met de la distance avec son assaillant. Lui aussi semble quelque peu épuisé. Skull, loin de se laisser abattre - est-ce déjà arrivé ? - se met à tourner autour de lui, vivement, et tente quelques attaques. Cependant, loin de se laisser étourdir, le molosse lui fait toujours face et pare ses coups. Essayons autre chose, décrète la Hordienne en assénant une méchante morsure sur le flanc de la bête. Elle sent le goût d'un sang acide sur sa langue et regrette aussitôt son geste. Ce n'est pas moi qui nettoierait sa carcasse, pense Skull avec dégoût. Sans hésiter, la louve s'enfonce entre les maisons en ruines. Après un bref coup d'oeil derrière elle, la Hordienne s'aperçoit que le chien la suit; elle a réussit à le mettre suffisamment en colère pour cela. Skull fait confiance à son endurance et se laisser porter par ses pattes robustes, laissant le vent soulever son pelage souillé de sang. Des piques de douleurs l'assaillent ici et là mais elle les fait taire. La femelle louvoie entre les ruines et s'assure d'être suivie en jetant des coups d'oeil derrière elle. Mais soudainement, le molosse réussit à mordre une de ses cuisses et la jette à terre. Skull tombe à plein ventre et peine à se relever tant la douleur est forte. Pendant un instant, elle se demande s'il n'était pas stupide de chercher des poux à ce cabot. Mais bien vite, d'autres préoccupations l'assaillent comme celle du monstre qui tient sa cuisse entre ses crocs. La bête la lâche et se jette sur elle au moment où la louve réussit à rouler sur son flanc. On entend un couinement de douleur mais Skull ne prend pas la peine d'examiner les dégâts de son rival. Elle pénètre dans une bâtisse en ruine. D'un coup d'oeil, elle aperçoit une planche qui monte jusqu'à ce qui avait jadis été un toit. Skull s'y précipite, entendant déjà les grognements du chien qui revient à l'attaque. Grimpant agilement sur la poutre, la louve atteint ce qu'il reste du toit, soit quelques poutres noircies et saute sur l'un des murs de pierre qui soutenait autrefois la charpente. Elle se baisse légèrement et voit le stupide chien tourner autour de la maison, furieux, et aboyer comme un dégénéré. Comme si ça allait me faire descendre, stupide cabot, pense Skull avec humeur. Il ne semble pas l'avoir vu et pourtant il sent l'odeur de la Hordienne. Finissons-en. L'affreux dos pelé de la bête se présente à elle et la louve saisit l'occasion. Elle fléchit ses pattes et exécute un bond qui la mène droit sur le flanc du molosse. La force de la chute renverse son adversaire qui, sur le coup de la surprise, reste presque pétrifié. Skull se déchaine: elle griffe tout ce qu'elle a sous la patte, lacère de ses crocs l'épaisse épiderme du monstre et, ainsi juchée sur son dos, agrippe l'échine du chien. Ce dernier rue, se cabre, grogne mais rien n'y fait, la Hordienne ne lâchera pas. Tendant le cou, elle passe sa tête contre l'épaule du molosse ruant et lui agrippe férocement la jugulaire. Elle tient désormais entre ses crocs l'endroit fatal, celui qui, trop abîmé, nous tue à coup sûr. Ainsi, Skull tue le molosse comme elle aurait tué un vulgaire chevreuil. Le goût de son affreuses hémoglobine emplit la gueule de la chasseuse. La bête cesse progressivement de se débattre à mesure que son sang s'écoule sur le sol. Au bout de quelques minutes, les pattes du chien cèdent et la louve tombe avec le cadavre. Elle sent un de ses muscles se froisser et grogne de mécontentement. Skull se dégage péniblement et scrute le chien gisant avec un dégoût non feint. Il aura causé bien des malheurs, mais comme Skull est triomphante, elle pourra en causer bien plus encore.
FIN
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