Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 FINI - Choisir la facilité ... [Entraînement seul]

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Dim 4 Jan - 1:19

Jauges :
Force : 51
Agilité : 53
Endurance : 51



Choisir la facilité ...




La douleur morale est lente, puissante, et au lieu de diminuer avec le temps, au début, elle semble grandir chaque jour. Elle paraît inaltérable, totalement hors contrôle. On ne parvient pas à l'oublier ou ne serai-ce qu'à en fait abstraction. Elle nous ronge de l'intérieur, nous empêche de penser à autre chose, et parfois même nous pousse aux pires stupidités. On n'est plus dans son état normal, on ne réfléchit plus avec objectivité et tout ce que l'on veut, c'est oublier ce chagrin intense que l'on ressent. J'ai rarement éprouvé de la peine dans ma vie. Ce sentiment de perte et de regrets, que l'on ne peut effacer et avec lequel il est si difficile de s'habituer à vivre. Je pensais être exempté de ce sentiment si douloureux. Pourtant, aujourd'hui, c'est une véritable affliction qui s'est présentée à moi, et je ne saurais la combattre autrement qu'en détournant l'attention de mon coeur sur une tout autre émotion. Le plus simple, le plus atteignable, c'est la colère. Douce montée d'adrénaline qui nous atteint, rend nos muscles plus résistants et notre cerveau plus réactif sans ressentir la douleur, sur l'instant. L'adrénaline est un peu comme une drogue, en soit. Et lorsqu'elle n'est pas sécrétée grâce à la peur, la colère est notre meilleure alliée pour la ressentir. Aujourd'hui, je suis furieux. Parce que c'est mieux d'en vouloir au monde entier, que de pleurer interminablement sur la même souffrance. Alors je conditionne mon esprit à haïr plutôt qu'à aimer, et c'est nettement plus facile, beaucoup moins douloureux pour moi. Tapi dans les broussailles, je guette ma proie. Ou du moins, ma cible.

Il fait facilement deux fois ma taille en hauteur, et presque trois fois ma longueur. Mais je n'ai pas peur. Je suis seulement en colère. Tout comme il le sera quand il aura compris que je suis si proche des siens. Les "siens", un mot qui semble perdre toute sa signification pour moi. Je ne vois plus qu'un énorme vide, un trou béant dans ma poitrine. Et c'est en serrant les dents que je bondis dans l'enclos entouré de barbelés, où le gros béliers m'attend de pied ferme. Je m’immobilise, raidis mon corps tout entier et bande mes muscles. Si je ne croise pas grand nombre de mes semblables ces temps derniers, je ne m'empêche pas de rôder autour des campements humains et de narguer leurs bêtes, dans le seul but de me battre et de forcer mes muscles à se développer toujours un peu plus. Je souris face à mon adversaire, toutes les femelles sont dans l'étable, à cette heure. Mais lui, en bon veilleur, il fait ses rondes. Je le fixe dans les yeux, il renâcle et écrase le sol de son sabot. Il en veut autant que moi. Il se dit qu'un loup seul est un loup mort. Mais je me fiche pas mal de ce qu'il croit. Moi je sais pourquoi je suis là et je connais parfaitement ses intentions et les miennes. Lui, il est perturbé par l'éventualité que j'en veuille à sa famille. Un loup n'attaque jamais seul, et jamais pour s'amuser. C'est contre nature. Pourtant ce soir, en milieu d'une nuit noire, je fonce droit sur lui et ce n'est pas pour tuer qui que ce soit, ni pour nourrir une quelconque famille quelque part. Je n'ai plus personne qui m'attend, plus personne qui ait besoin de moi. Je n'ai plus que la Mort pour compagne, et je m'en suffit amplement.

Nos corps se percutent violemment, ses cornes ont heurté mon épaule gauche et un instant je me demande s'il ne me l'a pas déboîtée. Mais aussitôt, il charge à nouveau et l'adrénaline prend le dessus. Il veut la guerre, et je ne suis pas le gentil petit soldat peureux qui passe son premier jour au front. Je suis expérimenté, j'ai affronté bien d'autres créatures avant lui et il ne m'impressionne pas avec ses cornes enroulées autour de son crâne. Le bélier font sur moi en bêlant, et j'attends le dernier instant pour m'écarte vivement et bondir à sa suite. Je lui mords les flancs, le harcèle à n'en plus finir sans jamais le blesser gravement, au point de le mettre à terre. Il se débat comme un beau diable. Les coups pleuvent, les sabots frappent et les griffes lacèrent. Les bêlements s'intensifient, rejoints peu à peu par les grognements d'excitation. Le combat est à son comble et les brebis, affolées dans la bergeries, hurlent au loup. Les petits sont probablement terrés au milieu du troupeau alors que toutes, sans exceptions, espèrent voir leur mâle terrasser le danger. Je souris davantage et lutte de plus belle avec mon adversaire. Mes crocs s'ancrent dans sa chair, son sang étant pour moi un pur délice même si je m'arrange pour que ce précieux élixir ne s'écoule pas trop vite ni en trop grande quantité de son corps. Je souris encore et encore, me bats au corps à corps puisque c'est tout ce que connaissent les béliers. Durant de longues minutes je m'acharne contre lui, et ce n'est que lorsqu'un coup de feu retentit que je me décide à cesser le combat. L'humain a tiré en l'air pour me faire peur, ne voulant pas risquer, dans la pénombre, d'atteindre l'une de ses propres bêtes. Je le fixe un court instant, et avant que le bélier ne reprenne ses esprits et me charge à nouveau, je disparais de l'enclos et m'enfonce dans la forêt.

 FINI - Choisir la facilité ... [Entraînement seul]


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