Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 FINI - Trébucher [Entraînement seul]

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Ven 2 Jan - 21:11

Jauges :
Force : 35
Agilité : 35
Endurance : 34



Trébucher




Dans la pénombre, je me cache à la perfection. Mon pelage n'est pas aussi sombre que la nuit, mais la couleur cendrée de mon dos me permet une certaine discrétion. Je respire lentement, mesurément, contrôlant chaque battement de mon corps et chacune des respirations qui gonflent et vident alternativement mes poumons. L'air est froid, et le blizzard n'arrange rien. Là où le sol abrite des sortes de nappes phréatiques, la brume règne en maître au-dessus de la terre et nous empêche de discerner les choses à plus de deux ou trois loups alentours. J'ouvre et ferme les yeux de temps à autre, soit pour observer, soit pour me concentrer sur mes autres sens puisque ma vue est largement diminuée par les intempéries. Quand je perçois les sons de ce que je cherchais, je bande chacun de mes muscles et je me concentre pour être sûr de ne pas manquer mon coup. J'ai un grand besoin de me calmer les nerfs, et ce n'est pas sur l'un de mes semblables que je le ferais ce soir. Ils sont trop inutiles pour que je me préoccupe d'eux, et mes rares amis sont indisponibles. Et quand bien même ils seraient là, d'ailleurs, je ne voudrais pas leur faire le mal que j'ai l'intention de faire à ma victime. Le corps totalement immobile, j'écoute les ronflements de la bête et je l'entends qui se déplace lentement dans les sous-bois. Elle est seule, ce qui est peu courant pour ce genre d'animal, mais pour le moins pas impossible à voir. Je souris discrètement, même sans l'apercevoir de mes yeux, je sais qu'il n'est plus très loin.

Je bondis brutalement sur ma gauche, côté que je ne peux analyser de mes yeux avec facilité, et j'atterris lourdement sur le corps d'un énorme sanglier. Comme ça, avec seulement le choc de mon corps contre le sien comme donnée numérique, je dirais qu'il avoisine les deux cent kilos. Une énorme bête, un mâle adulte dans toute sa splendeur. Surpris, l'animal pousse une sorte de beuglement aiguë que je juge menaçant malgré tout. Parce qu'au lieu de fuir comme une vulgaire proie, le sanglier me charge dans la foulée. Immédiatement, je file dans la brume, sachant pertinemment qu'il me suivra pour me faire la peau. Ces bêtes-là son particulièrement rancunières et agressives, quand on les cherche. Je pourrais presque m'amuser de la situation, si elle n'était pas si dangereuse. Et surtout, si je n'étais pas autant sur les nerfs. Je renâcle et tire la langue sans cesser de courir, m'assurant de ralentir à des endroits stratégiques pour reprendre mon souffle et attendre mon poursuivant sans risquer de me faire empaler. Si les femelles sont amusantes et se montrent de bons divertissements, il en est une toute autre histoire concernant les mâles. Les femelles chargent avec la seule force de leur corps, tandis que les mâles sont armés de dents redoutables, capables même d'entailler la chair et d'éventrer les moins chanceux. J'ai beau n'avoir plus rien a perdre, je tiens encore à ma vie et je n'ai pas vraiment envie de finir éventré par un cochon. Alors je cours, encore et toujours plus sans perdre l'animal à mes trousses, ne souhaitant pas le semer.

Je déboule brusquement près du lac d'acide, ravi d'avoir atteint mon objectif sans une égratignure. Comme la dernière fois, la glace a recouvert le lac dans sa totalité, et je suis certain qu'elle est tout aussi épaisse sur les bords qu'elle ne l'était la première fois que je suis venu. Si moi je pèse pas loin de quarante-cinq kilos, j'ai une belle petite idée de ce qui arrivera au sanglier quand il passera sur la glace. Je me retourne en l'entendant crier et galoper, je dresse les oreilles dans sa direction pendant une seconde, puis je me place complètement face à la forêt pour lui tenir tête quand il apparaîtra hors des fourrés. Il ne tarde pas à me rejoindre, furibond, et j'affiche un grand sourire mesquin sur mes babines retroussées. Je me campe sur mes pattes, le toise en hérissant mes poils et en tenant ma queue bien haute, et j'aboie pour l'énerver encore plus. Laissant libre court à sa fureur, l'animal se jette en avant et je recule de quelques pas, avant de filer sur la glace à la dernière seconde. Un sanglier sain d'esprit serait reparti sans descendre sur le lac gelé, mais celui-ci est tellement hors de lui qu'il ne fait plus attention où il met les pattes, et me suit aveuglément sur la glace. Je souris davantage alors qu'il glisse et continue de me traquer, et je recule tranquillement en faisant attention où je mets mes pattes. Après avoir dépassé le centre du lac et entendu les craquements sous mon poids, je m'assois dans une attitude satisfaite et je toise l'animal qui, immobilisé, me lorgne avec colère. Ni une ni deux, il profite que je reprenne mon souffle pour fondre sur moi. Malheureusement pour lui, deux cent kilos après quarante-cinq, c'est trop pour la glace. Elle craque et se déchire sous lui, l'emportant lentement dans le lac. Et, assis sur la rive, je me régale longtemps de ses cris d'agonie, tout en reprenant mon souffle après cette exténuante course dans les bois. Lorsqu'enfin sa voix se tait et que son corps à brûlé dans les profondeur du lac, je me relève en souriant légèrement, et je m'en vais, le moral gonflé à bloc.

 FINI - Trébucher [Entraînement seul]


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