Une fumée épaisse file inlassablement vers les immensités du ciel, imperturbable et inaltérable. Je soupire doucement, je me concentre face aux tanières humaines. Rien ne bouge au dehors, mais je vois par des trous dans leurs parois, que les créatures s'agitent à l'intérieur. Elles ont tellement de place qu'elle se permettent de se mouvoir comme bon leur semble à l'intérieur-même de ce qui est censé les protéger. N'empêche que si je parvenais à rentrer à l'intérieur, ce ne serait pas pour moi une tanière mais un terrain de chasse à part entière. Un sourire sadique élargit mes babines alors que je vois passer un petit d'homme à travers la paroi transparente de sa tanière. On dirait presque qu'ils montrent à tous les bestioles disponible à la chasse, en fait. Je reste couché là de longues heures, sans rien attendre de particulier, juste pour le plaisir d'observer ces stupides bêtes sans cervelle. Parfois, certains des leurs aboient si fort que je peux les entendre à travers les murs de leur tanière. Après quelques temps passés à les regarder vivre leur existence inutile et ennuyeuse à mourir, je me lasse. Lentement, tranquillement, je me lève et je quitte les abords du village des hommes. Je pars trotter dans les bois, sans m'inquiéter de rien, et mes pas me mène d'eux-mêmes près de la prairie aux grenats. Puisque je suis là, autant cesser de perdre mon temps et tenter de chasser un peu, non ? Après tout, c'est en plein hiver qu'on a besoin d'un maximum de proie, alors autant mettre mes capacités au service de ma meute, au moins de temps en temps. Je pose ma truffe au sol sans plus réfléchir, et je cherche une quelconque piste à suivre.

Au premières minutes de ma traque, je ne décèle rien. Mais un chasseur n'est pas un chasseur s'il abandonne après une pauvre recherche vaine. je hume les odeurs, parce que le sol en est imprégné tout comme les arbres et végétaux alentours, et j'essaie par leur puissance de savoir quand les animaux sont passés la dernière fois. En tout cas, si je n'ai pas encore de piste à suivre ça ne saurait tarder. Les effluves de dizaines d'animaux sont posées ici, que ce soit sur les branches ou les troncs, sur les brins d'herbe ou dans la terre gelée. Je vois même, a quelques mètres de mon point de départ, une emprunte de sanglier figée dans le sol gelé. Preuve que des bêtes sont passées récemment, et ont même arrêté leur marche pendant un temps. Les piétinements de chevreuils sont désordonnés, dans des directions variables, ce qui indique qu'ils ont établi campement ici pendant au moins une nuit. Probablement ont-ils profité d'une nuit paisible pour se nourrir de l'herbe qui n'avait pas encore gelé. Mais reste encore à savoir à quand remonte leur visite, et dans quelle direction ils sont allés. Je repère aussi rapidement des excréments de lapins, et par dizaines au mètre carrés. Ces petites bestioles doivent également apprécier l'endroit. Décidément, je me demande pourquoi je ne suis pas venu chasser dans les parages plus tôt, il semblerait que cet endroit soit fortement fréquenté par les animaux dont mes semblables et moi avons l'habitude de nous nourrir.