Freux avait quitté tôt la tanière de sa meute. Il n”avait même pas prit le temps de faire attention à ce qui se trouvait tout autour de lui. Son regard traversait les sombres recoins recouvrant le territoire Esobek qui s”étendait à perte de vue. Ses pattes glissaient dans la neige avec expertise. Depuis le temps qu”elle tombait sans arrêt partout, il en avait prit l”habitude. Ce n”était même plus une habitude, au final.

On aurait dit qu”il était née dans cette neige. Qu”il n”avait jamais foulé autre chose qu”un territoire recouvert de ce manteau blanc immaculé et parfait.

Le loup s”amusait à aller toujours plus loin le long du tapis blanc. Tel était son Destin.

Chasser pour sa meute.

Rien autour de lui. Chose qui n'était pas très surprenante. Il etait encore très tôt. Il avait comme à son habitude fuit la tanière de sa meute pour se détendre et chercher à calmer ses idées sulfuriques. Malgré tout, il avait bien cru sentir une odeur par ici. Bon, il avait dû se tromper, comme si souvent. Freux le savait très bien, il n'était qu'un piètre chasseur. Même si avec le temps, il commençait à s'y faire. Il commençait enfin à attraper plus de proies qu'à ses débuts de membre de la meute Esobeks. Où il lui fallait des heures et des heures pour n'attraper qu'une petite proie. Et encore, il lui était déjà arrivé de revenir sans rien, et ça, c'était la honte !

Il allait toujours plus loin, dans le territoire de sa meute. Fouillant du museau, recherchant des odeurs, toujours aux aguets. Il finirait bien par trouver, tôt ou tard, quelque chose ! .

''Ploc ploc''. Ce bruit, il l'entendait très bien. Ce qui figea sur place Freux. Museau dressé, patte droite levée. Il s'apprêtait à continuer sa route, lorsque ce bruit lui avait fait quitter le monde de ses rêves. Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Plissant les yeux, sa curiosité prenait le dessus sur la raison de notre compagnon.

Se glissant ventre au sol, il fit de son mieux pour s'approcher discrètement de la provenance du bruit. Et quel fut son étonement, lorsqu'il vit, à quelques pas devant lui, un oiseau tenant dans son bec un escargot qu'il semblait chercher à éclater contre un petit pierre au sol.

Où avait-il bien pu trouver cette créature dans un lieu pareil ? Il y avait de la neige partout ! Dans un arbre peut-être ? Sur une écorce ? dans un trou ? Quoi qu'il en soit. L'oiseau se prenait pour le prédateur de ce qu'il avait en son bec. Mais il ne devait pas s'attendre à devenir si vite une proie.

Dans son dos, le loup bougeait discrètement, chaque muscle roulant sous son épaisse fourrure hivernale. Ses yeux luisaient dans l'aube naissante. Une journée, qui allait débuter d'une bonne façon. Par un oiseau qui s'ajouterai au garde-manger de sa meute.

Sans plus attendre, il fit un bond. Tandis que le crissement de la neige venait de prévenir l'oiseau que le loup était présent. Mais, trop tard pour lui. Il s'envolait déjà, alors qu'une massive patte vint le frapper de plein fouet, l'envoyant rouler, sonné, dans la neige. Qu'elle tâche simple, fut-elle, pour Freux, de venir attraper le corps dans sa gueule, encore chaud et d'y laisser ses crocs glisser. Pour retirer la vie de sa victime.

Au moins, l'oiseau n'aurait pas eu à souffrir. Freux avait dû frapper si fort qu'il lui avait brisé quelque chose ? Mais ça, on ne le saura jamais.