Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Suicide is the hope of those who have more. [Pv: Triskelion]
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Dim 28 Déc - 1:31
Triskelion◄
"Suicide is the hope of those who have more."
Dans ce silence épuisant, tu avance silencieuse dans ce monde injuste ou trône l’inégalité. Rien qu'une ombre perdue en ce lieu hostile. Tu ne te retourne pas tu continue ton chemin vers la mort, perdue dans ses pensées les plus obscures. Le regard triste, le visage fermé. Pourquoi tant de haine envers la vie qui t'est offerte ? Tu t’arrête les yeux levé vers le ciel, les cendres grises se déposent sur ton pelage mais tu ne remarque rien. Ni l'odeur étouffante, ni les ombres de corps brulés. Toujours seule. Tu te demande pourquoi cette vie ne t'a fait que souffrir pendant ces 5 années. Le cœur brisé, saignant de la perte de ton bien-aimé. Disparut à jamais. Tu laisse le temps s'écouler, tu n'attend qu'une seule chose. Plus de sourire sur ce visage fermé par la profondeurs de ta tristesse. Ce loup que tu aimais jadis. Mais tu ne vas pas revenir derrière toi c'est ce qu'il te disais. Ne pas être de mauvaise humeur. Son sourire et son odeur te manque encore plus. Malgré le fait qu'il ne soit plus là tu repense à lui. Ton cœur souffre d'avantage. Tu aurais aimé pouvoir le connaitre ne serais-ce qu'un peu plus. Mais il n'est plus là, il à laissé un grand vide derrière lui. Un grand vide dans ton cœur souffrant d'une maladie incurable. Tu ouvre les yeux sur un avenir froid. Un avenir solitaire. Laisse tomber le passé et remet toi au présent. Tu repart la démarche lourde avant de remarquer au loin une forme, un autre loup.
La neige lentement tombe du ciel, recouvrant petit à petit le sol d'un somptueux tapis blanc. Chaque flocon qui vole au dessus de toi est une larme perdue parmi toutes celles qui ont pu couler de tes yeux d'émeraude, il y a presque un an maintenant. Cette saison est très éprouvante pour toi, malgré ton jeune âge et ton inexpérience dans la vie. La dernière fois que tu as vu ces paysages hivernaux, ils étaient recouverts d'une somptueuse robe rouge, formée par le sang des tiens. Et depuis, tu n'es plus capable d'admirer ces étincelantes étendues gelées, la vision atroce de souffrances demeurant à jamais gravée dans ta mémoire.
Tu marches lentement dans la neige, avec ta grâce naturelle habituelle. Ton esprit est vide, aussi vide que ton coeur. Non, en fait ton coeur est bel et bien rempli, mais seulement de choses qui font mal. Trop mal. Des sentiments que tu voudrais oublier. Si seulement tu pouvais faire taire tes émotions, tu le ferais volontiers. Mais hélas la simplicité n'est pas la bonne solution, et de toute façon avec le temps, les cicatrices s'estompent. C'est en tout cas ce que tu t'efforces à penser, même si tu n'y crois qu'à moitié.
Tu entres à présent dans la vieille ville, aux abords des terres de l'ouest, pensant tristement à l'ironie de la situation ... Cette malheureuse ville est tout autant en ruines que ta vie. Tu secoues la tête, chassant ainsi tes idées noires, et puis continues ta marche, jusqu'à tomber sur un autre être vivant. Une louve. Une louve que tu connais, qui s'avère être Aviaei. Tu t'approches alors de la femelle, franchement reconnaissable entre toutes. C'est vrai, il est bien difficile de la confondre avec les autres femelles des environs, étant donné la délicatesse qu'elle dégage de son corps fin et souple, et du pelage unique, aussi roux que le masque qui recouvre ton visage de marbre. Tous les deux avez tant de points communs, à commencer par votre profonde tristesse, toute cette noirceur qui enveloppe à la fois vos deux cœurs. Vous avez tous deux tant perdu, même si aucun de vous n'a encore compté son histoire à l'autre. Se confier à quelqu'un peut parfois être difficile, surtout lorsque l'on ne fait plus confiance qu'à nous même.
La femelle ouvre alors le discours, d'une voix blanche, blanche comme la neige sur le sol, blanche comme l'espoir qui s'envole.
- Que viens tu faire là ?
- Honnêtement, je ne sais pas ... Je ne sais plus.
Tes mots s'estompent dans le vent froid, ta poitrine se resserre, tu te sens soudain comme oppressé. Oppressé par ton propre corps, par tes sentiments que tu essayes avec rage de dissimuler, de garder enfouis.
- Je crois, d'une certaine manière, que j'essaye de me vider l'esprit. Tout ce blanc .... Toute cette lumière ... C'est insupportable.
Ton regard se perd dans l'horizon, tu soupires avec nostalgie. Ta respiration est pourtant profonde, mais tu as l'impression que le vent gelé que tu respires vient glacer ton coeur.