Vraiment. Ce gosse m’ennuie vraiment. J'ai beau lui dire que, en tant que guérisseurs, le savoir passe avant le reste. Avant la force. Mais il en avait tellement envie. Et moi, forcément, j'ai cédé. Oh, pas directement, heureusement même.
« À la forêt ? »
Ouais ouais Appledore. À la forêt. L'entraînement physique, ce n'est pas mon fort. Mambo n'en a jamais fait sa spécialité. Mais bon, je ne vais pas me décontenancer devant lui. Il doit être fort. Moi de même, par la même occasion.

Eh puis Skull m'en voudrait d'en faire un vulgaire poids mort. Je lui dois bien ça. Je leur dois bien ça. Alors c'est pourquoi je me dirige ce matin d'un pas nonchalant vers cette forêt. Un peu de brume couronne les arbres mais le soleil brille de milles feux dorés. L'air est doux, une bénédiction en ces temps si durs, même si de la neige borde mon chemin. Le sol est si humide qu'à chaque pas mes pattes sont trempées. Lorsque j'arrive au point de rendez-vous, je suis bonne à essorer.

« Alors alors, je grommelle d'une voix amusée en arrivant dans une toute petite clairière bordée d'arbres. Content ? »

HRPG:

Je vois bien l'air amusé, faussement orgueilleux et intimidant qui se dessine sur sa face. Mais en me voyant arriver d'une démarche lente il reprend aussitôt un air sérieux.
« Oui ! On commence quand ? »
Je soupire.
« Maintenant. »

Et je m'approche, tête au ras du sol et yeux levés vers lui. Je prends le temps de l'étudier un peu. Son pelage bouffi de toutes les nuances de brun que je connais supporte bien le froid, et est gonflé par l'excitation. Dans ses yeux dansent une lueur folle et une étincelle d’impatience. À vrai dire, je ne sais pas réellement comment réagir, ni même par où prendre mon entraînement. Mais je ne dois pas laisser apparaître mon hésitation. Le combat, c'est bien ce dont on aura le plus besoin en l'état actuel.

« Allez. Je décris un demi-cercle en faisant quelques pas. On commence. »
Et et je me jette sur lui.

C'est intéressant de voir à quelle vitesse Appledore réussit à m'éjecter et à se remettre sur ses pattes. Oui, en réalité, il n'y arrive pas. Ce n'est que lorsque que je sens ma queue se faire pincer que je saute d'un petit bond, lâchant un grognement de surprise. Bien sûr, il parvient à se relever en toute hâte, et, tandis que je reprenant mon souffle plus loin, il s'élance et me percute en plein sur l'épaule.

Je chancelle, surprise, mais parviens à trouver une prise sur le sol froid. Aussitôt, je fais un bond de côté et lui assène un coup de tête sur l'échine d'un geste ample. Je sens ma nuque se fracasser je ne sais-où, et je sens que j'ai raté mon coup. Je maudis un instant Mambo mais mes pensées s'évaporent lorsque, j'ignore comment, je me retrouve à terre. J'ai dû vraiment rater mon coup et finir au sol. Ma tête me bourdonne, et le paysage tangue dangereusement. Je m'ébroue et me relève, tremblante. Mes pensées me reviennent et je sais que ce n'était qu'un petit choc.
« B-bien, je bredouille. »

Je dois avoir l'air tellement faible, surtout que ma voix reflète l'épuisement. Mais je ne suis pas épuisée, juste essoufflée et choquée. Il faut que je me reprenne. Ce que j'arrive à faire, mais Appledore a largement le temps de repartir à la charge le temps que je récupère mon souffle ...

Contre toutes attentes, il me laisse me reprendre. Je lève la tête et le couve d'un regard reconnaissant. Je retiens un soupir. Je m'apprête à lui proposer autre chose mais il me devance.
« Je pense que l'on s'est assez entraînés, veux-tu que l'on chasses maintenant Rake Maâr ? »
Je hoche la tête. C'est une bonne idée, et il n'y a rien de tel pour courir de bon cœur.
« D'accord. Pars devant. »

Je m'engage à pas lents vers la forêt. J'hume l'air, mais aucune odeur ne me vient. Je jette un coup d'œil à mon apprenti. Peut-être aura t-il plus de chance.

Désolée pour la longueur et la ... Nullité . :')

Nous ratissons un petit moment les alentours, cherchant une piste, scrutant le sol. Mais hélas, rien. Appledore en vient à la même conclusion.
« On devrait peut être avancer ? Il n'y a rien ici ... je crois. »
J'acquiesce. Seulement, mon ambition est au plus bas. Je marche sur quelques pas, mais m'arrête aussitôt.
« Ne veux-tu pas plutôt que l'on s'entraîne à la course ? »

Sorti comme ça, ça fait ringard. Nul. Mais bon, tout est bon pour d'endurcir, et si en face de nous nous avons un énorme colosse, il est toujours bon de savoir courir vite et longtemps. La force ne fait pas toujours la différence, certes, mais pour un piège, cela peut être utile.
« Attaque-moi. »
Et je m'élance, d'abord au petit trot, puis plus vite, dans la forêt. Je ne m'arrête pas, je sais que je peux tenir assez longtemps. Je me fiche bien de savoir si Appledore me suit, il voulait s'entraîner, et bien il n'a qu'à tenir. Tant pis pour lui s'il n'est pas endurant.

Je débouche sur un large sentier qui serpente au pied des arbres. Mes poumons commencent à me brûler, mes pattes à être lourdes, mais il est hors de question de s'en arrêter là. Mes pattes foulent cette terre humide avec grâce, mes coussinets sont soulagés de cette texture. Ce pourrait être de la terre sèche ou pire, du bitume ...

Je tiens un rythme raisonnable un bon moment, mais les symptômes de l'épuisement s'en viennent à moi plus vite que je ne le craignais. Je ne cours que depuis une bonne trentaine de minutes et pourtant, je suis presque essoufflée. Appledore, lui ... Je jette un coup d'œil derrière mon épaule. Lui est à bout de souffle. Langue pendante, pas chancelants. Il ne tiendra plus longtemps. Mais nous avons fait pas mal de chemin tout de même.

Je ralentis l'allure et m'apprête à me retourner lorsque j'entends un bruit sourd. Redoutant une attaque, je me retrouve toute en alerte, mais en revenant sur mes pas, je découvre mon apprenti écroulé au sol. Je m’approche de lui. J'aimerais le rabrouer, mais ma voix est elle-même aussi épuisée que lui. Je ne peux pas l'engueuler pour une faiblesse que j'ai moi-même.

Je bouge mes membres lourds, reprends mon souffle lentement. Il est peut-être temps de rentrer. Nous nous sommes assez dépensé je pense, et l'entraînement commence à s'éterniser, ce qui m'énerve.
« Bon. On rentre. »

End