Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
Murmures étouffés. Respirations saccadées. Silence total. Est-ce le calme avant la tempête ? Au fur et à mesure que les secondes meurent, tu te demandes combien d'entre elles il te reste. Combien de secondes il leur reste. Ton coeur s'emballe, ton regard se perd à travers les branchages. Le danger approche, tu le sais, tu le sens. Il est tout près. Il est là. La terreur s'empare de ton corps. Tu essayes de crier, mais aucun son ne sort. Tu essayes de courir, pour les rejoindre, pour mourir avec eux, mais tes membres refusent de t'écouter.
Trop tard. Le sang coule sur la neige, telle une somptueuse robe de velours rouge. La rivière d'hémoglobine contraste avec la blancheur éclatante du sol. Les carcasses de ta mère et de ta sœur tombent par terre, comme de vulgaires poupées de chiffon, sans vie. Le monstre d'ébène se tient haut au milieu de feu les derniers membres de ta famille, et il sourit. Cette vision d'horreur te déchire de l'intérieur, tu en perds même ton souffle. Tu suffoques.
Tu es tout seul à présent.
Tu as encore fait ce rêve, ce cauchemar. Ce souvenir te hante, bien que la réalité y soit quelque peu altérée. Mais tes souvenirs sont encore confus, tu ne te souviens pas de tout. Et tu ne souhaites pas te souvenir de tout. Ce que tu veux, c'est simplement retrouver l'assassin que tu as croisé l'année dernière, cette bête d'ébène qui a enlevé les tiens et que tu as laissé fuir. Tu ne souhaites pas te venger non, tu es bien trop intelligent pour tomber dans ce piège, mais tu as tout de même besoin d'obtenir des réponses à tes questions. Qui est cet inconnu ? Et pourquoi a-t-il exterminé tes proches avec tant de cruauté et d'amusement ? Tu aurais tant aimé les rejoindre cette nuit là, malheureusement pour toi, tu ne pouvais pas savoir que cette culpabilité te rongerait. L'instinct de survie fut alors plus puissant que l'amour pour ta famille. Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : jamais tu n'oublieras ce que tu as vu ce jour là, dans son regard de sang. Le néant.
Tu te lèves difficilement, tu as besoin de te vider l'esprit. Ressasser le passé ne t'avancera à rien, cela fera même tout le contraire. Tu ne sais même pas que tu viens de franchir les frontières d'une meute, celle des Esobeks. A vrai dire, tu n'en as rien à faire. Tu es un solitaire, un électron libre, les limites ne veulent rien dire pour toi. Tu arrives alors sur une terre brisée, morte, ravagée par le temps. Même avec l'épais manteau blanc, tu peux voir la pauvreté de ce paysage. Mais cela ne te fait ni chaud ni froid, tu n'as connu que ce type d'environnement, tu es encore bien jeune et ignorant, même si tu penses le contraire. C'est pourquoi tu ne t'aperçois pas immédiatement que tu es épié.
Je m'engage dans l'entrée de la Cave Soufflée le regard porté loin devant. Je ne fais même pas attention à ce qu'il se passe devant, ce qu'il se passe derrière. Pourtant, je sais qu'il me suit, il est là, derrière moi. Que veut-il ? Est-ce qu'il veut chasser avec moi ? Juste parler, comme avec Qwint ? Est-ce que c'est Qwint ? Qui est-ce ? Je ne veux pas le savoir. J'ai senti son regard se poser sur moi alors que je sortais, et je ne lui ferais pas la satisfaction de lui parler. Peut-être qu'il ne me suit même plus. Peut-être qu'il ne m'a jamais suivi.
Mais bon. Je me précipite donc dehors et inspire l'air glacé, rejetant aussitôt une volute de buée blanche. Pourtant, je ne m'arrête pas. J'ai en tête de sortir chasser. Est-ce qu'il me suit ? Roh, j'en ai marre. C'est quoi cette paranoïa soudaine ? Je secoue la tête. Je n'ai pas de raison de le craindre. Mais à cette heure si matinale, blanchie par la neige épaisse et recouverte de petits flocons dansant dans l'air, je n'ai pas envie de parlementer.
Mes pattes me portent toutes seules ici. Un rapide reniflement, et je sais que je suis encore sur mon territoire. C'est le Bosquet. Le Bosquet tortueux, cet arbre mort qui surplombe la vallée. Mais l'odeur m'apporte un autre fumet. Un loup. Solitaire. Je fais quelques pas, et c'est là que je le vois. Seul. Perdu. Roux, d'une carrure peu imposante. Il est debout, contemple le paysage.
Je n'ai d'abord pas envie d'aller le déranger. Moi-même je ne voulais voir aucun loup ce matin. Mais je me rappelle où je suis et je me dirige vers lui d'un pas lourd. Il a du voir que je l'observais depuis un instant, car il n'a pas l'air surpris lorsque je m'arrête à quelques pas de lui. Je lève la tête, cherchant une contenance, et sans me soucier s'Il m'a suivit, je lui lance : « Solitaire ! Que fais-tu sur le territoire Esobek ? »
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Dim 4 Jan - 13:21
Aeron ?
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Ven 23 Jan - 18:43
Up ?
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Dim 1 Fév - 18:20
On continue sans Aeron ou ... ?
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Ven 6 Fév - 19:33
[Désolée du temps de réponse, mais oui oui, si tu te sens pour continuer ! :3]
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Lun 16 Fév - 18:20
Ça te dérange finalement si on abandonne ce RP ? Parce qu'on n'a plus vraiment de contexte, et j'ai pas trop d'inspiration pour le moment avec Trisky pour partir de rien ^^' Après si tu veux on pourra toujours se faire un lien : )