Après avoir patrouillé sur son territoire, le ventre du loup gris se mit à gargouiller. Il avait faim. Il se mit donc en quête d’un animal à se mettre sous la dent. La truffe en l’air il passa en revue tout le territoire des Esobeks. Rien. Dépité, il voulait tout de même ramener quelque chose. Il continua à chercher, se concentrant plus sur son odorat. Rien, rien toujours rien. Il se mit à trottiner et l’idée de changer de territoire lui traversa l’esprit. Il était trop loin des Terres Neutres. Oserait-il aller piller le garde-manger des Sekmets ?
Vas-y…
Je ne peux pas. S’il me voit, je risque d’avoir de gros ennuis. La meute n’a pas besoin de ça.
Tu peux régler un conflit tout seul. Un coup de croc dans la nuque et le tour est joué.
Ils seront surement plusieurs.
Tu peux au moins y aller en reconnaissance. S’il sont plusieurs tu feras demi-tours.

Il se mit à courir. Il s’introduisit sur le territoire des Sekmets. Il était déterminé. Il ramènerait quelque chose à sa meute. Si une sentinelle le repérait, il n’aurait qu’à déguerpir.

Oh non il n’avait pas peur. Il était excité même. Sa queue battait l’air, une lueur étrange brillait dans ses yeux. Il aimait les missions à risque. Il aimait jouer entre la vie et la mort. Lorsqu’il était dans cet état, il oubliait toutes les craintes qu’il avait éprouvées y a à peine quelques minutes. Il allait réussir ce pillage. Il le savait.

Il y avait deux sentinelles. L’une semblait rêver, l’autre était sérieuse. Ses oreilles bougeaient, à l’affut du moindre bruit. Il voyait sa tête et ses yeux bouger, à la recherche du moindre mouvement. Et son nez qui détecterait surement son odeur si Aeron ne faisait pas attention au sens du vent. Il décida de changer de côté, de passer derrière les sentinelles Sekmets. Il se mit à trottiner, la tête basse, la queue perpendiculaire à son échine. À pas feutrés il s’avança, prit un corbeau et se retourna. Il adressa un regard aux deux sentinelles qui ne l’avait toujours pas repéré. Les Sekmets étaient vraiment des idiots. Lorsqu’il fut assez loin du camp il se mit à courir, en hurlant. Il était fier de lui.

Suis mes ordres, mon bon toutou, et tu seras un guerrier hors pair.

HRPG:

Pensant être assez loin, Aeron ralentit. Dans la frénésie de sa fuite, il n’avait même pas remarqué qu’il était suivi.
Idiot.
Quoi ?
Une louve te suit depuis que tu es parti, tu ne l’as même pas remarqué ! Comment veux-tu devenir une bonne sentinelle ?!

Le loup grogna. Voilà qu’il se faisait engueuler. Alors qu’il allait se retourner la louve lui sauta sur le dos dans un cri de rage. Il rua pour s’en débarrasser et fit volte-face. Une belle louve blanche lui faisait face. La haine brillant dans ses yeux. Qu’allait-elle lui faire ? Il en frissonnait déjà d’avance. Enfin il allait pouvoir se battre. Non il ne devait pas. Sa meute avait déjà assez de problème comme ça. Il aurait voulu lui tenir tête, lui montrer que, malgré son jeune âge, il était déjà un fort et valeureux guerrier. Surtout dangereux. Mais il ne pouvait pas. Pas maintenant. Il décida de jouer la carte de l’innocence.
Il baissa les oreilles et la queue. La tête basse, il se montrait comme déjà soumis. Il avait mis son corbeau sous lui. Elle ne lui prendrait pas. Ce corbeau était désormais à lui. Il ne dit rien, se contenta de couiner, devant la louve qui montrait les crocs.

« Tu sais tu n’es pas un très bon voleur, Esobek. Tu aurais dû t’en prendre au garde manger des hommes… Tu vas payer cette erreur de ta vie. »

Tu vois. Même cette foutue Sekmet te le dit. Pourquoi ai-je choisi un loup comme toi ? C’est la pire erreur de ma vie.
Ah parce que tu m’as choisi ? C’est nouveau ça ? Tu n’es que le fruit de mon imagination.

Aeron se releva, et fit face à la louve. Il redressa légèrement les oreilles et sourit légèrement. Elle avait du cran cette louve. Il ne résista pas à l’envie de lui parler.

« Les hommes ne sont pas aussi beaux que vous… Et puis, cela n’aurait pas été aussi marrant. Les hommes sont idiots. Vous ma chère, vous êtes bien plus intéressante. »

Il la regarda avec un sourire carnassier. Car après tout, son nom de lune lui allait comme un gant. Il savait que cette louve serait insensible à sa technique, mais après tout il voulait juste s’amuser. Les temps sont durs, il faut bien se divertir un peu.