La petite brise était glacée. Un loup marchait, ou plutôt trottait dans la neige. Aeron, avec son beau pelage gris et noir progressait dans la neige. Tous les sens aux aguets, il cherchait à manger pour sa meute. Avec le froid, Tous les loups devaient mettre la main à la pâte, la famine arrive vite. Aeron ne voulait pas perdre sa meute, elle l’aidait à ne pas devenir complètement fou.
Il profitait aussi de cette sortie pour patrouiller. Deux sentinelles de la meute avait récemment senti l’odeur de la Horde près du Bosquet Tortueux. Ces loups commençaient à se croire chez eux. Aeron était pressé de tomber nez à nez avec l’un d’eux sur son territoire. C’est donc pour cela qu’il passait la plus grande partie de son temps hors du camp, à traverser le territoire.

La truffe en l’air, il cherchait l’odeur d’une proie. N’importe laquelle. La meute avait faim. Il devait en trouver une.

Les effluves faibles d’un lièvre lui parvinrent. Il était assez loin. Mais pas assez pour que le loup gris cherche une proie plus près. Il se mit donc rapidement en route, s’arrêtant de temps en temps pour vérifier que le rongeur sauvage n’est pas changé de cap.
À droite.
Il vira à droite et se mit à galoper. La neige l’aidait à rester discret. Le lièvre n’était plus très loin, son odeur était à présent forte. Il s’arrêta, la gueule entre ouverte il essaya de repérer le lièvre.
À droite derrière le buisson.
Doucement, il s’approcha. Tapi dans la neige il avançait doucement. Il voyait à présent son pelage clair à travers le feuillage. Il s’immobilisa, banda ses muscles et bondit. Le lièvre l’avait entendu. Il se mit à courir, Aeron à sa suite. Le lièvre essayait de feinter mais le loup gris était plus rapide. Et bien plus malin. Il bondit et du bout des pattes, le faucha. Il entendit un craquement. Le lièvre tomba, la patte arrière cassé. Il se releva et essaya de fuir. Impossible. Il était déjà mort. Et il le savait. Il se coucha dans la neige et, tremblant, laissa le loup lui ôter la vie.
Ta mort pour la survit de ton prédateur.

Il releva la tête, la gueule dégoulinant de sang. Une proie de plus pour la meute. Il l’attrapa par la peau du cou et l’enterra près d’un petit arbre. Il voulait continuer sa chasse avant de rentrer. Il se remit en route, la truffe en l’air. Il cherchait avant tout un point d’eau pour se nettoyer la tête. Le goût du sang ne le dérangeait pas, mais il détestait que sa fourrure soit souillée. Et avec le vent glacé, elle allait durcir. Il y avait à une dizaine de queue de loup de là un petit ruisseau. Il était gelé mais un coup de patte suffirait pour le casser. C’est ce qu’il fit donc et plongea son museau dans l’eau. Il se força à le garder dans le liquide. Son nez le brûlait, mais il voulait s’entraîner à résister à la douleur. Il ne deviendrait jamais un beau guerrier s’il couinait à la moindre blessure. Après quelques minutes il retira sa tête de l’eau. Il ne sentait plus le bout de son museau. Mais cela ne l’empêchait pas de repartir à la chasse. Il se mit donc en quête d’une autre proie.

Il n’eut même pas besoin de chercher longtemps. Juste devant lui se trouvait un bel écureuil roux. Il creusait la neige pour trouver à manger. Le pauvre ne trouverait rien. La neige détruisait tous les aliments du gibier. Il n’y avait presque plus rien pour eux. Aeron s’approcha doucement du rouquin. Ses pattes se posaient doucement dans la neige moelleuse. Lorsqu’il fut assez près il bondit mais l’écureuil baisa la queue à ce moment-là. Le loup gris atterrit sur celle-ci, affolant ainsi le rongeur. Il entendit un craquement. Sa queue se déboita. Le loup enleva sa patte pour lui ôter la vie mais la bestiole avait encore de l’énergie à revendre. Malgré les couinements de douleur qu’il poussait, il réussit à grimper à l’arbre qui était juste à côté. Aeron le laissa faire. Il mourrait bientôt. Il n’y avait pas de place pour les faibles dans ce monde. Il le regarda, le pauvre animal était perché sur la plus basse branche. Aeron pouvait très bien sauter pour l’attraper mais il le laissa et fit demi-tour. Il préférait le laisser mourir et attraper autre chose.