Patte courait sur la route. En faite elle courait depuis son départ du camp. Elle courait, non pas pour fuir : elle ne fuyait plus ni les coups ni les paroles un peu amène des autres depuis longtemps. Elle, elle courait pour se sentir vivante. Non pas qu’elle était malheureuse, elle connaissait à peine la Meute, mis à part Freux et Plume Rousse, Minuit, sa sœur. La seule que la vie lui avait rendue. Elle avait besoin de courir pour réfléchir. A sa place dans la meute notamment, non pas qu’elle ne l’aimait pas, au contraire, elle était heureuse de son rôle d’Oméga. Mais de comment faire pour mener à bien la tâche et le devoir lié à ce rôle peu prisé ? Elle savait supporter les coups quand elle se mettait entre deux feux, mais comment apaiser un loup énervé ? Comment apaiser la fureur et l’agressivité des mâles lors de ces périodes où si elle se sentait étrange, les mâles, eux, devenait agressif entre eux et protecteur avec les femelles ?
Ivoire sauta souplement sur une voiture restée sur la route, fit une ou deux foulées et sauta sur la route. Les muscles de ses pattes commençaient à la brûler et sa respiration était saccadée, elle avait peut-être trop courut ? Mais elle avait encore besoin de réfléchir, mais, alors qu’elle sautait au dessus d’un nid de poule que les ans et les explosions avaient agrandit, elle se promit de rentrer avant de ne plus pouvoir mettre une patte devant l’autre.
Et puis il y avait Freux…Le mâle faisait de l’effet à la jeune femelle même si elle ne savait pas ce qu’elle ressentait, à vrai dire, elle était un peu perdue depuis son arrivée ici : Elle retrouvait une sœur et dans la foulée un jeune mâle la prenait sous son aile. Elle rencontrait à solitaire et là, avec Freux à ses côtés, elle se sentait plus bizarre que jamais. En y réfléchissant, ça ne la dérangerait pas d’être sa femelle…Mais, elle ne connaissait rien à tout cela, son existence avec les humains ne l’ayant guère mêlée aux siens. Elle ne doutait pas que le mâle l’accepterait, il suffisait de voir de son attitude. L’homme agissait ainsi avec sa femelle quand tout allait bien.
L’homme…Elle ne pensait plus que rarement à son passé, se demandant si son frère et sa sœur d’adoption allaient bien, si l’homme était retourné avec sa femelle et si…et si… ils l’avaient remplacé ?
Elle accélérât. Elle ne devait pas penser ainsi. Elle n’avait pas donné satisfaction à ses maîtres quand elle était chez eux. Elle devait donc se rattraper dans sa meute, sa nouvelle famille.
Patte sauta sur une voiture renversée sur le côté, l’utilisant comme tremplin pour passer de l’autre côté. Elle ressaya le coup du nid-de-poule, mais celui-ci, plus large, ne se laisse pas traverser en un saut et la louve se rattrapa au bord, de justesse presque, elle panique et cherche de ses pattes arrière un support à l’aide duquel elle pourra se propulser sur la route. Après un long moment d’angoisse, elle trouve un appui et, une fois sur la route, s’effondre à bout de souffle. Elle se releva, les pattes tremblantes. Elle ne devait pas s’arrêter, elle devait encore réfléchir, ou s’épuiser pour ne plus y penser. Elle courut un peu mais elle s’effondra bien vite. Elle restait donc là, immobile, regardant la neige tomber.
Elle aimait réellement voir ces flocons virevolter pour se déposer sur le sol, dans sa fourrure et sur son museau. Finalement, plus besoin de courir, elle allait regarder tomber la neige, histoire de souffler. Elle ne s’était pas rendu compte de son épuisement. Elle allait souffrir le lendemain. Elle observait aussi la fumée que faisait son souffle dans le froid.
Elle décida de rentrer une fois son souffle repris, en courant un maximum, essayant d’attraper un flocon de temps en temps. Si sa course ne lui avait pas apporté des réponses, elle lui avait permis de s’entrainer et de clarifier les choses.
(10/15/9)