Le vent balayait le cimetière recouvert d'une fine brume. Les décombres formaient des ombres inquiétantes et les arbres, dépourvus de feuilles offraient leurs branches nues et tordues au ciel comme implorant sa clémence.
C'était lugubre comme endroit. C'était chez moi. Alors que la bise chantait sa mélodie en sifflants entre les obstacles les plus proches, j'ai lancer ma note préférée en l'attention de cet intrus. Mon croassement à vite attiré le regard bleu azur de la bête blanche. Un loup n'avait rien à faire ici.
Alors qu'il dégarnissait ces crocs, j'ai compris qu'il avait l'intention de rester. Malheureux petit canidé. J'ai lâcher ma branche, déployant mes ailes noires et offrant l'image que les hommes craignaient. Celle d'un prophète de malheur annonçant la mort. L'ennemi sur le sol ne me prêtait déjà plus aucune attention. Il se baladait dans le cimetière, truffe au sol. Un chasseur sans doutes. Comme tout ceux avant lui. Celui-ci semblait plus petit que les autres. Plus faible. Plus fragile. Mais que ce soit vrai ou non, il était sur ma terre, et s'il croyait pouvoir s'accaparer mes proies, libre à lui s'étouffer avec son hurlement.
Lançant un nouveau croassement, j'ai piqué vers lui, serres devant. Il s'est retourné au moment où je percutait son visage. Lâchant un gémissement de douleur, le loup s'est très vite remis de la surprise. Il a grondé alors que je reprenait de l'altitude, et j'ai entendu une mâchoire claqué à quelques centimètres de ma patte. Ça y était, je l'avais rendu furieux. C'était entre lui et moi. Je me suis perché dans une branche, persuadé d'y être sauf, pour le narguer. Mon regard riait en l'observant écumer sa rage alors qu'il me regardait du sol.
J'étais sur un arbre plutôt jeune, plutôt faible, mais trop haut pour lui. Lorsque, aveuglé par sa rage il a bondit sur le tronc pour le faire vaciller, essayant de me faire tomber, je m'y suis accroché du plus dur que j'y pût. Pas question de changer d'arbre. C'était beaucoup plus drôle de lui faire comprendre qu'il ne me faisait pas peur. S'il se croyait beau comme ça ; à se casser les dents sur l'écorce, il était bien nigaud, ce prédateur.
Mordant le tronc, il secoua mon perchoir en grognant sa fureur. C'était bien drôle. Jusqu'à ce “ Crac ”. L'information ne s'est pas rendue a mon cerveau à temps. Déjà, j'étais sur le sol, coincé sous quelques branches de mon arbre qui était tombé, m'entraînant dans sa chute.
Je l'ai vu, debout, crocs saillants dégarnit, une patte sur le tronc à me regarder avec cette lueur triomphale dans les yeux.
J'ai rapidement dû reprendre mes esprits malgré ces étourdissements qui m'accaparaient totalement. Il ne devait pas gagné, il ne pouvait pas gagné. Ma vie en dépendait. Je me suis remis sur mes pattes, je devais sortir de sous ces branches et décoller au plus vite. J'ai déployé mes ailes, et alors que j'atteignais le mètre cinquante d'altitude, une douleur fulgurante m'a prise à la patte. Cette fois, l'ennemi avait fait mouche.
D'un violent coup de tête de sa part, j'ai retrouver le sol que j'ai percuté brutalement. Des étoiles dansaient devant mes yeux et je ne pouvait plus bouger. Il avait dû me casser quelque chose. Je sentais a peine ma patte tellement j'étais sonné. Étendu sur le dos, ailes écartées, j'ai vu la bête s'approcher doucement, son regard bleuté me scrutant voyait probablement son futur repas. Lorsqu'ils se sont plantés dans mes petites prunelles noires autrefois malicieuses, j'y ai vu une étincelle de folie. Non, de la folie à l'état pur.
J'aurais dû avoir peur. Déjà, un loup ce n'était pas banal, mais en plus j'avais eu le malheur de tomber sur un fou. Et j'allais lui remplir l'estomac parce que je m'étais cru plus fort.
C'est avec ce constat horrible que j'ai vu la brillance de ses crocs s'abattre sur moi avec un grondement sourd en guise de trame sonore. Puis, plus rien.
J'étais mort.